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Mort de Guillaume Depardieu : retour sur sa relation tumultueuse avec son père, Gérard Depardieu
Ce vendredi 13 octobre marque les 15 ans de la mort de Guillaume Depardieu, décédé à l’âge de 37 ans. Son décès a laissé un grand vide dans la vie de ses proches et surtout de son illustre père, Gérard Depardieu. Pourtant, les relations entre père et fils ont été chaotiques durant de nombreuses années…
Le 13 octobre 2008, Guillaume Depardieu meurt à 37 ans à l’hôpital de Garches d’une pneumonie foudroyante doublée d’une infection par un staphylocoque doré, contractés lors d’un tournage en Roumanie. Effondrés, sa mère, Élisabeth Depardieu, sa sœur, Julie et son célèbre père, Gérard Depardieu, assistent à ses obsèques quatre jours plus tard, organisées à l’église de Bougival. L’acteur suit les funérailles dans un coin discret, comme le rapporte La Croix à l’époque, puis il monte vers l’autel pour y lire un extrait du Petit Prince, de Saint-Exupéry : « Tu comprends. C’est trop loin. Je ne peux pas, emporte ce corps-là. C’est trop lourd. – Moi je me taisais. Il me dit : tu es là, il me prit la main, mais il se tourmenta encore », récite-t-il, lui dont « la personnalité et la stature ont longtemps écrasé le fils ». Les 37 années de la vie de Guillaume Depardieu auront en effet été marquées par son statut de « fils de » qu’il détestait et ses rapports très tendus avec son paternel.
« Vers l’âge de six, sept ans, j’ai découvert qu’il y avait une vraie différence entre moi et mes petits copains. Je ne parle pas au niveau financier – je suis toujours allé à l’école publique –, mais les enfants répétaient des choses sur mon père que leurs parents disaient. Je n’ai pas été épargné« , confie Guillaume Depardieu dans les colonnes de Gala en 2002. Tout petit déjà, il souffre de l’absence de son père et de sa célébrité. « Dans mon école, c’était devenu vraiment la guerre. À ce moment-là, j’aurais eu besoin qu’il soit présent ou qu’il y ait au moins un regard, une main qui caresse, qui dise : « Ce n’est pas grave, c’est toi qui as raison. » Une aide, tout simplement, qui passe par une présence que je n’avais pas. » Élisabeth Depardieu tente tant bien que mal d’adoucir les rapports entre père et fils. « Il y avait une rage. Parce qu’il s’est coltiné beaucoup de choses qu’on voulait adresser à son père à travers lui. Et ça commencé très tôt, à l’école. Gérard le savait et ça le mettait hors de lui », témoigne-t-elle dans Gala en octobre 2018.
>> PHOTOS – De Gérard à Julie : rencontre avec la famille Depardieu
Gérard Depardieu ignorait au départ que son fils se droguait
Le temps passe et l’aîné du géant du cinéma français subit de plein fouet les hauts et les bas de l’adolescence. Il se prend de passion pour la musique mais il plonge aussi dans la drogue : « shit », « sniffages de colle », « héroïne »… « C’était une façon d’anesthésier la douleur« , explique l’artiste à Gala toujours en 2002. Le jeune homme est arrêté en 1988, à l’âge de 17 ans avec deux grammes d’héroïne sur lui, ce qui lui vaut d’être condamné à trois ans d’emprisonnement pour usage et trafic de drogue. Il est incarcéré à la maison d’arrêt de Bois-d’Arcy d’où il ressort après dix-huit mois d’incarcération.
Ce démêlé avec la justice est un choc pour Gérard Depardieu, qui n’avait aucune idée des consommations illicites de son fils : « Comme il n’était jamais là, il ne pouvait pas s’en apercevoir, nous explique Guillaume Depardieu en 2002. Il l’a découvert le jour où la police est venue m’arrêter. D’abord, ça lui a rappelé de mauvaises choses qu’il avait connues, et puis pour lui la drogue c’est vraiment de la merde, ça ne peut concerner que des sous-hommes. Voilà sa première réaction. S’il avait pu m’attacher à un radiateur, il l’aurait fait… Trop tard, j’étais déjà en cage ! »
De son côté, Gérard Depardieu est furieux du sort que la justice réserve à son fils. « Guillaume a eu la malchance d’être un écorché, d’avoir été condamné par la justice, par une juge d’application des peines qui, on peut le dire, l’a tué. On ne condamne pas un enfant de dix-sept ans à trois ans de prison ferme pour détention de deux grammes d’héroïne ! », tempête-t-il dans nos pages en juillet 2013. Le comédien estime que Guillaume avait plus besoin de soins que d’une condamnation… Son séjour sous les barreaux ne l’éloigne pas de la drogue… Sous l’emprise de substances nocives, l’adolescent menace son père d’un couteau, lui lance des chaises. Dans les années qui suivent, Guillaume est de nouveau condamné pour outrages, rébellions et infractions routières, au grand dam de son père. Pour ne pas entrer dans la spirale de la violence avec sa progéniture, Gérard Depardieu fuit. Et laisse Élisabeth seule face à la déchéance de leur fils.
« Guillaume s’est racheté par la douleur, d’être trop bien né »
Animé par une forte créativité, Guillaume Depardieu délaisse un temps la musique pour tenter de se faire un prénom dans le cinéma, le domaine de son père. Il connaît un premier succès en septembre 1995 avec la sortie des Apprentis, pour lequel il obtient le César du meilleur espoir masculin un an plus tard. Un mois après la sortie du film, une valise tombée du toit d’une voiture dans le tunnel de Saint-Cloud le fait chuter de sa moto et lui cause une grave blessure au genou. C’est le début d’un long parcours médical et d’atroces souffrances, qui mènent à l’amputation de sa jambe droite en 2003.
