Pedro Pascal : Humour, gloire et beauté

Durant des décennies, il a été le second rôle dont personne ne connaissait le nom. Mais à 47 ans, le héros de Narcos, The Mandalorian et The Last of Us enchaîne les succès. La loi des séries…

“La violence me terrifie !”

Mesdames et messieurs… Pedro Pascal ! ” Nous sommes le samedi 4 février, à New York. Sur le mythique plateau du non moins légendaire Saturday Night Live, l’hôte du jour s’apprête à entamer son monologue d’ouverture. Le moment est important, et l’acteur paraît profondément ému. Entre deux blagues de rigueur, il livre d’ailleurs un message personnel, la voix chevrotante. “Mes parents ont été extrêmement courageux et, sans eux, je ne serais pas là, dans ce merveilleux pays !” lance-t-il. Ce genre de déclaration sentimentale est rare dans l’émission parodique, mais la star de 47 ans n’a pas l’histoire de tout le monde…

La naissance de José Pedro, de son vrai prénom, le 2 avril 1975 ? Elle a lieu à Santiago, au Chili. Sa mère, Veronica Pascal, est psychologue pour enfants, son père, José Balmaceda Riera, est un médecin spécialisé dans la fertilité. Opposés au régime dictatorial de Pinochet, ils fuient leur pays début 1975. Ils ont alors deux jeunes enfants – deux autres viendront plus tard… Mais ils n’hésitent pas à prendre sous le bras l’aînée, Javiera, et un Pedro de 9 mois pour s’envoler vers le Danemark, où ils deviennent réfugiés politiques. Un peu plus tard, ils décideront de donner une chance au rêve américain en s’installant à San Antonio, au Texas. Pedro est un garçon dissipé en classe, mais sans problème majeur. “Je ne me suis jamais battu, de son aveu à Wired. La violence me terrifie. Je ne suis pas un dur.” Celui qui pense être abonné aux rôles de bad boy “à cause de mon nez” est loin d’en être un en vrai.

Sa compétitivité, il la met plutôt au service de la natation, qu’il pratique à haute dose, participant même à des concours régionaux dès l’âge de 11 ans. Mais il décide de ne pas persévérer… La famille a déménagé en Californie, à Orange County, et Pedro a du mal à s’adapter. “Je ne rentrais pas dans les cases et j’étais très seul”, confie-t-il au magazine Interview. Il passe ses week-ends à regarder des vieux films. Sa seule échappatoire devient les cours de comédie débutés au collège.

Situation amoureuse : c’est compliqué

Avec Lena Headey

Si des millions de femmes dans le monde seraient prêtes à donner de leur personne pour satisfaire Pedro, on ne lui connaît que peu d’idylles. Sur les tapis rouges, c’est toujours en solo qu’il apparaît. Tout juste lui a-t-on prêté deux liaisons : l’une, dans les années 90, avec l’actrice Maria Dizzia, que l’on a découverte dans Orange Is the New Black, et l’autre en 2014, avec sa costar de Game of Thrones, Lena Headey. Mais ces dernières années, rien à signaler. Mieux vaut être seul que mal accompagné ?

Une révélation, que sa famille encourage : son père, fan de cinéma, l’emmène trois fois par semaine voir des films, dont Pedro mime ensuite les scènes à la maison – en rejouant Indiana Jones, il se casse deux fois le bras ! Quant à la télé, c’est open bar. “Tant que j’avais de bonnes notes, mes parents me laissaient la regarder avec eux, poursuit-il. Ils ne pensaient pas que ça influencerait mon avenir. Mais dès cette époque, j’ai rêvé d’être dans une grosse série.” Pedro se voit déjà en étoile du petit écran, mais il va falloir patienter… Place, d’abord, aux études : à 18 ans, il part à New York pour intégrer la célèbre École des Arts Tisch, dont sont sortis Alec Baldwin, Woody Allen ou Whoopi Goldberg. Sauf que, du côté de Pedro, la gloire est loin d’être immédiate post-diplôme. L’aspirant acteur galère et bifurque vers la restauration pour payer ses factures. “Je n’étais pas un bon serveur, de ses mots à Vanity Fair. J’ai été viré une dizaine de fois !” Le reste du temps, il est en mode débauche avec ses potes la nuit, et castings le jour. Mais c’est compliqué. Tout juste l’amoureux de films d’horreur décroche-t-il une apparition dans Bu ff y cont re les vampires… “J’étais excité car ma sœur et mes potes adoraient cette série”, s’enthousiasmait-il dans Interview. Malheureusement, l’expérience est de courte durée, puisqu’il est tué dans l’épisode – “Je meurs toujours dans mes rôles, même maintenant !”

Chili con charme…

Pedro a beau expliquer que l’étiquette de Latino lui a coûté bien des rôles, il reste extrêmement attaché à son Chili natal. Sur Instagram comme en interview, il ne cesse de parler de ce pays que ses parents ont fui quand il n’avait que 9 mois, évoquant notamment sa politique… Des prises de position qui ont parfois fait grincer des dents, le poussant à réaffirmer sa reconnaissance envers l’Amérique. “Je n’ai pas choisi de venir aux États-Unis, mais y avoir été élevé a fait de moi ce que je suis. Je ne me verrais pas en partir”, assure la bombe latine.

