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"La joie interdite de jouer" : le mini-film enlevé avec les révélations des Césars 2021
En partenariat avec Chanel, l’Académie des Césars a confié à la cinéaste Yolande Zauberman la réalisation d’un mini-film, La joie interdite de jouer, mettant en lumière les comédiens sélectionnés dans la catégorie Meilleur Espoir.
C’était quelques jours avant Noël. En passant devant le parvis de l’Institut du monde arabe, on a pu voir un groupe de garçons et de filles défier les gestes barrières et ignorer ouvertement le couvre-feu. Il était plus de minuit et ça dansait, ça s’embrassait, en reprenant à tue-tête la chanson que crachait la sono : «Douce France/Cher pays de mon enfance/Bercée de tendre insouciance…» Oui, le classique de Trenet. Mais dans sa version «pop casbah», popularisée par Rachid Taha dans les années 1980 avec le groupe Carte de séjour. Projetées sur la façade de l’Institut, les images du clip tourné à l’époque par Cyril Collard redonnaient vie au chanteur algérien disparu en 2018. Bon nombre des jeunes réunis ce soir-là ne connaissaient pas ce titre. Mais la manière dont ils se sont approprié son refrain donnait une couleur supplémentaire à cette drôle de nuit. «Une nuit magique», considère la réalisatrice Yolande Zauberman avec des soleils dans la voix.
« J’ai voulu faire un film qui parle d’aujourd’hui »
C’est cette très belle femme rousse qui a réalisé cette année le court-métrage qui met en lumière les prétendants au César du meilleur espoir. Il est réalisé avec la complicité artistique de Chanel, partenaire officiel des Césars. 2020 a été sans pitié pour l’industrie. Les salles sont restées fermées plus de six mois, laissant sur le carreau nombre de productions dans l’attente d’une sortie ultérieure. Dans ce contexte, la classe «junior» de notre cinéma, apparue dans la poignée de films épargnée par la crise, avait naturellement envie de hurler son bonheur et son privilège. «J’ai voulu faire un film qui parle d’aujourd’hui, souligne Yolande Zauberman. La jeunesse est la catégorie sociale la plus sévèrement touchée par ce qu’on vit, poursuit la documentariste, récompensée l’an passé d’un César pour son film M. Du coup, le propos devient presque politique puisqu’il suggère de répondre à la brutalité du monde par la douceur de l’intime, de célébrer la joie, de jouer la comédie dans une société qui l’interdit.»
Avant le tournage, les dix-neuf filles et garçons convoqués ont bien sûr passé un test anti-Covid. «Il ne s’agissait pas de faire n’importe quoi non plus», explique la cinéaste, qui a disposé de trois petits jours pour tourner, aidée par la chorégraphe Bintou Dembélé, saluée en 2017 pour sa contribution aux Indes galantes, créées à l’Opéra de Paris. «Sans être danseurs à la base, tous se sont révélés dans leurs maladresses autant que dans leur puissance, alors qu’on tournait par zéro degré à 1 heure du matin. La garde-robe que la maison Chanel avait mise à notre disposition leur collait à la peau, les rendant encore plus libres de leurs mouvements. Ils ne se connaissaient pas, ou très peu, mais, au clap de fin, ils semblaient amis depuis toujours. Leur joie explose à l’écran. Ils se sont honorés mutuellement de leur présence et m’ont profondément émue, confie-t-elle. Je suis tombée amoureuse de chacun et de chacune.»
La douceur de l’amitié
Le compte WhatsApp que le groupe a créé pendant le tournage continue d’être actif et entretient leur toute fraîche amitié. «Yolande nous a permis d’exprimer une énergie bienvenue au pire moment de nos vies professionnelles», assure le charismatique Alexandre Wetter, nommé pour Miss, le film de Ruben Alves. «Notre groupe compose une magnifique mosaïque de jeunes acteurs et actrices d’origines sociales très diverses, estime de son côté Annabelle Lengronne (révélation de Filles de joie). Or, ce sont ces différences qui continuent de faire la force du cinéma français. C’est ce qu’illustre le travail de Yolande.» «Le film envoie un signal de vie de ouf ! affirme de son côté Jean-Pascal Zadi, auteur, réalisateur et interprète de Tout simplement noir. Me voilà « révélation » à 40 ans. La preuve que tout est encore possible !»
Tout, en effet. Y compris pour la réalisatrice. L’expérience a conforté son désir de revenir à ses débuts au cinéma et de se frotter à la fiction. Yolande Zauberman termine d’écrire un film sur la romance supposée vécue par Golda Meir, ex-première ministre d’Israël, avec un amant palestinien. Encore une fois, il s’agira de «répondre à la brutalité du monde par la douceur de l’intime». C’est son credo. Il est plus que jamais pertinent et inépuisable.
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