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Mylène Demongeot : Une vie de souffrances !
L’éternelle Milady de Winter des “Trois Mousquetaires” s’en est allée le 1erdécembre, à 87 ans, après une lutte acharnée contre le cancer.
Sexy en diable, la « blonde sensuelle » a mis du temps à comprendre qu’elle était belle. Celle qui deviendra la grande rivale de Brigitte Bardot s’est longtemps trouvée hideuse. Petite, elle souffre d’un horrible strabisme. « Les gens se demandaient comment des parents aussi beaux que les miens pouvaient avoir “engendré une horreur pareille” », avait-elle confié dans Gala. Les enfants à l’école la surnommaient même « la sale louche » !
Pour s’évader, l’adolescente fréquente les salles obscures, découvre Gérard Philipe, Humphrey Bogart, Gary Cooper, ses héros. Ce n’est qu’à 15 ans que le médecin l’autorise à subir une opération de l’œil gauche : « J’ai menacé mes parents de me suicider s’ils ne faisaient rien. […] Après l’opération, tout a changé, je me suis redressée, je suis devenue attractive », avait-elle confié dans son livre Tiroirs secrets (éd. Le Pré aux Clercs).
De ses parents qui se sont rencontrés à Shanghai – une mère un quart aristocrate née en Ukraine et un père haut fonctionnaire, issu lui aussi de la noblesse –, Mylène disait qu’ils n’étaient pas très affectueux : « Ma mère, pas très démonstrative. J’ai hérité cela d’elle : je n’embrasse pas. »
Sorcières
Née à Nice en 1935, Mylène passe les quatre premières années de sa vie chez sa grand-mère paternelle qu’elle adore, ses géniteurs préférant Paris. Débarrassé de cette coquetterie dans l’œil, l’ancien vilain petit canard n’a qu’un souhait : rattraper le temps perdu. « J’ai envie de robes, de sorties… » écrit-elle dans son autobiographie. Car la jeune fille n’a eu, jusqu’à présent, « aucune adolescence, ni boums, ni petits flirts ». Un jour, un homme l’arrête alors qu’elle fait des courses avec sa mère rue de Passy dans le XVIe arrondissement de Paris. Il lui propose de poser pour des photos. La voici modèle ! La Niçoise, prénommée à sa naissance Marie-Hélène, voyage et se fait des copines mannequins qui veulent toutes faire du cinéma ! L’une d’elles l’entraîne au cours Simon où Mylène s’inscrit. La jolie blonde ne tarde pas à tourner, dès 1953, dans Les Enfants de l’amour de Léonide Moguy.
En 1956, lors d’un shooting, elle rencontre le photographe Henry Coste, dont elle tombe amoureuse et qu’elle épousera deux ans plus tard. C’est grâce à l’un des clichés pris par son petit ami que Mylène est repérée par Raymond Rouleau, qui cherche alors “l’Abigail” de son film Les Sorcières de Salem, avec Simone Signoret et Yves Montand. Un rôle en or qui lui apporte la gloire et le succès à seulement 21 ans. Mylène débute alors une carrière internationale avec Otto Preminger dans Bonjour tristesse, puis en 1959, dans le péplum La Bataille de Marathon. Mais l’actrice n’a pas l’intention de se cantonner dans des emplois où sa plastique pulpeuse fait oublier son talent de comédienne. Hélas, ses prestations dans des films dramatiques tels que L’Inassouvie et Le Cavalier noir ne retiennent guère l’attention des producteurs et du public qui la préfèrent dans la série des Fantômas où elle incarne Hélène aux côtés de Jean Marais. Affolante en décolleté pigeonnant, elle marquera son époque sous les traits de Milady de Winter dans Les Trois Mousquetaires (1961).
Cinq ans plus tard, sur un tournage pour la télévision, elle fait la connaissance du réalisateur Marc Simenon, fils de l’écrivain Georges Simenon. Ils se marient le 16 septembre 1968, pour le meilleur, croit-elle, mais ce sera aussi pour le pire… Car si Mylène et Marc forment en apparence, pendant plus de trente ans, l’un des couples les plus unis du showbiz, l’actrice brisera le mur du silence dix ans après le décès de son époux, survenu en octobre 1999.
Ainsi, dans un livre, Le Piège, l’alcool n’est pas innocent, coécrit avec le Dr Isabelle Sokolow, spécialiste en alcoologie, elle raconte pour la première fois ce que fut réellement leur vie commune avec ce démon qui rongeait leur couple, transformant leur quotidien en un enfer. « C’était un véritable calvaire d’être l’épouse d’un alcoolique », témoigne Mylène. Avec la franchise qui la caractérise, elle décide de raconter tous ces moments noirs où la boisson avait pris possession de l’homme qu’elle adorait. Celui-ci en est mort après une chute accidentelle dans leur appartement parisien.
Drôle et émouvante
Un choc effroyable pour l’actrice qui n’aura pas eu d’enfants et qui mettra très longtemps à se remettre de sa disparition.
Le fait de ne pas être devenue mère était d’ailleurs resté pour elle une des grandes souffrances de sa vie comme elle l’a raconté récemment dans le Midi Libre. « J’ai failli avoir des enfants avec mon premier mari [le photographe Henry Coste, ndlr], mais comme il voulait que je fasse carrière, il m’a fait avorter deux fois. » Deux interruptions volontaires de grossesse pratiquées de façon clandestine qui ont profondément meurtri l’actrice.
Bon an mal an, en 2004, après plusieurs années d’absence, elle fait son retour sur grand écran dans 36, quai des Orfèvres d’Olivier Marchal. Drôle et émouvante, elle alterne ensuite cinéma (Camping, La Californie, Oscar et la dame rose, Sagefemme…) et télévision (Le Fantôme du lac, Les Mauvaises Têtes, No Limit…). Elle remonte même sur scène avec la pièce de théâtre Love Letters. Parallèlement, comme sa copine Brigitte Bardot, elle s’engage dans la cause animale et part en guerre contre la pollution et les mines antipersonnel.
“Poison”
Seulement, en 2012, voulant faire fructifier son argent, elle le confie à un conseiller en patrimoine… de “confiance”. Las, Mylène n’en verra plus jamais la couleur. Délestée de deux millions d’euros, elle a dû revoir son train de vie en trouvant refuge dans un petit appartement parisien de 35 mètres carrés. « J’ai appris à me serrer la ceinture. Je ne pensais pas qu’à mon âge, je devrais me priver, or je compte désormais mes sous », déclare-t-elle en 2019 dans Femme actuelle.
Et c’est cette même année qu’elle confie également se battre contre un cancer du péritoine. Depuis, elle nous tenait régulièrement informés de sa santé au cours d’interviews accordées à France Dimanche. Face à de terribles récidives, l’actrice relevait à chaque fois la tête, surmontant avec courage les traitements les plus lourds comme cette foutue chimiothérapie, ce « poison » qui lui faisait tant de « bien » mais qui lui avait imposé le port d’une perruque. Ces derniers temps, elle avait découvert le Sénégal, un pays où elle avait « rencontré des gens merveilleux ». Sous le soleil, elle s’y ressourçait six mois par an et tentait d’oublier ses soucis, en se consolant du décès de son grand ami Claude Brasseur disparu en 2020, avec qui elle formait dans Camping un couple drôle et attachant.
Comme nous le révélions en exclusivité, la malheureuse avait été récemment admise à l’Hôpital américain de Neuilly pour ce qui ressemblait au traitement de la dernière chance. Il n’aura pas permis de guérir celle qui, toute sa vie, n’avait pas été épargnée par d’innombrables souffrances…
Valérie EDMOND
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