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INTERVIEW – Paul El Kharrat passionné de faits divers : « J’essaie de ne pas régler mes problèmes par la violence »
Le « Maître de midi » va frapper beaucoup plus tard ce 9 novembre 2023 : Paul El Kharrat sera au côté de Camille Combal sur TF1 en deuxième partie de soirée pour Camille et Images. Loin de se contenter de passages télé ou de son rôle de sociétaire aux Grosses Têtes sur RTL, le jeune homme âgé de 24 ans a publié à la rentrée, Crimes et Mystères de France (Harper Collins), un livre passionnant d’histoire dont il a le secret et pour lequel il a accordé une interview à Gala.fr.
Ce n’est pas qu’il sait tout, c’est juste qu’il s’intéresse à tout et retient tout. Paul El Kharrat, timide et emblématique gagnant des Douze coups de midi en 2019 sur TF1, ayant remporté 700 000 euros alors qu’il était tout juste âgé de 20 ans, a un cerveau construit différemment de la majorité d’entre nous. Atteint du syndrome d’Asperger, il combat ses démons qui, souvent l’envahissent, pour tirer le maximum de ses capacités intellectuelles hors normes et s’en servir pour vivre de ce qui le passionne : la culture, l’histoire et tout ce qui peut le nourrir intellectuellement.
Avec Crimes et Mystères de France (Harper Collins), Paul El Kharrat s’attaque à une marotte : la criminologie et les faits divers, pan de l’histoire qu’il apprécie particulièrement puisqu’il leur a déjà consacré un ouvrage, Crimes et Mystères de Paris. Ce livre parcourt six siècles de meurtres et d’assassinats en France, creuse les histoires des victimes mais aussi de ceux qui sont, un peu comme lui, rejetés par la société, et en sont venus à réaliser le pire. Terriblement touchant, drôle et très pragmatique, Paul El Kharrat a expliqué à Gala.fr les raisons de sa passion peu commune.
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Gala.fr : Depuis quand vous intéressez-vous aux faits divers ?
Paul El Kharrat : Je les étudie depuis un bon moment déjà : mon affection pour l’Histoire m’a fait m’intéresser à une branche particulière de celle-ci qui est la criminologie. En découvrant ces affaires morbides, j’ai eu envie de les raconter !
Gala.fr : Qu’est-ce qui vous fascine dans la criminologie ?
P. E. K : Le sang ! Vous savez, je bois un verre de sang par jour … (rires). Mais non, bien sûr ! Plus sérieusement, c’est la psychologie de ces individus qui ont commis l’irréparable à travers les siècles. Ces affaires sont aussi le symbole plutôt sombre et obscur d’une certaine époque, dans un contexte socio-économique et politique qui n’était pas tendre avec les êtres humains. Les faits divers permettent aussi l’étude de la déviation de certaines personnes qui n’ont pas réussi à s’intégrer dans une société donnée à cause de la misère sociale ou de leurs soucis mentaux et ont commis des actes répréhensibles jusqu’à se retrouver devant les tribunaux.
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Gala.fr : Vous identifiez-vous, parfois, à certains assassins, non pas par le goût du mal, mais parce que vous avez un cerveau qui fonctionne différemment de la plupart d’entre nous et, en conséquence, les mêmes difficultés d’adaptation qui poussent parfois au pire comme vous venez de l’expliquer ?
P. E. K : Oui exactement. Comme eux, je suis en décalage avec cette société dans laquelle j’essaie de m’inscrire tant bien que mal. J’ai une certaine aversion pour cette collectivité, qui agit de manière assez délicate voire cruelle avec ceux qui ne suivent pas à la lettre ce qui est tacitement établi par les hommes qui la construisent. Ceux qui ont des constructions neurologiques différentes sont un peu mis au rebut de cette société. Par défiance et par dépit, certains agissent contre elle et j’ai donc une certaine appétence et curiosité pour eux, qui sont en marge, même si j’ai conscience qu’ils sont allés au-delà de toute morale. J’essaie moi-même de ne pas régler mes problèmes par la violence.
Gala.fr : Parmi les assassins et ceux qui ont réussi à tromper la police longtemps, avez- vous trouvé plus fort que vous, niveau intelligence ?
P. E. K : Alors pour comparer, il aurait fallu que je me sois essayé aux actes répréhensibles auxquels ils se sont adonnés, et ce n’est pas le cas ! Donc, impossible de comparer mon cerveau à celui d’un criminel ! Mais j’ai déjà réfléchi à la question, vous savez…Je sais déjà comment je pourrais m’y prendre pour ne pas qu’on me retrouve si cela m’arrivait de commettre l’irréparable (rires).
