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Interview de Jérémie Falissard ("Top Chef") : “En cuisine, j'ai souffert de harcèlement”
Au menu de cette saison 14, un artiste dans l’âme qui nous fait partager son extrême sensibilité et son goût du travail bien fait…
Ici Paris : Vous possédez déjà 3 restaurants, 3 pizzerias et 3 bars à Montréal, au Canada. Quel est l’intérêt de vous lancer dans l’aventure Top Chef ?
Jérémie Falissard : J’ai été contacté par la production, mon profil les intéressait pour cette saison. Et comme je suis quelqu’un qui aime relever des challenges, j’ai dit oui tout de suite. Et puis, j’ai beau avoir de l’expérience, je continue d’avoir soif d’apprendre.
Vous avez appris le métier dans des conditions difficiles, vous avez même souffert de harcèlement en cuisine. Les mentalités ont-elles évolué depuis vingt ans ?
Aujourd’hui, les chefs ne peuvent plus se comporter comme à mon époque, à la dure. La nouvelle génération ne l’accepterait plus et d’ailleurs tant mieux. Parce que ça peut aller très loin. J’ai connu du harcèlement moral, de l’intimidation physique.
Dans l’autorité, certaines attitudes pouvaient ressembler à celles de militaires. Quand tu as 18 ans et que tu apprends ce métier qui est déjà compliqué dans ces conditions, tu baisses les bras. J’ai été dégoûté par le métier de cuisinier.
“Malgré mes 40 ans, je ne me sens pas en décalage avec les autres”
Après quatre ans de cuisine, vous décidez d’ailleurs de faire un break…
Oui, j’avais besoin de changer de cadre, de sortir des cuisines. Dans le métier de chef, j’étais surtout attiré par le côté artistique, le dressage, le travail de beaux produits. Mes parents sont des artistes, mon père dans la musique, ma mère dans l’art, j’ai sans doute hérité de leur sensibilité. J’ai travaillé dans des bars, j’ai été gérant dans un restaurant. Et puis j’ai eu l’opportunité d’ouvrir mon premier restaurant à Montréal et je me suis réinstallé en cuisine après le départ de mon chef. Avec ce que j’avais pu vivre dans le passé, je savais ce que je ne voulais pas : me comporter comme « les vieux cons » que j’avais pu croiser.
N’est-on pas trop vieux pour participer à Top Chef à 40 ans ?
(Rires.) Dans mon cas, non ! Je crois que la production s’est posé la question. Je ne me suis pas senti en décalage avec les autres. Les échanges étaient super fluides entre nous. J’ai bien accroché aussi avec le chef Glenn Viel, avec qui je n’ai que 2 ans d’écart. On s’est vraiment bien entendus sur tous les plans.
Que retiendrez-vous de l’émission ?
C’est une compétition extrêmement exigeante et qui demande beaucoup d’investissement physique et mental. Et puis, pouvoir échanger avec des grands chefs, c’est un luxe qu’on n’a pas tous les jours.
Après avoir passé vingt ans à l’étranger, vous n’envisagez pas un retour en France ?
J’y pense mais peut-être pas maintenant. Ma vie est ici, au Québec. Ma femme est québécoise, j’ai deux enfants de 6 ans et 4 ans, un garçon, Nolan et une fille, Bowie. Ils sont très intrigués par la cuisine mais il ne faut pas que je les force, à leur âge, cuisiner doit rester un jeu.
“Ma vie est au Québec, avec ma femme et mes deux enfants”
Vous êtes fan de tatouages. Vous reste-t-il encore de la peau non tatouée sur le corps ?
Sur le front, je crois ! (Rires.) J’ai commencé à 18 ans. Je me promenais dans les rues de Barcelone avec ma mère qui est plutôt rock’n’roll et elle m’a dit : « Si tu en as envie, fais-le ». J’ai commencé par un tatouage et maintenant j’en ai partout…
PROPOS RECUEILLIS PAR THOMAS PROME
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