« Moi, je pense que c’était un rachat. Guillaume s’est racheté par la douleur. D’être trop bien né. De lire dans le regard des autres qu’il était un privilégié », analyse sa mère dans nos colonnes des années plus tard. Gérard, lui, souhaite un bon rétablissement à son fils dans la presse, alors que la conversation est rompue entre eux. « Guillaume ne sera jamais un infirme parce qu’il a la tête dans les nuages et dans l’âme des gens. (…) C’est un vrai poète qui me touche énormément. Je lui souhaite la paix intérieure. » De quoi faire bouillonner le principal concerné, cloué dans son lit d’hôpital.
Un an avant l’amputation, père et fils acceptent pourtant contre toute attente, de tourner ensemble dans Aime Ton Père, de Jacob Berger. Comme si la réalité jouait à cache-cache avec la fiction, le film semble raconter leur propre histoire : Guillaume incarne un fils rejeté, ancien toxicomane, qui kidnappe son père, écrivain célèbre… Pendant la promotion du long-métrage, on dirait que les deux acteurs ont renoué le dialogue. « On fait carrément partie du patrimoine… c’est comme le fromage et le croissant », plaisantent-ils devant les médias. Mais l’accalmie est de courte durée.
« Mon père est un homme feignant dans l’âme avec moi »
Au cours de l’été 2003, l’orage gronde de nouveau. Père et fils ont des échanges musclés par voie de presse. Guillaume, lui-même papa de la petite Louise née trois ans plus tôt, reproche à son paternel d’avoir « été incapable d’élever ses enfants » : « J’ai découvert que j’avais une demi-sœur (Roxane Depardieu, ndlr) le jour de sa naissance seulement… » dénonce-t-il dans les colonnes du Parisien. Il l’accuse aussi d’avoir essayé de l’acheter avec une « une montre énorme, unique au monde, qui devait bien valoir autour de 300 000 F dans le seul but de (l)’éloigner ».
Les reproches pleuvent par dizaines : « Gérard Depardieu est un homme lâche, tricheur et feignant dans l’âme avec moi » ; « C’est un homme qui sert la main de Fidel Castro, qui prend l’argent des dictateurs d’extrême droite d’Europe de l’Est. Il n’a aucune noblesse« ; « Il dit que c’est lui qui veut divorcer depuis quatorze ans, c’est faux. Cela ne fait pas quatorze ans mais beaucoup d’années que ma mère essaie de divorcer dans de bonnes conditions affectives », balance celui qui est alors marié à Elise Ventre.
Le livre de la discorde
Un an plus tard, Guillaume Depardieu décide de livrer sa vérité dans un livre-entretien, co-écrit avec Marc-Olivier Fogiel, intitulé Tout donner. L’acteur y déballe tout : son enfance rebelle, la prison et surtout l’absence de son père. « Je l’aime et je le déteste pour les mêmes raisons. Pour son impuissance. Pour sa façon de fuir l’existence, la vie, et de la combattre en même temps. Je l’aime dans son désarroi, voilà ! Et je le déteste aussi dans son désarroi quand ça fait plus de mal aux autres qu’à lui », résume celui qui a vécu une idylle avec Clotilde Courau.
Son père, qui a pu lire le livre avant sa sortie, lui répond avec clame dans un entretien avec Gala quelques semaines plus tard : « Ce qui me fait de la peine, c’est de savoir que mon fils souffre. C’est mon garçon, et comme n’importe quel père, je suis désespéré quand il va mal. Quant au reste, il dit des vérités sur moi dont j’aurais préféré parler moi-même plus tard. Mais s’il le fait aujourd’hui, c’est qu’il en a besoin. S’il veut tuer son père, ça va, pas de problème. Ça va tellement loin que je ne peux qu’approuver. Guillaume y va de temps en temps un peu fort, mais ça fait partie de lui. » Et de conclure en reconnaissant ses torts : « J’ai sans doute eu des mots maladroits et je le regrette. Par rapport à lui, à sa sensibilité, je n’ai pas été un père parfait. Je n’ai pas fait suffisamment attention à mes absences. Mais il y a un moment où on ne peut plus rien faire. »
« Je sens tous les jours ce manque » : Gérard Depardieu meurtri par la mort de son fils
Tous deux ne parviendront pas à apaiser leurs tensions, jusqu’à la mort de Guillaume. Quelques mois avant son décès, Gérard Depardieu défie son fils : « Si on est un artiste, on doit aller jusqu’au bout. Rimbaud, son génie, s’est éteint à 37 ans. Mozart pareil. Qu’il ose être ce qu’il est« . Une provocation qui sonne comme prémonition. À la colère succède le deuil, puis la remise en question. Pendant longtemps, le père de famille parle au présent de son fils décédé. Comme si, d’une certaine façon, il était encore là.
« L’absence d’êtres chers est douloureuse. On a envie qu’ils soient là pour leur dire combien on les aime. Mais ils m’accompagnent, et dans les moments de recueillement, ils sont ma force. Je n’ai pas été suffisamment proche de Guillaume, ni de mes autres enfants. Je le vis tous les jours. Je sens tous les jours ce manque », confie l’acteur à Gala en 2015, alors qu’il vit retiré en Russie. Plus récemment, la star livre dans les colonnes du Journal du dimanche en février 2022 qu’il « ne connais pas le deuil » : « Mon fils Guillaume est en moi, comme le sont Jean Carmet, Maurice Pialat, François Truffaut ou Barbara. Si l’absence nous pèse, c’est à cause du vide qu’elle laisse. Je veille à le remplir en me disant que Guillaume aurait aimé telle ou telle chose. »
Crédits photos : JOKER / BESTIMAGE
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Gérard Depardieu en Belgique, le 25 juin 2018.
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