"Ma vie a complètement changé" : le fabuleux destin de Julia Quinn, l'auteure de "La Chronique des Bridgerton"

En décembre 2020, la première saison de La Chronique des Bridgerton, adaptée des livres éponymes, rassemblait plus de 82 millions de spectateurs. Alors qu’une seconde salve d’épisodes est d’ores et déjà en préparation, Julia Quinn, l’auteure de la saga, se remet à peine de cet engouement. Portrait d’une écrivain au firmament.

Il est d’usage, à l’évocation de La Chronique des Bridgerton, de s’extasier sur son héros. Julia Quinn, l’auteure de la saga éponyme, ne déroge pas à la règle. À un détail près : l’écrivain de 51 ans a elle, rencontré Regé-Jean Page, le séduisant interprète du duc d’Hastings, sur le tournage de l’adaptation estampillée Netflix. «J’ai une photo de nous deux dans mon téléphone, cela rend tout le monde jaloux, plaisante-t-elle. Il est vraiment charmant, adorable et très intelligent.» Le passage du comédien dans le «Saturday Night Live», le 20 février, lui a laissé un souvenir impérissable. «C’est complètement fou, la manière dont La Chronique des Bridgerton est entrée dans l’air du temps et la pop culture», nous confie Julia Quinn.

L’auteure de romans d’époque s’étonne encore de recevoir chaque jour, de la part de ses amis, des dizaines de mèmes dérivés de la série. Cerise sur le gâteau, la surpuissante National Football League (NFL) y est allée de sa parodie : en avril, un court-métrage tourné à la manière de La Chronique des Bridgerton, dans lequel les joueurs sont présentés comme les «débutants» du bal, a ainsi été diffusé durant une conférence de presse. «Je n’aurais jamais pensé être intéressante pour la NFL», s’amuse l’auteure. Une nouvelle preuve, s’il en fallait, du succès retentissant de la saga.

Le show de tous les records

La série Netflix « La Chronique des Bridgerton » nous plonge dans la tendance Regencycore.

La série, réalisée par Chris Van Dusen, relate les premiers émois de Daphne Bridgerton (Phoebe Dynevor), jeune aristocrate en quête de son futur époux, dans l’Angleterre du XIXe siècle. Seul bémol, une chroniqueuse anonyme – Lady Whistledown, doublée par Julie Andrews – semble décidée à compromettre son destin amoureux.

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Depuis sa sortie, le 25 décembre 2020, La Chronique des Bridgerton est devenu le show de tous les records. En un mois, plus de 82 millions de foyers ont suivi les aventures du clan britannique. La série, produite par Shonda Rhimes, est désormais le programme original le plus regardé de l’histoire de Netflix. Au point qu’une nouvelle saison, inspirée du second tome de la saga, s’apprête à voir le jour. Un spin-off centré sur la reine Charlotte serait également en préparation. Julia Quinn l’admet volontiers : cette nouvelle l’a «prise de cours».

Dans les coulisses de « La Chronique des Bridgerton »

«Ma vie a considérablement changé, c’est un véritable conte de fées», s’exclame-t-elle. Engagée comme consultante sur les tournages des saisons 1 et 2, elle décrit une expérience des plus déroutantes. «Écrire est une activité très solitaire. Soudain, vous arrivez sur ce plateau fréquenté par des centaines de personnes. C’est hallucinant.» Julia Quinn a alors pour mission de répondre aux interrogations des showrunners. «Parfois, ils venaient me voir avec des questions très spécifiques, comme : « Nous voulons que les Featherington possèdent un titre de noblesse. Mais il ne doit pas être aussi important que celui des Bridgerton. Comment faire ? » »

Côté vie privée, ce regain de notoriété vaut à l’écrivain d’entrer «au royaume du cool» – dixit ses enfants de 17 et 21 ans. Son époux, l’infectiologue Paul Pottinger, accueille ce succès avec soulagement. «La pandémie a été terrible pour lui, épuisante et stressante, explique Julia Quinn. Lorsqu’il rentrait à la maison, il entendait de bonnes nouvelles. Cela a créé une sorte de diversion.» La quinquagénaire a, de son côté, interrompu ses travaux d’écriture pour soutenir sa famille, installée à Seattle. Elle mesure aujourd’hui la chance dont elle a bénéficié. Ces temps troublés ont été pour elle synonymes d’incroyables opportunités professionnelles. «Je dois être la personne la plus ennuyeuse à interviewer, car je n’ai rien de négatif à dire en ce moment», sourit-elle.

En vidéo, « La Chronique des Bridgerton », la bande-annonce de la saison 2

Premiers triomphes

La couverture de « La Chronique des Bridgerton », tomes 1 et 2.

Née en 1970 à New York, Julie Cotler (de son véritable nom) est à mille lieues d’imaginer un tel destin. La petite fille grandit dans le Connecticut, entourée de deux sœurs, et de deux demi-frère et sœur. Sa mère, infirmière scolaire, et son père, tour à tour courtier, scénariste ou chef d’entreprise, divorcent alors qu’elle est encore une enfant. Une enfant qui dévore déjà les romances gothiques de Victoria Holt, loin d’encore se rêver en écrivain primée.

Son parcours se révèle plutôt hétéroclite. «J’ai eu envie d’étudier l’architecture, puis le droit», se remémore-t-elle. La jeune femme finit par décrocher un diplôme d’histoire de l’art – option architecture -, à Harvard. «Puis, j’ai redécouvert mon amour pour les sciences, poursuit-elle. Je me suis inscrite en fac de médecine.» Julie Cotler entre à Yale, avant de décider au bout de quelques mois de devenir auteure à plein temps. Son premier roman, Splendide, paraît en mai 1995, aux éditions Avon – elle est alors âgée de 24 ans.

Depuis, la vie ne cesse de sourire à Julia Quinn. En 2000, le premier tome de La Chronique des Bridgerton se hisse durant trois semaines dans la liste des best-sellers hebdomadaires du New York Times. Un an plus tard, elle remporte 79.000 dollars (65.000 euros) lors d’un jeu télévisé, «The Weakest Link». Ses livres, qui sont aujourd’hui traduits dans 37 langues, lui valent de remporter trois RITA Awards, décernés aux meilleurs romans d’amour anglo-saxons, et de la propulser numéro un des ventes du genre aux États-Unis. En 2016, quand elle franchit de nouveau les portes de Yale, c’est pour y animer un atelier d’écriture. Son destin bascule l’année suivante.

« Avez-vous entendu parler de Shonda Rhimes ? »

«J’étais dans un Starbucks lorsque mon agent m’a appelée, se souvient-elle. Il m’a demandé : « Avez-vous déjà entendu parler de Shonda Rhimes ? » C’est vraiment sorti de nulle part. La plupart des propositions d’adaptation ne sont pas formulées pour des livres sortis il y a vingt ans. C’est une chance incroyable que Shonda ait lu le mien durant ses vacances, et estimé que l’on pouvait en faire une série.»

Grâce à Shonda Rhimes et à Netflix, Julia Quinn espère désormais redonner ses galons au roman d’amour.«J’ai le sentiment que les lecteurs de romances sont regardés avec plus de mépris que les lecteurs de thrillers, déplore Julia Quinn. Je pense que c’est en partie parce que ces ouvrages sont écrits par des femmes. Mais j’aimerais que les gens réalisent à quel point ces livres sont intelligents, drôles, et suscitent des émotions.» En août paraîtra aux États-Unis son premier roman graphique, Miss Butterworth and the Mad Baron, illustré par sa sœur Violet Charles. En librairies en France en 2022.

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