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L’interview d’Ibrahim Maalouf par Nikos Aliagas : « Je mesure mon degré de vieillissement »
Ibrahim Maalouf et sa trompette. Une relation de « Je t’aime… moi non plus. » Fils du trompettiste Nassim Maalouf, il se voit « imposer » l’instrument paternel dès son plus jeune âge. « Ce n’était pas celui que je voulais jouer au départ », nous dit-il. Pourtant, la trompette sera bel et bien sa destinée. – PAR NIKOS ALIAGAS
Ibrahim Maalouf est un phénomène, compositeur et producteur, trompettiste virtuose, il oscille aisément d’un monde à l’autre comme un équilibriste, entre Orient et Occident, entre jazz et musiques du monde. En 2022, il a été le premier instrumentiste libanais à avoir été nommé aux Grammy Awards pour son album Queen of Sheba sur lequel il a travaillé avec Angélique Kidjo. Maalouf n’est pas un artiste de chapelle, il passe d’un monde à l’autre pour créer des liens, des correspondances, il écrit des musiques de film, reste le chouchou de Quincy Jones, collabore avec les plus grands, de Sting à Matthieu Chedid, de Vanessa Paradis à Juliette Gréco ou encore Salif Keïta. Issu d’une famille de musiciens et d’intellectuels de Beyrouth, Ibrahim, que ses proches appellent Ibo, n’arrête jamais : 17 albums, des concerts aux quatre coins du monde et une soif viscérale de partage. Le 20 juin, il se produira sur la scène de la Cigale pour deux concerts intimistes. Et le 29 novembre, il jouera devant le public de l’Accor Arena. Rencontre dans le miroir avec un artiste hors norme.
Nikos Aliagas : Quelle est la première chose que vous regardez dans le miroir ?
Ibrahim Maalouf : Si des cheveux blancs s’invitent un peu plus dans le débat ! (rires) Je mesure mon degré de vieillissement (rires).
Nikos Aliagas : Qui voyez-vous dans le miroir ?
Ibrahim Maalouf : Aujourd’hui, je vois un papa, je vois un daron qui essaie de mettre en pratique les bonnes choses héritées de ses parents et qui laisse de côté les moins bonnes.
Nikos Aliagas : On dit que les yeux sont le miroir de l’âme, que disent les vôtres ?
Ibrahim Maalouf : J’ai des yeux de nomade, d’un homme qui a beaucoup voyagé, qui a vu du pays, des hommes et des femmes de tout bord, qui a reçu des coups mais qui garde la foi et rêve encore. Quand elle pleure, ma mère a les yeux qui sourient, il y a un peu de cela dans mon regard.
Nikos Aliagas : Qu’aimez-vous le moins chez vous ?
Ibrahim Maalouf : Je regarde les défauts du visage pour ne pas oublier que nous ne sommes faits au final que d’eau, d’os et d’esprit. Le reste est accessoire.
Nikos Aliagas : Qu’aimez-vous le plus ?
Ibrahim Maalouf : Quand j’étais gamin, on disait que j’étais tête en l’air. Aujourd’hui, c’est ce que j’aime le plus : avoir la tête dans les étoiles.
Nikos Aliagas : Que changeriez-vous chez vous si vous aviez une baguette ou un bistouri magique ?
Ibrahim Maalouf : En vrai ? La trompette ! (rires) En réalité, ce n’est pas l’instrument que je voulais au départ, je souhaitais jouer du piano et de la guitare. La trompette, c’était un mariage de raison que les miens m’ont imposé. On a appris à s’aimer et aujourd’hui, faire le chemin sans elle me paraît inconcevable.
Nikos Aliagas : Que disent vos mains de votre vie ?
Ibrahim Maalouf : Que j’ai été un peu trop chouchouté par ma mère quand j’étais plus jeune. Mes mains ont dû apprendre la vie et les épreuves plus tard.
Nikos Aliagas : Quelle partie de votre visage vous rappelle le plus vos parents ?
Ibrahim Maalouf : J’ai la bouche de mon père et les yeux de ma mère.
Nikos Aliagas : Que se dit l’artiste dans le miroir avant de monter sur scène ?
Ibrahim Maalouf : Sois toi-même.
Nikos Aliagas : Que se dit l’artiste dans le miroir après la scène, lorsqu’il se démaquille ?
Ibrahim Maalouf : Dépêche-toi de rentrer, les enfants t’attendent à la maison.
Nikos Aliagas : Quel est le danger que fait miroiter votre métier ? Que diriez-vous à un/une jeune qui débute ?
Ibrahim Maalouf : De ne pas aller trop vite, de ne pas brûler les étapes. Aller trop vite peut engendrer des illusions et des déceptions, il faut prendre le temps. J’en suis à mon 17e album et j’apprends encore. L’expérience est importante.
Nikos Aliagas : Le temps qui passe vous obsède-t-il ou glisse-t-il sur vous ?
Ibrahim Maalouf : Le temps me fascine et m’intrigue. Les films comme Interstellar m’inspirent beaucoup. Il faut devenir plus philosophe et étudier le flux du temps qui n’est pas linéaire.
Nikos Aliagas : Si vous deviez poser une question à votre miroir pour finir ?
Ibrahim Maalouf : Es-tu vraiment certain de me ressembler ?
Cet article est à retrouver dans le Gala N°1566 disponible dans les kiosques dès ce jeudi 15 juin 2023.
Crédits photos : Perusseau-Veeren / Bestimage
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