Accueil » Célébrités »
Interview d'Arnold Schwarzenegger : “Sans neurones, je n'aurais pas pu forger ce corps !”
Actuellement à l’affiche d’une série sur sa vie privée, “Gouvernator” se confie ici, sans filtre et sans la moindre réserve !
À bientôt 76 ans, Schwarzy fait les beaux jours de Netflix en se livrant à cœur ouvert sur sa carrière et sa vie privée dans une série documentaire (en trois parties) intitulée tout simplement Arnold. Jamais l’ex-Terminator ne s’était montré aussi touchant et réaliste. Pour l’heure, le bodybuilder qui fit léviter bien des dames en soulevant des tonnes de fonte a accepté de nous parler du poids… des années !
France Dimanche : On a souvent loué votre incroyable plastique mais aussi votre phénoménal Q.I. Quelle qualité préféreriez-vous que vos biographes mettent en avant ?
Arnold Schwarzenegger : Vous savez, sans un caractère déterminé, sans la force de l’esprit et quelques neurones, je n’aurais pas pu forger ce corps ! Tout est intimement lié. À 15 ans, j’ai compris quel sens j’allais donner à ma vie. Sur les berges du Thalersee, le lac de Thal, en Autriche, je suis tombé sur des athlètes en plein entraînement. Je les ai vus faire des tractions tout en étant accrochés aux branches, je les ai vus boxer, soulever des poids, suer, repousser leurs limites. Alors je me suis rendu à l’Athletik-Union, le club d’haltérophilie de Graz. À cette époque, je voulais être fort et musclé… et me forger une belle destinée !
FD : Quelle leçon en avez-vous tirée ?
AS : L’une des leçons les plus importantes de ma vie, c’est de n’avoir jamais écouté les pessimistes ou les indécis. À chaque fois que je voulais tenter quelque chose, j’entendais : « Tu n’y arriveras pas ! » Les gens qui pensent « petit », j’ai appris à les ignorer et je n’avais qu’une envie : les contredire. Je n’étais pas le bodybuilder le plus performant, mais je me suis efforcé de le devenir en m’entraînant plus que quiconque. Et comme j’étais affamé, j’ai dû mettre les bouchées doubles ! Toute ma vie, j’ai fonctionné comme ça. En me lançant des défis et en y allant à fond ! Pour moi déjà, mais aussi pour dire merde à celles et ceux qui m’avaient jugé incapable.
FD : Rien n’est donc arrivé par hasard !
AS : Non ! J’ai toujours mis toutes les chances de mon côté. Quand j’ai décidé de devenir acteur, par exemple, j’ai pris des cours de théâtre, des cours d’anglais et j’ai dépensé beaucoup d’argent pour gommer mon accent teuton. Remarquez, sur ce dernier point, cela n’a pas vraiment marché. J’envisage même de demander à ma prof de placement de voix qu’elle me rembourse ! J’espère qu’elle est encore en vie ! [Rires.]
FD : N’avez-vous jamais songé à lever le pied ?
AS : Non ! Parce que le bon temps, je le prends en travaillant. Je déteste buller. Après six heures de sommeil, je me réveille en me sentant coupable d’être encore au lit ! Il faut que je sois dans l’action. Je suis heureux quand je suis productif et que l’on me confie certaines responsabilités. Aussi le mot « retraite » ne fait pas du tout partie de mon vocabulaire. J’ai exercé dans ma vie des métiers que j’aime, alors pourquoi voudriez-vous que je dise stop aujourd’hui ? Cela ne me poserait aucun problème de tourner jusqu’à 90 ans !
FD : Vous semblez inoxydable ! Quel est votre secret pour ne pas rouiller ?
AS : On ne peut rien contre la décrépitude, ce qu’on peut essayer de faire, en revanche, c’est de repousser le plus loin possible cette échéance. Mais j’ai un truc infaillible pour rester au top : quand j’ai faim, au lieu de me taper une bonne tartine de pain beurrée, je cours chercher une photo de moi quand j’avais 20 ans. Puis, je la place à côté de la tartine. Et je me dis : « Que préfères-tu Arnold ? La tartine ou le physique que tu avais avant ? ». Ça marche à tous les coups.
FD : Plus sérieusement !
AS : Franchement, cela m’emmerde de vieillir. Cela m’affecte de ne plus être celui que j’étais autrefois. Mon but aujourd’hui, c’est de ne pas trop régresser, de me maintenir au mieux de ma forme ! Il arrive un âge où les hommes fabriquent moins de testostérone, ce qui signifie que le corps produit moins de muscles. Et qui dit moins de muscles sous-entend que vous pouvez vous blesser plus facilement. Bref, je suis devenu vulnérable et je n’aime pas ça !
Ma santé aujourd’hui, je dois la surveiller. Pendant des années, j’ai été une sorte de bolide avec un moteur bien huilé et puis soudain, j’ai commencé à perdre des pièces mécaniques en route. Pour que la voiture ne s’arrête pas sur le bas-côté, je l’entretiens comme je peux. Chaque matin, je me rends à vélo jusqu’au Gold’s Gym, histoire de faire un peu d’exercice.