Mais il refuse de se décourager : sa mère lui a trop dit qu’il réussirait pour baisser les bras. En 1999, elle se suicide, malheureusement. Le choc est monstrueux. “Elle était mon plus grand soutien, se souviendra-t-il dans People Magazine. Aucun de mes succès n’aurait eu lieu sans elle.” Peu de temps après son décès, il change son patronyme : Pedro Balmaceda devient Pedro Pascal, en hommage à sa maman. C’est sous cette identité qu’il sera embauché dans les séries policières où il se met à enchaîner les apparitions. New York Police Blues ; New York, section criminelle ; FBI : Portés disparus ; New York, police judiciaire… Puis The Good Wife, Nurse Jackie, Brothers and Sisters… Le beau gosse devient ce visage vaguement familier de la télé, que personne ne serait toutefois capable de remettre. Enfin, jusqu’à 2014, et ses premiers pas dans Game of Thrones ! “C’était au pic de popularité du show, se rappelle-t-il dans GQ. Personne n’a eu le temps de se lasser de moi. Le rêve !” À 39 ans, il était temps. Et les casteurs hollywoodiens semblent bien décidés à ne plus le lâcher, l’embauchant successivement dans trois énormes séries : Narcos, The Mandalorian puis Th e Last of Us. Une notoriété dont il ne revient toujours pas, lui qui confesse passer son temps sur les comptes que des fans lui consacrent ! Il faut dire que le public n’a pas toujours été tendre… “On m’a dit que je ressemblais à Orlando Bloom après un coup de pelle !” lance-t-il, hilare. C’est comme ça qu’on le connaît dans les médias : drôle et pétillant, lui dont chaque interview est ponctuée de fous rires et infos croustichocs (sur sa relative absence de poils pubiens, par exemple). Des vannes moins dangereuses que les posts politiques qui ont failli lui coûter sa place de nouveau chouchou de Hollywood ! Lorsqu’il compare sur Instagram supporters de Trump et nazis, certains réclament qu’il soit viré de Th e Mandalorian. De quoi aggraver les pensées sombres dont il confie être plombé… Une certaine honte de sa réussite, notamment, lui qui admettait dans Wired ressentir une gêne à gagner de l’argent, “après avoir été aidé par tant de gens pour payer nourriture et loyer”… Le héros de The Last of Us esquisse même des angoisses plus existentielles. “On ne sait pas de quoi on serait capable face au danger de perdre l’amour d’un conjoint ou d’un gosse. Ça vous rend humain, et inhumain. J’évite cela en n’ayant pas d’enfant. Et en ne me mettant pas en couple.” Une pensée que ses nombreuses groupies aimeraient sans doute lui faire changer : ah, si seulement Pascal était moins philosophe !

“Orlando Bloom, après un coup de pelle”

Les copains d’abord

©ABACA

Sans enfant ni compagne, Pedro pourrait être un peu seul. Mais il a sa bande de potes pour l’entourer ! À commencer par l’actrice Sarah Paulson, qu’il a rencontrée à 18 ans, à New York. Mais ce qui régale ses fans, c’est surtout son amitié avec Oscar Isaac, qu’il connaît depuis 2005 et leur première pièce ensemble à Broadway. Depuis, des comptes Instagram sont carrément dédiés à leur bromance ! “J’ai besoin de mes amis autant que d’eau et de nourriture !” explique Pedro. Une vraie question de survie…

Lux, son âme sœur

Le comédien l’affirme souvent en entretien : un combat qui lui Lux tient à cœur concerne les droits des transsexuels. Il faut dire que le sujet le touche de près : en 2014, son petit frère Lucas, de dix-sept ans son cadet, s’est déclaré transgenre. Désormais connue sous le nom de Lux Pascal, l’actrice et militante a pu compter sur le soutien de son aîné. “Il a été très important dans mon cheminement, affirme-t-elle. Il m’a servi de guide et a été l’un des premiers à m’aider à forger mon identité.” Pedro est aussi très proche des autres membres de la fratrie, Nicolás et Javiera. Faux frère, lui ? Jamais !

Maëlle Brun

SA CARRIÈRE

1999 : BUFFY CONTRE LES VAMPIRES

En pleine galère, il décroche un guest dans la série. “Mais je me transforme en vampire et Buffy me tue.” Mortel !

2015-2017 : NARCOS

Un succès n’arrivant jamais seul, il est embauché en tant que Javier Peña, le héros-policier de la série Netflix sur le narcotrafic. Un moment décisif ! c

2006 : NEW YORK, SECTION CRIMINELLE

Il est Tito Cabassa pour un épisode. L’année suivante, il incarne un autre personnage sans que l’on ne s’en émeuve…

2009-2011 : THE GOOD WIFE

Il est pris dans la série judiciaire pour jouer Nathan Landry, un assistant du procureur. Cette fois, il a l’honneur de faire six épisodes. Un bon début ! Plutôt rare au cinéma, Pedro s’illustre dans ce film de super-héros, aux côtés de Gal Gadot et Chris Pine. Un énorme succès au box-office.

2014 : GAME OF THRONES

Alors que sa carrière patine, il décroche le rôle d’Oberyn Martell dans le show de HBO. “En plus, je n’avais pas de perruque comme les autres !” s’amuse-t-il.

DEPUIS 2019 THE MANDALORIAN

Le grand fan de science-fiction chope le job de ses rêves, dans cette série autour de Star Wars. Il en devient le personnage principal.

2020 : WONDER WOMAN 1984

Plutôt rare au cinéma, Pedro s’illustre dans ce film de super-héros, aux côtés de Gal Gadot et Chris Pine. Un énorme succès au box-office.

2023 : THE LAST OF US

S’il n’avait jamais joué au célèbre jeu vidéo, il est à l’affiche de la série post-apocalyptique qui cartonne. Le derniers sont les premiers…

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