ITW – Emmanuelle Boidron : "avec Antoine, voilà 25 ans que nous sommes ensemble !”

L’éternelle Yolande de Navarro est une comédienne accomplie qui donne tout sur les planches tout en continuant la télévision qu’elle adore !

Ici Paris :Quel rôle jouez-vous dans Le Coucou, de Matthieu Burnel et Sacha Judaszko et mis en scène par Luq Hamett ?

Emmanuelle Boidron : Je joue Ségolène Depratte, la femme de Maxime. C’est une bourgeoise un peu gaffeuse.

Ce rôle vous correspond-il ?

Je l’espère ! En tout cas à la lecture, il m’a beaucoup plu. J’ai des répliques qui me font rire, donc je n’ai pas hésité à l’endosser. C’est un bonheur à jouer !

Connaissiez-vous vos partenaires ?

Je connaissais Luq Hamett, qui me fait confiance une quatrième fois, après Accouchement sous ex !, Le Switch ! et Qui va à la chasse perd sa place !, qui sont d’ailleurs actuellement en tournée. En revanche, avec Gérard Vivès, c’est une première et très belle rencontre. Il est profondément gentil, ça n’a pas de prix. On est toujours heureux de se retrouver le soir au théâtre, un peu comme pour un dîner entre amis. On prépare l’apéro et c’est parti pour 1 h 15 de fous rires !

Aimez-vous jouer la comédie ?

Oh, oui ! C’est ce que j’aime, ce que j’ai envie de voir et de jouer au théâtre. Même si c’est difficile, car on a tout de suite le couperet qui tombe. Faire rire une salle est ce qu’il y a de plus jouissif.

“Gérard Vivès est profondément gentil. Ça n’a pas de prix”

On vous connaît surtout pour avoir incarné Yolande, la fille du commissaire Navarro, interprété par Roger Hanin pendant près de vingt ans. Que retenez-vous de lui ?

Que de belles choses ! Je pense à lui tous les jours. C’est comme mon père. J’ai appris mon métier, la vie avec lui. Il m’a formée professionnellement et humainement. On travaillait ensemble mais on partait aussi en vacances, on dînait au restaurant très souvent… Il reste mon pilier dans la vie.

En 2016, vous avez écrit sur lui Un père pas comme les autres (éd. l’Archipel)…

Oui, j’ai eu envie de partager ce qu’il m’a offert, transmis… Cela m’a permis aussi de me rappeler de toutes ces années pleines de bons souvenirs. C’était vraiment quelqu’un d’atypique. Je n’ai rencontré personne d’autre comme lui. Il m’a tant apporté !

Ce prénom, Yolande, ne vous plaisait guère au départ !

C’est vrai. Le premier jour de tournage, j’ai même demandé au réalisateur si on pouvait changer, mais c’était une volonté de l’auteur que ce soit désuet, vieillot. Il avait hésité avec Violette. J’aurais préféré, même si je me suis habituée à mon surnom sur le plateau, Yoyo.

Roger Hanin vous a porté chance : c’est grâce à lui que vous avez rencontré l’homme qui est aujourd’hui votre époux…

Oui, on avait un projet de théâtre ensemble. Il voulait que je joue Marianne dans Tartuffe, qu’il incarnait. Il a cherché un Valère. On est tombé d’accord sur mon Antoine !

©Bestimage – Emmanuelle et Antoine

Cela a-t-il été un coup de foudre ?

Pas vraiment, mais on a appris à se connaître, on est parti en tournée. Et voilà vingt-cinq ans que nous sommes ensemble.

Pourquoi Antoine Jacoutot a-t-il abandonné le métier de comédien ?

Il avait envie de voir ailleurs, il était un peu déçu de l’ego de certains dans ce milieu, de projets qui ne l’intéressaient pas forcément. Il travaille désormais dans l’informatique.

Est-ce plus facile d’être en couple avec quelqu’un qui fait autre chose ?

Ça ne m’aurait pas du tout gênée qu’il reste comédien. Il connaît le métier, il sait ce que c’est, il comprend, donc c’est plus facile. Et puis, deux comédiens, si les deux galèrent, ça peut être compliqué paraît-il… Enfin, là, tout se passe très bien !

Regrette-t-il ce métier ?

Non, ce n’était sans doute pas sa vocation. Mais moi, je ne sais pas ce que je pourrais faire d’autre. Je suis tombée dans la marmite quand j’étais petite.

Comment cela est-il arrivé ?

Par hasard, à vrai dire. Mon père était commercial. On déménageait beaucoup. Une dame a proposé qu’on fasse des photos, mon frère Maxime et moi. Ça a fonctionné dès les premiers castings. Mon frère a fait le choix de ne pas continuer, moi, j’ai été piquée immédiatement !

Il y a eu ensuite le film La Baule-les-Pins au cinéma et Les Monologues du vagin pendant six ans au théâtre…

Quand je suis bien quelque part, j’y reste. La Baule-les-Pins reste l’un de mes meilleurs souvenirs de tournage, j’aurais aimé qu’il dure des années. Les Monologues, c’est un très beau texte et un engagement passionnant. Il m’a d’ailleurs beaucoup apporté en tant que femme.

Vous êtes donc fidèle !

Oui, j’aime faire les choses dans la durée. C’est sans doute pour cela que j’adore les séries, car on construit des personnages, on grandit avec eux, on les fait évoluer. Je viens d’en tourner une avec Michel Cymes et Dounia Coesens, La Doc et le Véto. Diffusion en 2024. J’adore l’ambiance des plateaux de tournage, j’y suis comme un poisson dans l’eau. Le théâtre, c’est magique aussi, on n’est pas coupé dans notre élan et on a le public.

Vos enfants, Leia (22 ans) et Arthur (14 ans), sont-ils dans le métier ?

Ma fille est diplômée du Lee Strasberg Theatre and Film Institute et va rester un an de plus à New York pour tenter de décrocher quelques rôles. Elle aime jouer en anglais. Dans ces écoles, on apprend le business, la danse, le chant… Arthur, lui, suit plutôt les traces de son papa !

Vous faites partie de la Fondation Claude-Pompidou, qui aide les personnes fragilisées par la maladie, le handicap et le grand âge. Qu’est-ce qui vous a sensibilisée à cela ?

J’avais rencontré les personnes de l’équipe suite à ma participation à Fort Boyard pour cette fondation. J’y suis depuis dix ans maintenant et j’ai vu leurs projets se réaliser grâce aux dons et aux bénévoles. Il est simplement évident d’aider ceux qui aident les autres.

PROPOS RECUEILLIS PAR ELSA CHEMOR

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