INTERVIEW – Louis Bertignac, avec Laetitia, il a trouvé l’accord parfait !

Avant de repartir sur les routes, l’ex-guitariste de Téléphone coule des jours heureux à la campagne avec sa femme et leur fils Jack. Ils nous reçoivent chez eux, du côté de Fontainebleau.

Faut-il couper les glycines qui surplombent la porte d’entrée de la maison ? Il y a débat. Pour Louis Bertignac, elles descendent trop bas et fouettent le visage à chaque passage. Sa femme Laetitia n’est pas d’accord, ces plantes grimpantes à l’odeur entêtante participent au charme des lieux. En revanche, il y a un sujet sur lequel le couple s’accorde totalement : s’installer il y a une dizaine d’années en lisière de la forêt de Fontainebleau, au sud de Paris, fut une bonne décision et il n’est pas question de revenir en arrière. « Séparé de la mère de mes deux filles, je cherchais alors une maison de campagne dans le coin pour les recevoir le week-end », se souvient le guitariste. Après en avoir visité une première, « triste, avec des murs en béton », il reçoit un coup de fil du jazzman Didier Lockwood lui annonçant qu’il vend la sienne. Dans le même village, avec des murs en pierre, un grand jardin et une piscine. « Et aussi de bonnes ondes !, ajoute Bertignac. C’était déjà une maison de musiciens, avec un studio installé dans la grange. » Cerise sur le gâteau, le même violoniste Didier Lockwood, sans cesse en tournée avec sa femme la soprano Caroline Casadesus, leur prête les lieux pendant l’été, le temps que la & vente se fasse. A la rentrée, après une demi-heure passée chez Louis dans sa baraque pleine de souris du Pré-Saint-Gervais, le couple n’hésite pas : « On a pris quelques fringues, des micros, le décodeur Canal+ et nous sommes revenus ici, pour ne presque plus jamais y retourner !« 

Dans l’un des canapés du vaste salon baigné de lumière, leur fils Jack, 6 ans, est captivé par un jeu vidéo. Au centre de la pièce trône un piano à queue, des guitares sont posées dans un coin. Laetitia fait un café dans la cuisine, où la longue table semble faite pour recevoir une foule d’invités. Louis raconte alors, au sujet de la chanson Peut-être un jour, sur laquelle on entend la voix de cette dernière : « Pendant le confinement, on s’est pris la tête comme pas mal de couples. On a fait maison à part pendant deux, trois mois. » Laetitia précise : « Je voulais remettre Jack à l’école mais Louis flippait qu’il ramène le virus à la maison… On s’est engueulés. » À distance, il lui fait alors passer quelques couplets de cette chanson et Laetitia accepte d’en chanter avec lui le refrain : « Peut-être un jour tout ira mieux/Peut-être un jour on pourra s’embrasser/se tendre la main sans s’angoisser… » C’est désormais chose faite et l’ex-guitariste du groupe Téléphone, et juré un temps de The Voice sur TF1, va bientôt repartir sur les routes avec, sous le bras, son nouvel album intitulé Dans le film de ma vie*. Un disque aux reflets autobiographiques où le guitariste aux – mine de rien – 69 ans au compteur retrace son parcours, mais pas seulement. « Le temps passe vite, j’en ai plus derrière moi que devant moi, constate-­t-­il. Et, quand je me retourne sur ma vie, je vois un parterre de fleurs ! Je me dis que, surtout, j’ai fait les bons choix. » Comme, par exemple, celui d’arrêter ses études de médecine pour se consacrer à la musique, une décision qui l’a amené à faire ses débuts comme guitariste de Jacques Higelin, puis à son association avec Jean­-Louis Aubert pour Téléphone. Et la chance, dans tout ça ? « Je ne sais pas… Il faut surtout adorer ce qu’on fait, ça permet de bosser sans compter. C’est avant tout l’amour de son boulot qui permet de s’améliorer. »

Sur le piano du salon sont posées quelques partitions. Ce ne sont pas celles de Louis Bertignac mais de son fils Jack. « Il a l’oreille, explique sa mère. Louis joue une note au piano et il la retrouve tout de suite. » Bertignac raconte alors que lui aussi, gamin, avait ces mêmes facilités, cette capacité à reproduire une mélodie après l’avoir entendue rien qu’une fois : « Jack prend des cours de piano une fois par semaine et il fait flasher sa prof. En revanche, je ne peux pas l’aider avec le solfège, je ne sais pas lire la musique. » En contrebas, la terrasse du jardin est accueillante. L’horizon est dégagé et leurs deux chiens Rio et Laïka ne cessent d’apporter des objets baveux à qui veut bien les leur lancer. Laetitia raconte alors sa rencontre avec Louis, il y a douze ans, lors d’un concert de ce dernier auquel elle ne voulait pas aller. Son oncle, un grand fan de Téléphone et de Bertignac, lui avait offert une place pour son anniversaire. « Je connaissais la chanson Cendrillon, c’est tout… Toute la journée, j’ai cherché un prétexte pour esquiver. » Finalement, elle apprécie ce qu’elle y voit comme ce qu’elle y entend, puis rencontre l’artiste en loge, avant d’y retourner : « Louis aime raconter que je l’ai trouvé beau ! Et on a fini par se marier en juillet 2021, dans cette maison en plein Covid, avec seulement dix­-sept invités. »

Dans la cour pavée est garée un magnifique coupé Bentley vintage, dont le musicien prend grand soin. Attenant à la maison principale et donnant sur la même cour, son studio ressemble à un capharnaüm avec une table de ping­pong rangée au milieu des câbles, des guitares hors d’âge et d’autres instruments à peine sortis de leurs cartons. Il enjambe tout ça avec une souplesse de jeune homme, égrène sur sa six­ cordes fétiche les accords du Start Me Up des Rolling Stones. « Je n’écoute que des vieux trucs, avoue-­t-­il, ou alors du country-­rock plus récent. » Et quand Laetitia, de trente ­quatre ans sa cadette, passe du Céline Dion en boucle ? « J’ai du mal. Il y a de belles chansons mais pas trois heures de suite. » Récemment, sa femme l’a d’ailleurs – encore une fois – emmené voir Ed Sheeran en concert. « Heureusement, à chaque fois qu’elle m’y traîne, il y a un match du PSG ou de l’équipe de France que je peux regarder sur mon téléphone… » Il avoue aussi que leur fils Jack l’épuise, parfois. « On l’appelle Duracell. Il n’est jamais fatigué, il est toujours en train de faire un truc. C’est un sacré numéro et il me fait bien marrer. » Bref, qui a dit qu’il y avait un âge limite pour la paternité ? Certainement pas, en tout cas, Louis Bertignac.

* Dans le film de ma vie (Barclay), sortie le 2 juin. Louis Bertignac sera en concert le 17 juin à La Ferté-sous-Jouarre (77), le 21 juin à Pussay (91), le 25 juin à Tilloloy (80), le 6 juillet à Pleumartin (86)…

Cet article est à retrouver dans le Gala N°1562, disponible dans les kiosques ce jeudi 18 mai 2023.

Crédits photos : @ François Berthier

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