INTERVIEW – Karin Viard et Franck Dubosc : leur vision de l’amour et du couple

Dans Nouveau départ, ils jouent un couple qui se sépare après des années de mariage pour peut-être mieux se retrouver. Amis depuis l’adolescence, les deux comédiens ont accepté de croiser leurs expériences de la vie à deux. Le bonheur conjugal après 50 ans, c’est possible !

Je t’aime… donc je te quitte. Tel est le pari risqué pris par Alain (Franck Dubosc), après trente ans de vie commune, en espérant raviver la flamme avec Diane (Karin Viard), qui s’ennuie ferme dans sa vie rangée mais s’en est fait une raison. Entre rendez-vous d’un soir, ménopause et choc des générations, la quête effrénée de second souffle de ces quinquas dans le film Nouveau départ* est à la fois drôle et émouvante. A la ville, leurs interprètes sont heureux en amour. Franck Dubosc, 60 ans le 7 novembre prochain, est marié depuis 2009 à Danièle, la mère de ses fils Raphaël, 13 ans, et Milhan, 10 ans. Quant à Karin Viard, 57 ans, après une très longue histoire avec le père de ses grandes filles Marguerite et Simone, elle a épousé l’an dernier le journaliste et réalisateur Manuel Herrero. De quoi les rendre experts en vie maritale…

GALA : Franck, votre personnage dans Nouveau départ prend une décision paradoxale pour sauver son couple : il quitte sa femme en espérant mieux la retrouver. Cela vous semble-t-il être une bonne méthode ?
FRANCK DUBOSC :
Oui, cela paraît fou mais c’est un conseil que je pourrais suivre. Quand ça ne va plus mais qu’on est encore amoureux, mieux vaut la roulette russe que plus rien du tout. Comme une solution de la dernière chance. Maintenant, je ne suis pas confronté pour de vrai à cette situation, donc c’est plus facile à dire.

GALA : Karin, vous avez déclaré : « L’amour est une décision ». Que voulez-vous dire ? Vous appliquez la méthode Coué à la vie de couple ?
KARIN VIARD :
Ce que je veux dire par là, c’est que l’on peut toujours porter le regard qu’on souhaite sur une relation. On peut décider que l’autre vous emmerde, que l’on sait exactement ce qu’il pense, ce qu’il va dire. Et puis, on peut aussi se dire : « J’aime cet homme ou cette femme envers et contre tout » et décider que ça va durer, en acceptant les avantages et les inconvénients, et en laissant à l’autre la capacité de vous étonner.

GALA : La routine est-elle l’ennemie du couple ?
K. V. :
Là aussi, c’est une façon de voir. S’il y a une habitude, un moment partagé que l’on apprécie, c’est une « routine » mais pas désagréable, donc pas pesante.
F. D. : Tu as entièrement raison. Ma femme et moi, par exemple, avions l’habitude d’aller toujours dans le même restaurant de la tour Eiffel pour notre anniversaire de mariage. Et tout à coup, j’ai commencé à ne plus sacrifier à ce rituel. On a eu une petite conversation animée avec mon épouse parce qu’elle aimait ce moment, en fait. On aurait pu se reprocher de faire toujours la même chose… mais là, on s’est reproché de ne pas le faire !
K. V. : Quand une routine plaît, rassure, c’est un langage d’amour comme un autre.

GALA : Pour mettre du piment dans leur couple, certains ont recours à des astuces moins radicales que de se séparer. Faire appartement à part, par exemple…
F. D. :
Ça peut être une solution mais qui ne convient pas à tout le monde. Il faut en avoir les moyens, que les deux en aient envie. Et à mon sens, ce n’est pas très adapté à une première relation où, si l’on ne vit pas ensemble, on peut penser qu’on n’est pas vraiment un couple. C’est plus facile à faire admettre dans une deuxième relation. Le fameux « si on se laissait le temps ». De voir si ça marche, de se réorganiser.
K. V. : C’est mon cas. Avec mon mari, ça fait presque cinq ans qu’on ne vit pas ensemble parce qu’il avait ses enfants. Mais maintenant que ses enfants sont partis, on va vivre ensemble. Ça n’aurait pas de sens de ne pas le faire !

