Interview – Julie (Loft Story) : ses confidences sur son couple avec Christophe, la désillusion de son mari, la téléréalité

Ce mercredi 7 avril, TMC diffuse le documentaire Les 20 ans de la téléréalité : du Loft à Secret Story. L’occasion pour Julie de se confier à Voici.fr sur son incroyable expérience mais également sa belle histoire avec Christophe, avec lequel elle a formé le tout premier couple de la téléréalité.

Julie – Loft Story Demme

Christophe – Loft Story Mercy


Déjà 20 ans ! Le 26 avril 2001, 11 candidats participaient à une expérience inédite en France : une téléréalité d’enfermement. Avec Loft Story, M6 avait ouvert la voie à beaucoup d’autres émissions de ce genre. Des années après avoir été scrutés quotidiennement pas des millions de Français, Julie et Christophe donnent de leurs nouvelles dans le documentaire Les 20 ans de la téléréalité : du Loft à Secret Story, sur TMC. Désormais mariée à l’ancien candidat de l’émission et maman de deux enfants, Julie s’est confiée à Voici.fr sur son expérience, les difficultés de son homme à la sortie du Loft, mais également sa vision de la téléréalité qui a beaucoup changé.

As-tu hésité avant de participer au documentaire avec ton mari Christophe, sachant que vous aviez décidé de vous éloigner de la télé ?
Depuis octobre-novembre, on sait qu’il y avait les 20 ans du Loft. On savait qu’on allait être sollicités par diverses émissions dans le cadre de cet anniversaire. On s’était dit que c’était le dernier moment où on pouvait donner notre point de vue et partager. Et 20 années se sont écoulées, on a construit notre vie de famille, on est posés, plus réfléchis. On a pris du recul, on est plus serein. Donc on s’est dit qu’on allait jouer le jeu. Je ne vais pas mentir, il y a aussi une rémunération qui n’est pas négligeable. On a un métier Christophe et moi et on ne peut pas se permettre de refuser. C’est un ensemble de choses : il y a le côté nostalgique, même vis-à-vis des enfants, Matis, 18 ans, et Solan qui a 10 ans. C’est chouette de les faire participer à distance à cet anniversaire. Mais on le voit comme une parenthèse, celle des 20 ans, et fin avril-début mai elle se refermera et on reprendra nos activités classiques.

Avec Christophe, vous êtes le premier couple issu de la téléréalité. Avez-vous connu des moments compliqués lors de votre sortie du Loft ?
Ce qu’on avait commencé à construire dans le Loft, on a voulu voir ce que ça pouvait être dans la vraie vie, parce que c’est quand même autre chose. On s’est vraiment rendu compte qu’on avait les mêmes aspirations, la même philosophie de vie, les mêmes valeurs. C’est pour ça que ça a vraiment matché. On est vraiment l’âme sœur de l’un et l’autre. Ce qui est très étonnant, c’est qu’on est très différents. Dans la vraie vie, on ne se serait jamais rencontrés parce qu’on n’évolue pas du tout dans les mêmes sphères. Ce n’était pas du tout le type d’homme pour lequel j’aurais accroché. C’est le Loft qui a donné cette opportunité. Après je ne vais pas mentir, on est un couple comme beaucoup, il y a eu des hauts et des bas. Ce qu’on privilégie, c’est la communication. Ça nous a aidés aujourd’hui à être toujours ensemble parce qu’on est bienveillants l’un envers l’autre, on est à l’écoute et on laisse aussi à chacun sa part de liberté.

Dans le documentaire, tu reviens sur les moments intimes avec Christophe et ton inquiétude au sujet des images diffusées. Comment ont réagi vos proches à l’époque ?
C’est vrai que ça m’inquiétait un peu. On a eu la chance que les projecteurs étaient vraiment focus sur l’histoire Loana-Jean-Edouard, donc ça nous a permis de pouvoir vivre notre histoire de façon plus discrète. Et tant mieux, peut-être qu’il y aurait eu d’autres images diffusées ! On a été assez épargnés. Après, c’était un peu fleurette, on était un couple normal. Mes proches l’ont hyper bien perçu, ils ont trouvé ça romantique. Mes parents n’ont pas été choqués et ils ont trouvé ça plutôt mignon.

A un moment, tu taquines Christophe au sujet de sa victoire avec Loana. Etais-tu un peu jalouse à l’époque ?
Pas du tout ! J’étais trop fière qu’il gagne et je trouvais que c’était juste. C’était le garçon le plus apprécié, c’était le médiateur, le bon pote. Les filles ne l’ont jamais nommé. Le but du jeu, et ce que la production avait mis en avant, c’était une histoire d’amour pour les gagnants. Et je me suis dit : ça aurait été bien ! Ça nous aurait fait quand même 230 000 euros en plus ! (rires) Non, j’étais contente pour Loana. Elle le méritait, elle en avait besoin. C’est juste pour la boutade dans le sens où on est un couple et le couple aurait dû être Julie et Christophe.

Qu’est-ce que Christophe a fait de tout cet argent ?
Il a investi. Ce qui est génial et je trouve que c’était très intelligent de la part de la production de l’imposer : il fallait que les 2/3 de la somme soient investis dans l’immobilier. Ils nous versaient l’argent sur les comptes uniquement quand on leur transmettait la promesse de vente. A 24 ans, c’est chouette. On a la chance aujourd’hui de ne pas avoir de crédit parce qu’on a investi dans la pierre. Après, on n’a pas fait énormément fructifier, on n’a pas dépensé non plus outre mesure. On a repris notre travail pour pouvoir vivre au jour le jour, mais ça a fait une petite avance dans la vie.

