Les toiles vivantes et songeuses d'Inès Longevial

Inès Longevial dévoile, à l’occasion de sa première exposition, un ensemble de toiles inédites dans le cadre grandiose des Grandes-Serres de Pantin.

Pour sa première exposition, « Before the Sun Sinks Low », Ketabi Projects – une galerie nomade créée par Charlotte Ketabi-Lebard, ancienne de Nathalie Obadia – montre dans le cadre grandiose des Grandes-Serres de Pantin un ensemble de toiles inédites, vivantes et songeuses d’Inès Longevial. Cette jeune et très talentueuse peintre de 30 ans y explore en couleurs éclatantes les jeux de la lumière sur la peau, la sensualité et l’intimité du corps et du visage féminin mis à nu. Elle nous raconte la genèse de son œuvre.

Madame Figaro. – Pourquoi la peinture ?
Inès Longevial. – Je peins depuis toute petite. Je ne me suis jamais posé de questions. À 15 ans, j’ai quitté mon Sud-Ouest natal pour étudier l’art appliqué en internat, et j’ai adoré cela.

Comment définiriez-vous les toiles que vous exposez ?
Je montre une douzaine de petits formats et une dizaine de grands. D’habitude, j’aime bien produire pour exposer, et j’ai du mal à montrer les œuvres que j’ai créées plus tôt. Cette fois, j’arrive à montrer des tableaux que j’ai peints sur une année, pour l’exposition. On peut y voir les couleurs évoluer au fil des saisons. Je me suis beaucoup recentrée sur les visages et sur les détails, jusqu’à presque une abstraction des couleurs sur la peau.

La couleur est une part essentielle de votre travail : à quoi correspond-elle ?
C’est probablement pour la couleur que je suis peintre, elle me guide partout… La cohérence des toiles que j’expose ici vient de ce travail des couleurs, de l’idée de coucher de soleil sur les visages, d’une recherche sur les peaux rougies par le soleil en été et plus froides en hiver, ces saisons si présentes dans ma démarche. L’exposition a pour titre « Before the Sun Sinks Low » (avant que le soleil ne chute). C’est une heure dorée que j’aime particulièrement. La série de petites toiles s’appelle d’ailleurs Magic Hour : ce sont des gros plans sur des visages, avec des couleurs très vives, des roses intenses, des ombres bleutées soulignées.

Qui sont ces femmes que vous peignez ?
Ce sont des autoportraits, des versions de moi dans lesquelles parfois on me reconnaît vraiment et parfois beaucoup moins. Elles incarnent chacune un rôle, ces autoportraits sont comme un journal intime. Dans Magic Hour cependant, pour la première fois, j’assume de peindre d’autres que moi, des peintres, des amies, ma mère, ma sœur… Je suis très observatrice des femmes et très admiratrice de certaines.

Un grand diptyque évoque le conte de Charles Perrault Les Fées. Pourquoi ?
Ce conte m’avait beaucoup marquée enfant, je le trouvais un peu dérangeant. Sa morale est critiquable parce que la jeune fille qui dit des gros mots finit par cracher des crapauds et des serpents, et celle qui est si gentille et sage des perles et des pierres précieuses. Je trouve qu’il soulève des questions très actuelles. Dans le tableau, c’est deux fois le même personnage – moi : une façon de dire que n’importe quelle femme contient les deux. J’ai été frappée d’entendre Agnès Jaoui, au début de son discours très fort de novembre dernier (lors des assises du collectif 50/50, NDLR) évoquer ce conte. La manière dont elle développe son discours ensuite fait vraiment écho à ce que j’ai voulu souligner dans ce diptyque.

Inès Longevial, « Before the Sun Sinks Low », du 19 au 29 janvier, Ketabi Projects aux Grandes-Serres de Pantin.

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