Accueil » Célébrités »
Interview de Thierry Frémont : "Je fais l'acteur pour m'oublier"
Invité du 39e Festival Saint-Gervais Mont-Blanc d’humour, le comédien nous révèle à quel point ce métier l’a sauvé…
Que ce soit au théâtre, au ciné ou à la télé, dans des rôles aussi divers que complexes, l’acteur natif d’Ozoir-la-Ferrière (Seine-et- Marne) continue de savourer sa chance de faire ce métier qui le passionne. Convié au Festival Saint-Gervais Mont-Blanc d’Humour, du 18 au 23 mars, il nous confirme aussi qu’entre L’Affaire Dreyfus et Dans la tête du tueur (Francis Heaulme), il n’est pas le dernier à rigoler.
France Dimanche : Qu’est-ce qui vous plaît dans ce festival dont vous êtes un vrai fidèle ?
Thierry Frémont : De découvrir les nouvelles tendances de l’humour, dans un super cadre, avec des artistes géniaux ! La programmation d’Arthur Jugnot est généralement excellente, ce qui fait qu’on se marre bien. Et même si je ne pratique plus le ski depuis deux ans à cause d’une blessure au genou, j’adore ça, la neige, la montagne, l’ambiance.
FD : Vous avez joué des personnages aussi complexes qu’éclectiques, mais duquel vous rapprochez-vous le plus ?
TF : Aucun, j’espère ! Car je fais justement ce métier pour m’éloigner de moi-même. Ce que j’aime, c’est emprunter un chemin pour devenir quelqu’un d’autre, découvrir une frange de la société à laquelle je n’appartiens pas, décoder les codes, s’oublier pendant un temps… C’est pour ça que j’ai fait ce métier d’acteur.
FD : Quels sont les rôles qui vous ont le plus marqué ?
TF : Entrer dans la peau de Francis Heaulme a été une aventure particulière. Un voyage assez sinistre, mais qui m’a aussi apporté beaucoup de joie et permis d’acquérir des lettres de noblesse à l’international. C’est peut-être grâce à ça que je viens de partir presque un an en Australie tourner une grosse série pour Disney, en anglais, qui s’appelle Nautilus et qui sera diffusée en fin d’année.
FD : Avez-vous toujours voulu être acteur ?
TF : Non, c’est une mauvaise orientation à l’école qui m’y a conduit. Fils d’ouvrier, en seconde, on m’a collé dans une filière technique. Malheureux, je ne me sentais pas à ma place et j’avais l’impression d’être en train de me faire avoir par le système. Ce qui m’a poussé à me responsabiliser, et en 1re, j’ai passé une nuit entière à m’interroger : « Qu’est-ce que je voudrais être, faire ? » Et j’en revenais toujours à ce même désir de m’échapper de moi-même, vivre mille vies, prendre la langue française à bras-le-corps, qu’on me regarde… Donc, acteur. Sans cela, je n’aurais peut-être jamais fait ce métier que j’aime passionnément, malgré l’inconfort et les montagnes russes qu’il occasionne parfois.
FD : Papa de deux enfants, Inès, 10 ans, et Noé, 5 ans (fruits de ses amours avec sa compagne, Gina), qu’est-ce que la paternité a changé en vous ?
TF : Ça n’a fait qu’amplifier mes inquiétudes face à l’avenir. Être soudain responsable d’une famille n’est plus tout à fait la même chose que de n’avoir à s’occuper que de soi. Disons aussi que ça m’a fragilisé, mais dans le bon sens. Aujourd’hui, lorsque je vois des films avec des enfants, je suis ébranlé en deux secondes, bouleversé.
FD : Théâtre, ciné, télé… Vous êtes un vrai touche-à-tout ?
TF : Toujours ! Je reviens d’ailleurs en septembre, au théâtre Hébertot à Paris, dans une pièce magnifique, Le Repas des fauves [3 Molières, ndlr]. Je prends les beaux projets où ils sont, quel que soit le vecteur.
FD : Le temps qui passe vous angoisse ou vous bonifie ?
TF : Il ne m’angoisse pas, ça c’est sûr. Maintenant, me bonifie-t-il ? Je l’espère… En tant qu’homme et artiste, on va à l’essentiel, directement au cœur de ce qu’on doit faire. C’est ça la maturité, non ? En tout cas, ça me plaît bien !
Propos recueillis par Caroline BERGER
Source: Lire L’Article Complet