Olivier Duhamel « se croyait intouchable » : les langues se délient

À l’occasion d’une enquête publiée par nos confrères de Libération ce mardi 12 janvier, plusieurs membres de l’entourage d’Olivier Duhamel ont accepté de réagir aux accusations d’inceste le concernant. L’occasion d’en apprendre davantage sur le personnage, qui, selon certains, « se croyait intouchable. »

A propos de

  1. Olivier Duhamel

  2. Camille Kouchner

La fin d’une omerta familiale, mais également sociétale. Comme l’a souligné la journaliste Ariane Chemin, qui a publié une enquête détaillée et fournie dans Le Monde, les agissements d’Olivier Duhamel à l’égard de son beau-fils étaient connus des membres de sa famille, mais aussi de quelques personnalités de son entourage proche, composé, entre autres, de plusieurs figures de la bourgeoisie intellectuelle parisienne de gauche. « Je dois dire qu’entre le moment où j’ai écrit cet article et aujourd’hui, je n’avais pas mesuré l’étendue de ce réseau qui était au courant », a confié notre consoeur, sur le plateau de C Politique, ce dimanche 10 janvier. Pour rappel, dans son livre La Familia Grande (Éd. du Seuil), Camille Kouchner a accusé le célèbre politologue d’avoir abusé de son frère jumeau, à la fin des années 1980, lorsque celui-ci était encore adolescent. Depuis que l’omerta a été brisé, les langues se sont peu à peu déliées. Alors qu’une enquête a été ouverte par le parquet de Paris, plusieurs personnes qui ont côtoyé Olivier Duhamel ont accepté de témoigner dans les colonnes de Libération.

L’un de ses anciens proches a indiqué que le beau-père de Camille Kouchner avait sans doute commencé à « faire profil bas » après la révélation de ce secret dans le cercle proche, en 2008. Pour autant, il n’a pas disparu des radars. Bien au contraire. En plus de présider la Fondation nationale des sciences politiques de Sciences Po, le principal intéressé intervenait régulièrement sur Europe 1 et LCI. Il a depuis démissionné de ses fonctions. Une surexposition qui s’expliquait par « un égocentrisme exacerbé », selon cette même source, qui a qualifié ce besoin de reconnaissance de « pathologique ». « J’imagine qu’il se sentait intouchable », a analysé une autre de ses connaissances. Avant de s’interroger : « Était-ce pour lui une manière de se tenir debout en dépit de ce qu’il avait fait ? Ou des satisfactions narcissiques ? Ou alors, en cherchant la puissance, une manière de se protéger ? » Face à celui qui était décrit comme « un roi », ils ont semble-t-il été nombreux à passer sous silence ces actes d’inceste.

Plusieurs amis d’Olivier Duhamel ont pris leurs distances

Si Raphaël Enthoven a estimé qu’il s’agissait d’un « secret de polichinelle » au sein de la gauche parisienne, certains ont tenu à se détourner d’Olivier Duhamel, dès lors qu’ils ont appris que le politologue avait abusé de son beau-fils, et ce pendant plusieurs années. L’une de ses amies n’a en effet pas supporté de le voir multiplier les postes et les décorations. « Cette course aux honneurs nous a estomaqués. Le voir donner des leçons à la télé tous les jours… Il aurait peut-être échappé à ce qui lui arrive aujourd’hui s’il s’était fait plus discret », a-t-elle souligné dans les pages de Libération. Même son de cloche du côté de l’enseignante en droit et journaliste Géraldine Muhlmann, proche du couple Pisier-Duhamel depuis le début des années 2000, qui a elle aussi pris ses distances : « J’ai alors immédiatement et totalement rompu ma relation amicale avec Olivier Duhamel, après une explication de visu avec lui. »

Mise au courant en 2019, Aurélie Filippetti avait tiré la sonnette d’alarme

D’autres ont décidé d’agir. C’est le cas d’Aurélie Filippetti. Lorsqu’elle a été mise au courant des actes commis par Olivier Duhamel sur son beau-fils, « début 2019 », celle qui est devenue enseignante à Sciences Po a immédiatement alerté Frédéric Mion, directeur de l’institut d’études politiques. « Choqué » et « effondré », il lui aurait alors affirmé qu’il ne pouvait pas « ne pas faire quelque chose ». Mais contre toute attente, il a finalement décidé de ne pas faire remonter l’information et d’étouffer l’affaire. Au grand dam de l’ancienne ministre de la Culture : « J’ai fait ce que je pensais être le plus juste. J’ai fait mon devoir comme citoyenne, femme, mère, enseignante », a-t-elle confié, émue, au micro de RTL ce jeudi 7 janvier. Un secret tenace qui a finalement été révélé au grand jour, plus de trente ans après, dans le livre La Familia Grande de Camille Kouchner.

Crédits photos : ANDBZ/ABACA

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