IVG, IMG, fausse-couche : pour Lou Doillon, "les femmes ont l'habitude de vivre avec un cycle de la vie et de la mort"

  • "Des conneries de refus de pilule"
  • Des avortements difficiles à vivre
  • "Le cycle de la mort"

20 ans d’écart. 20 années se sont écoulées entre la naissance de Marlowe, le fils aîné de Lou Doillon, et celle de Laszlo, né en 2022. Enceinte pour la première fois à 20 ans, c’est à 40 ans que la comédienne et chanteuse, fille Jane Birkin et Jacques Doillon, a donné naissance à son deuxième enfant.

Mais entre ces deux petits garçons, elle a été enceinte à plusieurs reprises. Lou Doillon n’en a jamais fait un secret : elle a subi plusieurs interventions volontaires de grossesse, mais aussi une interruption médicale de grossesse, et une fausse couche. Des périodes compliquées évoquées dans le podcast Bliss Stories, ce lundi 5 juin 2023.

« Des conneries de refus de pilule »

Devenue mère célibataire à l’âge de 20 ans, puisque le papa de son fils aîné, Marlowe, était peu présent, Lou Doillon a préféré mettre un terme à plusieurs grossesses pour lesquelles elle ne se sentait pas prête. « Je suis tombée enceinte à des moments où j’étais pas sûre, donc j’ai avorté plusieurs fois, deux fois avec des médicaments, et une fois à l’hôpital », explique-t-elle à Clémentine Galey.

« C’est des décisions très compliquées à prendre. Et en même temps, là pour le coup, c’est pour ça que je suis farouchement pour l’avortement, il n’y a qu’une femme qui peut savoir ce dont elle est capable. Et pour le coup, j’avais une bonne idée de ce que ça demandait vu que j’avais le bonhomme dans les pattes. » Toutefois, elle en a conscience : ses grossesses étaient dues à la bêtise d’une jeune femme. « C’était des conneries de refus de pilule, étant une grande clopeuse. Donc je faisais gaffe, mais c’était des conneries de ratage, de mauvais calcul… »

Des avortements difficiles à vivre

Si elle garde un souvenir de ces IVG, c’est malheureusement le manque de bienveillance de la part du personnel médical qui l’a accompagnée. « Il y a tout un protocole, c’est-à-dire que c’est légal, mais les gens ne s’empêchent pas de vous balancer de sales réflexions. C’est dur, et on sait comment c’est : c’est des regards, des tons, une non-attention, plus qu’autre chose. C’est la façon dont les gens font les gestes », regrette-t-elle.

Des gestes dont les patientes ont parfaitement conscience, selon elle : « Quand on est là pour une appendicite ou un calcul rénal, les gens sont très doux, et là, on vous regarde droit dans les yeux et on balance le brancard avec un peu moins de douceur que d’habitude. C’est des petites choses comme ça, et c‘est un sujet d’actualité aujourd’hui parce qu’on voit bien qu’il y a des endroits où c’est compliqué. »

C’est légal, mais les gens ne s’empêchent pas de vous balancer de sales réflexions.

Avec franchise, Lou Doillon évoque la difficulté du processus, et les mensonges que de nombreuses femmes répètent au moment de se faire avorter. « C’est très encadré, par moment c’est très dur, parce qu’on a pas envie de passer par 15 étapes quand on sait qu’on va rentrer seule et que ça va être dur. J’ai dû faire comme toutes les filles où on dit que quelqu’un va vous raccompagner, mais que c’est faux, et que vous rentrez seule parce que c’est misérable et qu’on n’a pas envie d’en parler. »

« Le cycle de la mort »

La fille de Jane Birkin l’affirme : « Les femmes ont l’habitude de vivre avec un cycle de la vie et de la mort qui est beaucoup plus présent que chez les hommes. » Elle-même en sait quelque chose, puisqu’elle a également perdu deux bébés, après ses avortements.

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« D’abord, ça a été une interruption médicale très violente, pour cause de malformation. Ça a pris trois mois et demi pour comprendre. C’était super glauque, avec l’amniocentèse, des réunions de docteurs, et cette réunion un peu compliquée où on vous demande de réfléchir. Il faut continuer à avancer, mais c’est pas simple. Puis re une fausse couche, avant Lazslo. Donc là, une vraie perte de courage en se disant « Je ne vais pas y arriver, mon corps ne sait pas le faire ». »

Je ne vais pas y arriver, mon corps ne sait pas le faire.

Aujourd’hui, en repensant à ces grossesses, elle tire une constatation : « Il y a celui qu’on a voulu et qui est là, ceux qu’on a voulu et qui n’ont pas tenu, ceux qu’on n’a pas voulu. Que c’est dur d’être une femme, mais en même temps, que c’est beau cette magie qu’on a en nous. Mais d’un autre côté, les femmes n’ont pas besoin d’être mères pour être magiques. (…) J’ai plein de copines qui ne veulent pas et qui sont obligées de se justifier à chaque fois. C’est encore tabou aujourd’hui. »

Si Lou Doillon en parle aujourd’hui, c’est avec pour objectif de briser le tabou autour des grossesses qui ne sont pas menées à terme, quelle que soit la raison : « On s’en sort mieux quand on commence à le regarder comme une leçon universelle. Quand on se met à parler de fausse couche, on se rend compte que tout le monde en a eu. En famille, on n’en parle pas mais tout le monde en a eu, chez les amies on n’en parle pas mais il y en a partout. Libérer cette parole-là, ça a été très agréable », conclut-elle.

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