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Les jardins artistiques de Chaumont-sur-Loire, la captation d'Iphigénie aux ateliers Berthier… Nos 5 incontournables culturels
Livre, exposition, théâtre…Tous les quinze jours, Madame Figaro propose sa sélection culturelle. Voici les cinq événements à ne pas rater.
Domaine de Chaumont-sur-Loire, l’échappée merveilleuse
Chaumont-sur-Loire est un enchantement, une espèce d’utopie verte et artistique ponctuée d’événements au fil des saisons, le tout orchestré par la directrice du domaine, Chantal Colleu-Dumond. En marge du Festival International des Jardins (presque 30 jardins éphémères) s’y ouvre la treizième saison d’art contemporain : lieu vivant et mouvant, en perpétuelle métamorphose, le domaine, classé Centre d’Arts et de Nature depuis 2008, s’enrichit chaque année de nouvelles œuvres qui dialoguent avec le paysage. Une quinzaine d’artistes y sont invités cette année. À l’honneur, Miquel Barcelo et sa conque de céramique colorée ou Paul Rebeyrolle et sa série de Grands paysages. Se répondent les drôles de nids de barbelés de Abdul Rahmanw Katatani, les fils arachnéens de Chiharu Shiota , les arborescences de plumes de Carole Solvay et les lianes en céramique de Safia Hijos… Une première pour cette édition, le dessin fait son apparition : oeuvres oniriques de Fabien Mérelle, univers poétique de François Réau ou de Min Jung-Yeon, estampes de Jean Dubuffet… Une déambulation à ciel ouvert, et un parcours dans le château au toit d’ardoise qui surplombe la Loire. Fait de nature et d’art.
Réouverture des parcs et jardins depuis le 8 mai. Chaumont-sur-Loire
« Iphigénie », une captation puissante
Iphigénie, de Jean Racine mise en scène Stéphane Braunschweig, à voir en replay sur le site du théâtre de l’Odéon ou celui de France Télévisions.
«Je n’avais pas prévu de mettre en scène Iphigénie», prévient Stéphane Braunschweig, le directeur de l’Odéon dans sa note d’intention. Seulement voilà : le monde à l’arrêt, le temps suspendu, les rues de Paris désertes pendant le premier confinement lui ont fait penser à la tragédie de Racine, à l’armée grecque bloquée dans le port d’Aulis parce que les vents sont tombés. Sa mise en scène est essentielle : un dispositif bifrontal le long d’un plateau nu, deux écrans géants pour tout décor, diffusant des images de la mer de l’aube au crépuscule, étale puis frémissante à l’approche du sacrifice d’Iphigénie, et des acteurs sobres en habits du pouvoir (dont le merveilleux Claude Duparfait en Agammenon). Le texte, comme tout chef d’œuvre, résonne encore aujourd’hui : désir de puissance et prix de la vie. Le mythe ancien est une métaphore de notre monde. Une réussite.
Iphigénie, de Jean Racine mise en scène Stéphane Braunschweig, à voir en replay sur le site du théâtre de l’Odéon ou celui de France Télévisions.
Guillermo Kuitca, le lit et le territoire
Guillermo Kuitka, Dénouement, au LaM, du 19 mai à l’automne 2021
Alors qu’il est une figure centrale en Amérique Latine, le travail de l’Argentin Guillermo Kuitca, reconnu internationalement, est méconnu en France. Plus de trente ans après Documenta IX, où il présenta son installation Untitled 1992 (cartes routières peintes sur une série de matelas) et vingt ans après son exposition à la Fondation Cartier, le LaM invite l’artiste à déployer sa création protéiforme (dessins, peintures, installations). Au fil des salles, on le voit réinventer l’espace pictural avec pour terrain de jeu des lits, des plans de villes, des espaces architecturaux. S’intéresser, via le choc de la découverte de Café Müller et des chorégraphies de Pina Bausch, au théâtre, à la scène, à la dramaturgie. Et se confronter à des œuvres comme celle de Lucio Fontana ou de Pablo Picasso avec ses «cubistoïdes», œuvres apparues au milieu des années 2000. L’exposition s’intitule Dénouement, en écho à la série de peintures dans laquelle Kuitca revisite les formes brisées du cubisme. «Il y a quelque chose de résistant dans la peinture, une sorte de résistance amoureuse», confie-t-il.
Guillermo Kuitka, Dénouement, au LaM, du 19 mai à l’automne 2021.
« Celle que j’ai laissée », un livre de combat
Celle que j’ai laissée, de Marie-Françoise Colombani, Clarisse Quillet. Illustrations de Damien Roudeau. Préface de Boris Cyrulnik, éditions Actes Sud.
La journaliste Marie-Françoise Colombani et l’illustrateur Damien Roudeau n’en sont pas à leur premier livre d’armes. Ensemble, ils ont déjà publié Bienvenue à Calais sur l’enfer de la jungle de Calais. À l’origine de Celle que j’ai laissée, cette question, «Qui te manque le plus ?», posée à des mineurs isolés étrangers (MIE). «Ma maman» puis «ma grand-mère», ont répondu en grand majorité ces migrants de 13, 14, 15 ans, partis à des kilomètres de chez eux, au péril de leur vie, espérant trouver un monde meilleur. Loin des chiffres et des statistiques, ce reportage dessiné raconte l’envers d’un prénom et d’une origine géographique. Résultat, une série de témoignages poignants incarnés grâce au trait énergique, généreux, ultra vivant de Damien Roudeau. Ils s’appellent Ellis, Mohamed, Cynthia, Abdoul, Yassir, Kadi… Ecoutez leur récit en achetant ce livre dont les bénéfices et droits d’auteur seront reversés à l’association les Midis du MIE (association solidaire avec les mineurs isolés étrangers).
Celle que j’ai laissée. Marie-Françoise Colombani, Clarisse Quillet. Illustrations de Damien Roudeau. Préface de Boris Cyrulnik, éditions Actes Sud.
Damien Deroubaix, l’expo manifeste
La valise d’Orphée, Damien Deroubaix, Le musée de la Chasse et de la Nature, à partir du 19 mai.
Pour sa réouverture après des travaux d’envergure (l’adjonction d’une librairie-boutique et d’un café), le musée de la Chasse et de la Nature, toujours préoccupé du lien entre l’homme et l’animal, accueille une exposition de Damien Deroubaix, La valise d’Orphée. Dans un dialogue entre le bestiaire expressionniste de l’artiste et une collection de 300 amulettes (syriennes, gréco-romaines, celtes, chinoises, égyptiennes…) dont le point d’orgue est un petit Orphée avec sa lyre sur un serpent, les grandes huiles sur toile font la part belle aux espèces menacées comme l’ours polaire ou l’éléphant. Accueilli par une sculpture, reproduction en bronze peint de la Vénus de Hoble Fels datant d’il y a 35.000 ans, le visiteur est en immersion totale. L’exposition ressemble à une grotte dont même le plafond est peint. Bienvenue dans l’univers sacré de Damien Deroubaix.
La valise d’Orphée, Damien Deroubaix, Le musée de la Chasse et de la Nature, à partir du 19 mai.
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