GALA : Les enfants sont-ils un poison ou un ciment pour le couple ?
F. D. :
En tout cas, ça change les choses. On passe de « couple » à « famille ». Moi, je vivais de façon assez égoïste mais quand mes enfants sont arrivés, tout à coup, je le suis devenu moins. J’ai eu tendance à m’oublier. Et forcément, à un moment ou à un autre, le couple s’oublie aussi.
K. V. : C’est ça, le couple se dilue dans la famille alors qu’il faut rester un couple à côté de la famille.
F. D. : Avec ma femme, on essaie le plus souvent possible de faire des dîners à deux, comme des rendez-vous en amoureux… mais quand on y parvient, très fréquemment, le sujet de conversation, c’est les enfants ! [Rires.]

GALA : Et quand ils s’en vont, cela ne signifie pas forcément l’euphorie retrouvée. C’est le fameux « syndrome du nid vide ». Karin, vous qui avez des filles adultes, l’avez-vous connu ?
K. V. :
Tout le monde le connaît. Pendant des années, les enfants prennent beaucoup de place, dans l’organisation de la vie, nos motifs d’inquiétude, et on adore ça… ou pas. Alors, quand ils prennent leur envol – et c’est le signe d’une éducation réussie -, c’est un peu déstabilisant. On perd une fonction, il faut déplacer ses centres d’intérêt. On en revient à ce qu’on disait à l’instant : il faudrait toujours rester soi-même à la première place. Ne jamais s’oublier au profit des enfants.

GALA : Dans le film, à un moment, Alain dit à sa fille : « Il faut trente ans d’amour dans les bottes pour comprendre ça. » Est-ce que, comme dans le travail, on gagne de l’expérience en matière de vie conjugale avec l’âge ?
K. V. :
On sait ce qu’on veut et ce qu’on ne veut plus. Quand on a eu le courage de faire le grand saut et de se séparer passé 50 balais, on sait qu’il y a des choses qu’on ne voudra plus jamais vivre. Et quand on rencontre quelqu’un qui nous correspond, on connaît le prix de ce bonheur. Ce qui est étonnant, après des années de vie commune, c’est lorsque l’un en a ras le bol au point de partir, et que l’autre est prêt à continuer. On se demande sur quel mensonge, quelle non-communication, était fondé ce couple pour qu’il y ait un tel fossé dans le ressenti.

“Il faudrait ne jamais s’oublier au profit des enfants”

GALA : Le premier secret des couples qui durent est donc cette évidence : il faut se parler ?
K. V. :
Mais oui ! Tout se discute. Les vacances ou les repas du dimanche chez les beaux-parents, par exemple. Au lieu d’en faire des scènes, on devrait pouvoir se dire : « Je viens de temps en temps, pas à chaque fois, mais toi vas-y si c’est important pour toi. Et je ne te juge pas. »
F. D. : Il ne faut pas garder pour soi les reproches, les accumuler comme une collection de timbres. Mieux vaut de petites engueulades pour régler de petits problèmes…
K. V. : Il ne faut jamais s’oublier au prof it des enfants mais il ne faut pas non plus qu’un des deux s’oublie dans la relation en pensant que c’est pour le bien de son couple.
F. D. : Oui, il faut bannir la phrase : « On ne fait qu’un ». Il faut faire deux.
K. V. : Et même faire trois ! Un plus un, plus le couple.

* Nouveau départ, de Philippe Lefebvre, avec Karin Viard, Franck Dubosc, Clotilde Coureau. Actuellement en salles.

Le Gala dans lequel cette interview se trouve est disponible en version numérique dès ce jeudi 28 septembre. Abonnez-vous à Gala sur Prismashop pour recevoir le magazine directement à votre domicile.

Crédits photos : Marcel Hartmann

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