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Peut-on vraiment rencontrer des stars sur Tinder ?
Les célébrités célibataires n’hésitent plus à clamer qu’elles sont inscrites sur des applications de rencontre. Il suffit juste de les trouver. Une quête pas vraiment aisée.
C’est bien connu, les célébrités sont des gens comme les autres : elles aussi cherchent l’amour sur les applis de rencontre. Comme Ben Affleck : en février 2020, une animatrice de télévision américaine, Patti Stanger, elle-même fondatrice d’un site de rencontres pour millionnaires, déclarait qu’elle avait vu l’acteur «un million de fois» sur Raya, une application réservée aux beaux, riches et puissants.
Le 3 mai 2021, une influenceuse connue sous le nom de Nivine Jay racontait sur TikTok une savoureuse anecdote datant de 2018 : «Je repense à cette fois où j’ai matché avec Ben Affleck sur Raya, pensé que c’était un fake, refusé le match et qu’il m’a envoyé une vidéo sur Instagram.» Preuve à l’appui, avec une rapide séquence montrant l’acteur, face caméra, plaidant pour sa cause : «Nivine, pourquoi m’as tu dématché? C’est moi.» Un document un brin embarrassant pour Ben Affleck dont on ne sait s’il surfe encore sur les applications de rencontre. Surtout depuis que des rumeurs le veulent très proche de l’une de ses ex, Jennifer Lopez.
En vidéo, la vidéo envoyée par Ben Affleck à une influenceuse
Brad Pitt sur Tinder?
Hiver 2020 : de Jennifer Garner à Miley Cyrus passant par Pierre Niney, elles ont toutes participé au «Dolly Parton Challenge», ce défi viral et bon enfant consistant à poster (surtout pour rire, la plupart étant en couple) une mosaïque de ses photos de profil Instagram, LinkedIn, Facebook et Tinder. Le 19 janvier, c’est même l’ultime objet du désir, le Saint Graal du «match», le célibataire le plus convoité du monde qui ouvrait le champ des possibles. Sacré meilleur acteur aux Sag Awards pour son rôle dans Once upon a time… In Hollywood, Brad Pitt monte sur scène et lâche une bombe : «Bon, je peux ajouter ça à mon profil Tinder.» Hilarité dans la salle, sourire ému de Jennifer Aniston, syncopes chez les fans. Déjà scrutée de toutes parts, la vie amoureuse de l’acteur prend un nouveau tournant : elle semble désormais accessible. Un fantasme à portée de clic qui ne sera que de courte durée. Interrogé cinq jours plus tard au Festival international du film de Santa Barbara, la star éclate de rire : «Non, je ne suis pas sur Tinder. Je ne sais même pas comment ça marche. J’ai juste trouvé ça drôle.» Nous aussi, Brad, nous aussi…
En vidéo, la blague de Brad Pitt à la soirée des Sag Awards
Des profils certifiés authentiques
Mais blague à part, quelles sont les chances de tomber sur les stars en swipant à droite ? Comme sur Instagram, les profils de personnalités présentes sur Tinder sont «certifiés» authentiques par une pastille bleue. Impossible de savoir lesquelles sont inscrites : la marque ne communique pas à ce sujet. Mais elle a instauré cette fonctionnalité en 2015 pour éviter les faux profils. Et pour épargner aux célébrités la mésaventure survenue à Sharon Stone. Inscrite sur l’application Bumble, l’actrice de 61 ans s’était fait supprimer son profil le 30 décembre, après que des abonnés aient crié au fake. «Je suis allée sur Bumble et ils ont fermé mon compte. Des utilisateurs ont rapporté que cela ne pouvait pas être moi. Hey, Bumble, (…) ne me laisse pas à la porte de la ruche». Message reçu, le jour même, la star de Basic Instinct voyait son profil rétabli.
