Interview de Jean-Charles Chagachbanian : “Je suis un pessimiste optimiste !”

C’est le rôle de Franck dans "Plus belle la vie" qui l’a révélé au grand public. Aujourd’hui, c’est dans le registre de Molière que Jean-Charles brille !

Cet été, vous serez au Festival d’Avignon, et vous êtes né tout près : c’est un peu chez vous !

En effet, je suis né de l’autre côté du pont, à Villeneuve-lès-Avignon. J’ai encore de la famille là-bas : mes parents et ma sœur. Ils sont fans ! Mais je ne suis pas Vauclusien, je suis Gardois. Je suis content de jouer à domicile.

Avant d’être acteur, vous avez commencé en tant que coiffeur.

Oui, j’ai fait une école de coiffure, mais je n’ai jamais travaillé en salon. J’ai découvert la scène en coiffant les artistes à l’Opéra d’Avignon. Ça m’a donné envie de faire du théâtre. J’ai débuté comme figurant, j’ai même chanté dans une opérette alors que je n’étais pas chanteur ! J’avais 17 ans, et je me suis retrouvé en tournée à Bordeaux, dans des salles de 2 000 places, alors que je n’avais jamais chanté !

Et depuis, vous étiez décidé à monter sur les planches…

Oui, j’ai pris des cours au Théâtre du Chêne noir, puis je suis monté à Paris. J’ai fait le Cours Florent, la classe supérieure des conservatoires, l’École de la rue Blanche de 1991 à 1993. Et c’était parti pour quinze ans, à Avignon, Paris, en province, dans le Nord-Pas-de-Calais. Avant que la télé n’arrive.

“Ce Misanthrope est mûr, avec un emballage moderne”

Vous aviez déjà joué dans la pièce du Misanthrope

Oui, mais j’étais jeune. Là, c’est un Misanthrope mûr, avec un emballage moderne. Ça a été un succès l’an dernier au Théâtre des Lucioles, à Avignon. C’est une vraie performance. Une pièce intemporelle, qui résonne en nous. On parle des réseaux sociaux, des portables, pour autant Molière n’est pas du tout trahi, le texte est respecté. L’auteur était un génie, il traverse les siècles et reste toujours d’actualité. Le Misanthrope est un homme désespéré et c’est un personnage très profond dans un monde superficiel. Il ne supporte plus les hommes, il est amoureux de Célimène, qui est son contraire. C’est une histoire d’amour impossible.

Auparavant, vous avez joué dans Les autres ne savent pas ce qu’ils disent, Zoo Story, La Chambre blanche, Ici aujourd’hui

J’ai beaucoup travaillé avec Gérard Lartigau qui était prof à la rue Blanche et est devenu un ami. Il m’a mis en scène plusieurs fois, il a vraiment compté dans ma vie.

Pourtant c’est surtout votre rôle dans le feuilleton Plus belle la vie, en 2007, qui vous a fait connaître.

Oui, Plus belle la vie m’a donné une certaine popularité. C’est une série historique aujourd’hui, une réussite comme série française, et, pour moi, ça a été une aventure extraordinaire. Parce que ça apprend à travailler vite. On n’est pas perdu sur un autre tournage. Mais dans ce feuilleton, je préfère la partie comédie que les drames.

Vous y avez aussi trouvé l’amour, avec l’actrice Juliette Chêne (alias Juliette Frémont), tandis que vous incarniez Franck Vecchio/Ruiz.

On ne tournait pas ensemble, mais on s’est rencontré pendant le tournage, à Marseille. L’année où je suis arrivé, elle partait. Mais vous ne saurez rien sur ma vie privée : pour vivre heureux, vivons cachés !

Plus belle la vie a été une aventure extraordinaire”

Vous avez joué avec elle dans une pièce montée par son père, Patrick Chêne, C’est pas gagné !, en 2010. Comment était-ce de jouer ensemble ?

Super ! Une partie du travail n’est pas à faire, la complicité existe déjà. En 2016, on a aussi joué dans La Vie en douce que j’ai écrit. Peut-être qu’on refera autre chose ensemble…

Parlez-nous de votre autre pièce, Nos histoires

L’auteure, Frédérique Auger, est franco-québécoise et elle joue avec moi dans cette pièce. Je la connaissais déjà. Nos histoires traite de l’emprise d’un homme sur une femme et d’une mère sur son fils. C’est une belle histoire d’amitié entre deux personnages qui vont se donner les armes pour se sortir de leur emprise. Le couple est très attachant. Ce n’est pas une pièce dramatique.

Est-ce un sujet qui vous parle ?

Pas directement, non. En revanche, j’ai connu des gens sous emprise, mais je n’ai jamais été touché personnellement.

Avez-vous le trac avant d’entrer en scène ?

Non, je refuse. J’ai juste une montée d’adrénaline. Je n’aime pas les loges, qui sont un sas de passage. Je reste dans la vie. Le Misanthrope, c’est un tunnel pour moi. Les scènes sont difficiles au niveau de l’énergie, des émotions. On est huit sur scène. Mais on donne du plaisir aux gens. Ce n’est que du théâtre. On va tous mourir un jour. Rien n’est grave.

Avez-vous des projets ?

Oui, au théâtre et à la télé, mais rien n’est encore acté. Le Misanthrope se jouera en janvier à La Cartoucherie et sera en tournée entre septembre 2023 et septembre 2024. Le 26 septembre, il sera en ouverture de la saison au Théâtre Princesse-Grace, à Monaco. Nos histoires se jouera au Québec.

Êtes-vous de nature optimiste ?

Non. Je suis un pessimiste optimiste. On est dans une société difficile, mais la vie est belle malgré tout. On essaie de s’accrocher aux bonnes choses. Pour sauver sa peau, il faut bien s’entourer.

Allez-vous partir en vacances ?

Je vais me reposer en août car juillet est intense. Il y a seulement relâche les mercredis pour les deux spectacles que je joue à deux heures d’intervalle.

PROPOS RECUEILLIS PAR ELSA CHEMOR

À voir…

Le Misanthrope, de Molière, mise en scène de Thomas Le Douarec, Théâtre des Lucioles à Avignon, du 7 au 29 juillet. Histoires, de Frédérique Auger, mise en scène de Giorgiarni, au Théâtre du Cabestan à Avignon, du 7 au 29 juillet.

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