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Madame Claude : qui était la mère maquerelle française qui a inspiré le film de Netflix ?
Ce vendredi 2 avril, Netflix a mis en ligne Madame Claude, un film dans lequel Karole Rocher incarne la sulfureuse Fernande Grudet. Cette femme, un temps protégée par le pouvoir français, a régné sur un petit empire de la prostitution dans les années 60-70.
Karole Rocher
Pour son nouveau film, disponible à partir de ce vendredi 2 avril sur Netflix, la réalisatrice Sylvie Verheyde s’est intéressée à un personnage sulfureux : Madame Claude, la « mère maquerelle de la République », qui dirigeait un réseau de prostituées de luxe à Paris dans les années 60-70. Incarnée à l’écran par Karole Rocher, cette femme de poigne a marqué toute une époque. Fernande Grudet, de son vrai nom, avait créé à la fin des années 50 un service de prostitution de luxe, qu’elle dirigeait par téléphone depuis son appartement de la rue de Marignan, près des Champs-Elysées. Il y a aussi eu une maison close, dans le très chic 16ème arrondissement de la capitale, où se pressait le gratin de la politique, de la finance, des médias et du show-business. Si les versions varient, il se dit que Madame Claude aurait eu à son apogée près de 500 jeunes femmes à son service. Toutes devaient respecter le cahier des charges : une beauté renversante (quitte à faire de la chirurgie esthétique), de bonnes manières, du bon goût, de la culture… Avec ses « filles », la mère maquerelle visait principalement les élites.
Madame Claude avait été rattrapée par la justice
Bien qu’elle détestait ce surnom, Madame Claude a souvent été appelée la « maquerelle de la République ». Une manière de rappeler ses rapports avec le pouvoir, tant dans la crainte que dans la convoitise vis-à-vis des confidences sur l’oreiller de ses puissants clients. Si elle n’a jamais dévoilé les grands noms français de son carnet d’adresses, ceux de certaines personnalités étrangère avaient fuité : Madame Claude a notamment été sollicitée par le shah d’Iran et John Fitzgerald Kennedy… Durant une bonne décennie, la proxénète a pu travailler sans être inquiétée : comme elle l’avait raconté dans Lui, elle a longtemps eu « la bénédiction de l’État » et des policiers qui fermaient les yeux sur ses activités. Mais le vent a commencé à tourner au début des années 70 : en mai 1972, les services des douanes ont perquisitionné son appartement de la rue de Marignan et mis au grand jour son business. Des documents indiquaient qu’elle prenait entre 25% à 30% des gains de ses prostituées, pour des passes allant de 760 à 1100 euros. De quoi attirer l’attention du fisc.
Lorsque Valéry Giscard d’Estaing est devenu président en 1974, la tolérance n’était plus de mise. L’implacable ministre de l’Intérieur Michel Poniatowski a fait la chasse aux grands proxénètes, dont Madame Claude. Poursuivie par le fisc qui l’a condamnée à payer 1,7 million d’euros, elle s’est enfuie à Los Angeles en 1977. Revenue discrètement en France en 1985, la proxénète avait tenté de se mettre au vert dans sa bergerie de Carjac, dans le Lot. Mais le 31 décembre, alors qu’elle s’apprêtait à passer le réveillon avec des amis, Madame Claude a été arrêtée. Incarcérée à Cahors, elle a passé quatre mois en prison. Mais cela ne l’a pas arrêtée : en 1992, elle a tenté de se relancer dans la prostitution avec une agence de call-girls. Quelques mois plus tard, elle était de nouveau arrêtée, puis condamnée à trois ans de prison, dont six mois fermes. Incarcérée à Fleury-Mérogis, devant payer une lourde amende, elle avait écrit à l’époque son autobiographie. Tous les droits d’auteurs avaient été reversés au Trésor public.
Madame Claude a fini sa vie dans l’anonymat
Ruinée, Madame Claude est redevenue Fernande Grudet. En dehors de quelques apparitions télévisées remarquées, l’ancienne reine de la prostitution parisienne est retombée peu à peu dans l’anonymat. Elle a fini sa vie dans le sud de la France, où elle est morte en 2015 à l’âge de 92 ans, en emportant tous les secrets qu’elle n’avait pas pu révéler dans son livre. Sa vie, romanesque, a inspiré des livres et des films.
En 1976, Just Jaeckin, le réalisateur d’Emmanuelle, avait tourné un long-métrage sur Madame Claude avec Françoise Fabian dans le rôle-titre. Une suite, réalisée en 1981 par François Mimet, mettait en scène Alexandra Stewart. Leur point commun ? Présenter une version glamourisée du personnage, ce qu’a voulu éviter Sylvie Verheyde dans sa version. « Aujourd’hui encore, Madame Claude reste une figure d’émancipation sociale et féministe, rappelle la réalisatrice dans le dossier de presse de son film. Mais elle n’en demeure pas moins un monstre. »
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