Une application spécial VIP
Reste qu’ils sont rares (ou remarquablement discrets) à avoir rencontré une star sur Happn ou Tinder. Et pour cause : comme dans la «vraie» vie, les célébrités bénéficient là aussi d’un carré VIP. Et de cette appli du nom de Raya, co-fondée en 2015 par Jesse Johnson, fils de Don et demi-frère de Dakota. Ses critères d’admission sont à l’image du plus infranchissable des cordons de sécurité. Une fois votre demande posée, celle-ci est soumise à un algorithme et à un mystérieux comité composé de 500 personnes. Pour être accepté, il faut exercer un métier «créatif», soigner ses réseaux (sociaux) et posséder ce «petit quelque chose en plus» qui caractérise «les scientifiques de la NASA, les chercheurs en cancerologie, les poètes, les peintres…», comme il est précisé sur le site de Raya. Sont définitivement proscrits : les mineurs, les comportements déplacés, et «les démonstrations excessives de richesse» : «Que vous ayez peu ou beaucoup d’argent importe peu sur Raya. Ce qui compte, c’est plutôt la façon dont vous passez votre temps, dont vous vous entourez, dont vous vous impliquez et renforcez notre communauté», est-il inscrit sur la page d’accueil.
Seules 8% des demandes d’inscriptions seraient acceptées. Cara Delevingne, Harry Styles, Channing Tatum et Joe Jonas y seraient passés.
Un coup de pub ?
Alors, si elles restent entre elles, pourquoi les stars veulent-elles autant faire croire qu’elles sont disponibles ? Les cœurs de pierre y verront de basses motivations commerciales. Dans son discours, Brad Pitt aurait-il cité Tinder à des fins publicitaires ? Non, selon Olivier Bouthillier, dirigeant et fondateur de l’agence Marques & Films, spécialisée dans le placement de produits (cet art subtil qui consiste à glisser un logo dans un film, ou une série) : «Tinder fait partie de ces marques si importantes qu’elles n’ont plus besoin de payer pour que l’on parle d’elles. Quant à Brad Pitt, il ne fait de la publicité qu’en dehors des États-Unis.» La punchline de l’acteur a tout de même fait mouche : «Elle fonctionne parce que tout le monde connaît sa vie amoureuse, les enjeux qu’elle implique, et sait ce qu’est Tinder. Le clin d’œil se fait très naturellement : s’il avait cité une application peu connue, la blague n’aurait pas marché.»
On ne sait si le nombre d’inscriptions sur Tinder est monté en flèche après le discours de Brad Pitt : l’application n’a communiqué aucun chiffre. Reste que l’opération profite à tout le monde. La marque gagne en respectabilité et les stars en modernité : «Les sites et applications de rencontre ont eu des débuts sulfureux, analyse Pascal Lardellier, sociologue et auteur de Les réseaux du cœur : sexe, amour et séduction sur Internet (ed. François Bourin, 2012). Aujourd’hui, ils sont devenus mainstream. On peut même s’enorgueillir d’y être inscrit. Cela signifie qu’on est dans l’air du temps, hyperconnecté, que l’on a une vie sentimentale et sexuelle différente de celle des couples traditionnels, bien établie.» En remettant au goût du jour cet élément indispensable à l’aura hollywoodienne : le mystère. «En affirmant qu’elles sont sur Tinder, les stars se rendent accessibles, tout en restant introuvables, analyse Pascal Lardellier. Et deviennent d’autant plus désirables.»
Le rêve… et la reproduction des logiques sociales
Mais inutile de rêver : sur les appli de rencontres, on a plus de chances de matcher avec son voisin de palier qu’avec une célébrité. «Ou, en tout cas, sur des gens comme nous, précise Pascal Lardellier. Les sites et les appli de rencontres reproduisent les logiques sociales antérieures.» Un scénario à la Coup de foudre à Notting Hill, dans lequel un simple libraire (aux yeux bleus de Hugh Grant, tout de même) vivait une histoire d’amour avec une star hollywoodienne, reste hautement improbable. «L’idéologie romantique reste très présente de nos jours, confirme Pascal Lardellier. Mais le conte de fées n’existe toujours pas. Le prince n’épouse que très rarement la bergère.» Et encore moins après un simple match sur Tinder.
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