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La condition des sages-femmes en France
Anna Roy exerce le métier de sage-femme : elle raconte les conditions de travail difficiles de cette profession qui poussent les soignants à être maltraitants contre leur gré.
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« Moi, j’invite quiconque des pouvoirs publics ou quiconque le voudrait, à venir faire une garde avec une sage-femme dans un grand hôpital parisien, mais même partout. Je le mets au défi, il n’y arrivera pas.«
Afin d’alerter la société quant aux manques de moyens des sages-femmes, Anna Roy a lancé en 2020 le hashtag #jesuismaltraitante qui s’est répandu sur les réseaux sociaux. Une action qui a toujours du sens en 2022.
La maltraitance
Alors qu’elle exerce le métier de sage-femme pour aider son prochain, Anna Roy réalise que la maltraitance du système s’exerce à travers ses mains, sa bouche… « C’est très dur de prendre conscience de tout ça, et surtout, ça place dans une contradiction morale. », explique-t-elle. Celle qui a prêté serment pour soigner et faire du mieux possible se retrouve à faire l’inverse dans son quotidien.
La chercheuse Anne Simone, maître de conférences en droit pénal, travaille sur les atteintes à l’intégrité des personnes vulnérables. Elle procède à une catégorisation des violences obstétricales : certaines peuvent être volontaires (comme la pratique de l’épisiotomie avec un point de suture supplémentaire) tandis que d’autres découlent d’un manque d’effectif et de moyen dans les maternités.
« On ne peut pas mettre sur le même plan des gynécologues quasiment criminels et une sage-femme qui a été un peu rudoyante et sèche parce qu’elle croule sous le boulot« , souligne Anna Roy. Selon elle, une sage-femme qui doit surveiller trois ou quatre femmes en même temps ne peut qu’être dans la maltraitance car elle doit choisir et prioriser en permanence.
Une profession merveilleuse pourtant méprisée
Le manque de moyens dans les maternités s’explique simplement pour la sage-femme : « C’est une profession de femmes qui s’intéresse aux femmes. » Et l’importance du rôle de ce corps de métier n’est pas reconnue à sa juste mesure.
« On a été très méprisées par les médias, très méprisées par les pouvoirs publics« , souligne Anna Roy. Elle rappelle que les soignants sont complètement conscients des horaires induit par les métiers hospitaliers, en revanche, ils n’ont pas signé pour être obligé de maltraiter les patients par manque de moyens.
Cependant, Anna Roy mentionne que des améliorations sont également visibles : « les sages-femmes sont de plus en plus connues, il y eu ce mouvement de femmes absolument merveilleux qui a permis aux sages-femmes de sortir de la nuit.«
Tout de même, pour elle, ce métier reste le plus beau du monde parce qu’il a « des champs de compétence extrêmement élargis, une fonction symbolique, une fonction médicale, une fonction technique… » Donner la vie : un programme qui ne se résume pas en quelques mots…
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