Gala.fr : Que pensez-vous de cette fascination qu’ont les Français pour les affaires criminelles ?
P. E. K : Je pense que l’interdit, la transgression attirent les êtres humains, tout comme le machiavélisme. Peut-être sommes-nous aussi attirés par le fait que tout soit extrêmement bien rôdé et réalisé : comme lorsque l’on regarde un film policier, le fait divers met l’individu en haleine jusqu’à la résolution.
Gala.fr : Sur les six siècles balayés par le livre, avez-vous noté des évolutions particulières dans les faits divers en France ?
P. E. K : Ce qui est intéressant c’est que sociologiquement, l’époque ayant évolué, il y a des considérations différentes sur la gravité des faits d’un siècle à l’autre. Prenons l’exemple de Marie-Louise Giraud : on a considéré que ses crimes méritaient la peine de mort car elle a aidé des femmes à avorter au début des années quarante alors que c’était interdit. Aujourd’hui, ce ne serait évidemment pas le cas. Ce qui est certain, c’est que plus on avance, moins le crime parfait existe ! Les moyens mis en œuvre pour retrouver les coupables sont évidemment de plus en plus perfectionnés et les crimes non résolus sont quand même plus rares qu’il y a quelques siècles.
Gala.fr : Quelle est l’affaire qui vous a le plus marquée ?
P. E. K : Celle de Marie Lafarge dans les années 1840. Elle se marie jeune, sous la pression familiale, comme beaucoup de jeunes femmes de l’époque. Prisonnière au sein de son foyer, et sans aucun droit, elle ne pouvait pas choisir de divorcer. Elle ne voit pas d’autre solution que de supprimer son mari pour s’en sortir : elle empoisonne des petits biscuits et les lui envoie alors qu’il est en déplacement à Paris, pensant qu’elle ne serait jamais découverte. Elle est malheureusement arrêtée et condamnée à une lourde peine de prison. Lorsqu’elle est libérée, elle attrape la tuberculose et meurt sans avoir eu le temps de profiter de sa liberté. C’est une histoire qui me touche, car malgré l’empathie que l’on peut ressentir pour la victime, cette vie “non choisie” par Marie Lafarge et les conditions sociales de l’époque qui l’ont amenée à commettre l’irréparable peuvent se comprendre. C’est un dossier symptomatique d’une époque durant laquelle les femmes étaient impuissantes, devaient rester dans l’espace domestique et ne trouvaient parfois pas d’autre issue que par le crime.
Gala.fr : Votre livre s’arrête avec la condamnation de Marie-Louise Giraud en 1943. Prévoyez-vous un second tome sur les faits divers plus récents ?
P. E. K. : Je ne m’aventure pas sur ces affaires car les familles sont encore vivantes et par respect, je ne préfère pas revenir dessus. Imaginez-vous que même avec certaines affaires très anciennes, je me suis fait embêter par certains descendants !
Gala.fr : Vous intéressez-vous aux affaires criminelles contemporaines ? Ou aux faits divers du moment ? Comme la disparition d’Émile dont on parle depuis le mois de juillet…
P. E. K. : Comme je n’ai pas les tenants et aboutissants de ces enquêtes, je ne me permets pas de me forger un avis et je n’en sais pas plus, malheureusement.
Gala.fr : Regardez-vous des émissions ou des podcasts liés aux faits divers ?
P. E. K : Je n’écoute aucun podcast et je n’ai pas Netflix ! Je ne suis pas non plus un fervent auditeur de Christophe Hondelatte ou de Jacques Pradel. En revanche, quand j’étais plus jeune, je regardais Les Enquêtes impossibles de Pierre Bellemare.
Gala.fr : Vous qui connaissez bien maintenant les plateaux télé et la radio, si l’on vous proposait d’animer une émission radio ou télé sur les crimes et les faits divers, vous accepteriez ?
P. E. K. : J’ai déjà enregistré un podcast et j’avoue que cela m’avait bien plu ! Il faudrait que je m’améliore sur certains points mais cela me plairait de présenter une émission sur le sujet si l’occasion m’en était donnée.
Gala.fr : Avez-vous envoyé votre livre à Jean-Luc Reichmann et Laurent Ruquier ?
P. E. K : Laurent Ruquier l’a reçu et lu : il a même posé une question aux Grosses Têtes à propos de mon livre. Je sais qu’il l’a apprécié. Mais en ce qui concerne les autres, je ne sais pas !
Crédits photos : Perusseau-Tribeca / Bestimage
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Paul – Les 12 coups de midi
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