C’était une évidence pour vous de vous éloigner de ce milieu et de la médiatisation ?
On était contents de profiter des opportunités qui nous étaient proposées à la sortie du Loft et il y en a eu plusieurs. On a été animateurs télé avec Stéphane Tapie, j’ai sorti un single et un clip, on a été représentants de sportswear, on a fait pas mal de séances dédicaces. Mais on s’est toujours dit que ça resterait une parenthèse. Ça ne nous ressemblait pas, ce n’est pas ce qu’on avait envie de construire. On a été gâtés, on en est conscients. On voulait un enfant et à Paris, c’était hors de question. Tout était logique !

« La téléréalité d’aujourd’hui est triste et pathétique »

Recevez-vous toujours des propositions d’émissions ?
On a toujours eu régulièrement des propositions pour évoquer notre couple ou la téléréalité, mais on a toujours refusé les émissions de témoignages. C’est plus Christophe qui est de cet avis, mais on n’a pas trop envie de flatter notre ego et montrer notre visage gratuitement. Je vais être honnête, il y a un intérêt des chaînes qu’on soit présents. Donc s’il n’y a pas de rémunération, je ne vois pas pourquoi de façon systématique on montrerait nos visages. Il fallait aussi préserver nos enfants. Moi, je suis un peu différente, j’aime bien la lumière et les paillettes. Mais Christophe a dit non, on peut se brûler les ailes, vis-à-vis de notre famille, c’est dangereux. Et il a raison parce que ce n’est pas anodin de se mettre en avant.

Christophe a dit dans une interview à Gala qu’il avait mis 6 ans avant de travailler à nouveau. Le regard des autres était si lourd que ça à supporter ?
Oui ! Il avait beaucoup d’idéaux. Il était vraiment d’extrême-gauche, très tourné vers les autres, très généreux et ça lui a un peu cassé tous ses rêves et sa naïveté. Quand il s’est rendu compte de ce qu’était la téléréalité, ce que ça pouvait engendrer, ça l’a un peu brisé. Il lui a fallu énormément de temps pour se reconstruire. Il avait un côté énervé, en colère et il a eu besoin de se reconstruire aux côtés de sa famille et ses amis proches pour pouvoir être à nouveau serein pour vivre dans son quotidien. Ça l’a complètement fragilisé cette expérience.

Pourquoi concrètement était-il en colère ?
L’humain n’est pas comme il aimerait qu’il soit. A la sortie du Loft, il a été déçu par le monde entier ! Par plein de choses ! Même sa famille, ses amis étaient un petit peu différents alors que lui, c’est le mec simple. Le fait qu’on le mette sur un piédestal, qu’on ne lui parle pas de la même façon, ça l’a détruit. C’était pas ça la vie pour lui.

A-t-il repris ses activités aujourd’hui ?
Il a travaillé pour son meilleur ami pendant 10 ans dans une boîte de composants électroniques. Il avait une petite chaîne de montage, il s’occupait des composants LED. Il a arrêté, il est au chômage depuis un an et il aimerait reprendre un poste d’auxiliaire de vie, après l’été.

Quel est ton regard sur la téléréalité aujourd’hui ?
Je trouve que c’est assez triste et pathétique. Ça me gêne, je trouve ça malaisant. Moi, je prône la valeur du travail. J’interviens régulièrement dans des lycées et grandes écoles pour parler du tourisme, du milieu professionnel et donner des conseils pour des entretiens d’embauche et je me rends compte que le modèle aujourd’hui ce sont ces influenceurs qui gagnent énormément d’argent en peu de temps. Certes ça existe et on a cette possibilité de gagner beaucoup d’argent mais c’est une niche, ce n’est pas pour tout le monde et je ne veux pas ça pour la jeunesse d’aujourd’hui. J’espère que les étudiants vont continuer à avoir des envies et créer avec leurs compétences. Et cette téléréalité participe à cette notion du vide. Je mets en parallèle les réseaux sociaux et la téléréalité qui est vide de sens. Il y a une corrélation entre les deux qui me déplaît. On enlève la créativité de nos jeunes, je le vois avec mon fils de 18 ans, c’est difficile de le sortir de son téléphone.

Comme Christophe, tu refuses catégoriquement que ton fils fasse un jour de la téléréalité ?
Non, je n’ai pas le même discours. Mais ça me ferait beaucoup de peine. Je vais essayer au maximum de communiquer et de montrer les côtés négatifs. On échange et on argumente pour que de lui-même, il soit le plus armé possible pour ne pas avoir envie de participer à ces émissions et faire autre chose de sa vie. Mais je ne suis pas si catégorique.

Est-il attiré par ce genre d’émissions ?
Oui, bien sûr ! Il a 18 ans. Mais il a une belle vision, il est conscient. Je suis assez fier de lui vis-à-vis de sa réflexion et de sa maturité. Il est assez doué pour les relations humaines, il a une maturité qui me plaît beaucoup donc je suis confiante en ce qui concerne son avenir et ce qu’il pourra être plus tard.

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