Marc Lavoine révèle que sa grand-mère cachait des juifs pendant la guerre

Dans le livre Chers grands-parents(Éd. Albin Michel), paru mercredi 22 février 2023, le chanteur raconte à la journaliste Nathalie Lévy sa relation avec ses aïeuls.

Marc Lavoine, connu pour sa voix grave et envoûtante, évoque dans l’ouvrage sa grand-mère maternelle « Nana Georges ». Il parle de la solidarité sans faille de cette dame envers les juifs lors de la Seconde guerre mondiale de 39-45.

Nana Georges « s’arrangeait avec le curé »

Elle s’appelait Louise mais il avait l’habitude de l’appeler Nana Georges parce que enfant, la star française « n’arrivait pas à retenir son prénom ». D’après les dires de l’interprète de Elle a les yeux revolver, celle-ci était une « commerçante et catholique » qui tenait un magasin d’alimentation.

« J’adorais aller dans sa boutique, parce que qui dit boutique d’alimentation, dit arrière-boutique, dit frigo ! », confie-t-il amusé à la journaliste. L’homme de 60 ans précise également qu’elle était « quasiment aveugle » et qu’elle portait « des lunettes en culs de bouteille ». Pour se repérer dans l’espace, se souvient-il, Louise s’aidait alors des « halos de lumière » qui l’entouraient.

Durant la guerre, Louise « apportait à manger sur son porte-bagages [de vélo, ndlr] à des gens qui se cachaient », explique Marc Lavoine. Sa sœur Suzanne – qui est donc la tante de l’artiste – lui a  confié qu’elle avait l’habitude de « s’arranger avec le curé pour faire passer des juifs de l’autre côté ». Un acte de bravoure contre la menace nazi dont il est fier.

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Une famille de braves

Pour l’artiste, son grand-père maternel était également un « héros » d’un autre conflit, la guerre d’Algérie dont il a gardé des traces indélébiles : « Tous ceux qui ne meurent pas sur le champ d’honneur, qui sont entrés dans la Résistance, meurent après, prématurément, de ce qu’ils ont rapporté de la guerre. (…) Un peu à l’image de Simone Veil, qui est morte dans les camps, mais qui s’est construite car elle n’avait pas de ressentiment ; on ne construit rien sur du ressentiment, et cette femme admirable, comme mon grand-père, avait le sens du pardon, de la mémoire et de l’oubli. »

Ces choses se sont inscrites petit à petit dans ma mémoire, par fragments, par images.

L’auteur de L’homme qui ment (Éd. Fayard) avoue n’avoir su tout cela qu’une fois adulte : « Ces choses se sont inscrites petit à petit dans ma mémoire, par fragments, par images. » Pour lui, Nana Georges et son grand-père font partie de ceux qui ont eu « le courage de ne pas obéir, le courage de dire non ».

Moi non plus, je n’aime pas parler de moi. C’est sans doute l’héritage de ma grand-mère maternelle.

Élevé par « quatre femmes », notamment sa mère, ses deux grand-mères et sa tante, Marc Lavoine identifie l’héritage familial qui l’a le plus imprégné, celui de sa grand-mère maternelle Louise : « Les émissions qu’elle écoutait à la radio… et la Résistance. Sans rien dire, sans parler. Dans la discrétion. Moi non plus, je n’aime pas parler de moi. »

Des décennies plus tard, Marc Lavoine a lui même interprété un homme courageux dans Liberté (2009), du réalisateur Tony Gatlif, endossant le rôle d’un juste, combattant les nazis de la France de Vichy contre le génocide des Roms. 

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