FD : Vous avez une telle détermination en vous que l’on est en droit de se demander si vous n’êtes finalement pas un vrai robot programmé pour ne jamais débrancher !
AS : Qui sait ? Quand James Cameron m’a vu dans son bureau pour la première fois pour le rôle du Terminator, il a été tellement impressionné par ma musculature qu’il décida de changer tous les plans de sa production ! À l’époque, des gens ont cru que j’étais vraiment une machine ! On m’a souvent dit que j’avais une gueule et une démarche de robot, et ce, avant même que j’en incarne un !
FD : Vous plaisantez ?
AS : Pas du tout ! La gueule, je n’y peux rien. Quant à ma démarche, quand vous avez pratiqué le culturisme pendant des années, vos quadriceps sont tellement développés que votre manière de vous déplacer est forcément différente de celle d’un type de 60 kilos. Donc je n’ai eu aucune difficulté à me remettre dans la peau de ce personnage. Au fil des décennies, il est devenu une sorte d’extension de moi-même.
Il est vrai que je l’ai joué tellement de fois ce robot que j’en suis fier. C’est l’un des personnages les plus universels de toute l’histoire du cinéma. Le blouson de cuir noir, les bottes, les lunettes de soleil, sa façon de marcher, ça parle tout de suite aux gens !
FD : Vous n’en avez pas marre d’être associé à des films violents ?
AS : Les films d’action ont toujours bien marché au box-office. Il n’y a pas de raisons que cela change. Et vous savez pourquoi ? Parce que nous aimons tous le spectacle qui découle de la violence. Parce qu’il vaut mieux se taper sur la gueule dans une grosse production que pour de bon sur un champ de bataille avec des milliers de morts à la clé.
Les spectateurs veulent que les bad guys soient punis. Ils veulent jubiler en voyant ces vilains souffrir, comme ont souffert leurs victimes. Ce n’est peut-être pas très moral, mais c’est humain. Et mes films servent à divertir. Rien de plus. On ne cherche pas à éveiller les consciences ou à envoyer des messages.
FD : Il paraît que votre père avait la main lourde et qu’il vous confondait avec un punching-ball. Est-ce pour cette raison que vous vous êtes lancé dans le bodybuilding ?
AS : Mon père, c’est vrai, m’a souvent frappé au visage dans ma jeunesse. Aujourd’hui, s’il était encore en vie, il serait certainement jugé pour mauvais traitements. Mais à l’époque, ça faisait partie du « package » éducationnel. Cela ne m’a pas traumatisé pour autant.
Et puis, j’ai été moi-même sévère avec mes enfants, mais moins que mes parents. Contrairement à mon père, je n’avais pas besoin de frapper pour me faire respecter. Hausser la voix, ou même un simple regard, suffisait pour me faire comprendre.
FD : Pouvez-vous nous dire ce qui a pu pousser un ex-Monsieur Univers à devenir acteur, puis gouverneur de Californie ?
AS : Parce que je souhaitais renvoyer l’ascenseur à cette Amérique qui m’a donné ma chance.
FD : Après toutes ces années d’expatriation, vous sentez-vous Américain ou Européen ?
AS : Je suis né en Autriche et je resterai autrichien jusqu’à la fin de mes jours. J’aime le pays où j’ai grandi et il n’y a aucune raison pour que je renie ma nationalité. D’un côté, l’Amérique m’a accueilli et m’a rééduqué. Je suis reconnaissant à cette grande nation de m’avoir permis de devenir l’un de ses enfants. Mais je dois admettre qu’une chose m’insupporte en Europe, c’est qu’on sanctionne la réussite.
FD : Vous pourriez revenir vivre en Europe ?
AS : Cela me traverse parfois l’esprit. Mais quelques secondes seulement. J’aime ma vie aux États-Unis. En même temps, je suis très heureux quand je me rends en Autriche. Je pense d’ailleurs que beaucoup de pays européens ressemblent aujourd’hui à l’Amérique ! Le niveau de vie a sensiblement évolué. Ce qui n’était pas le cas quand j’ai quitté l’Europe. Mais, dans les années 60, le futur, c’étaient les USA, et pas ailleurs.
Les gens avaient de l’argent, roulaient dans des voitures modernes, prenaient l’avion, construisaient des gratte-ciel, des ponts prodi-gieux, des enchevêtrements aériens d’autoroutes, etc. C’était la terre des superlatifs et je voulais faire partie de cette communauté qui vous donnait des ailes.
FD : Votre famille venait-elle vous rendre visite au Capitole (de l’État américain qu’il présidait) lorsque vous étiez gouverneur de Californie ?
AS : Rarement. Ils trouvaient ça ennuyeux. Les discussions sur les budgets de l’État ou sur les dossiers fiscaux ne les intéressaient pas. Ce qui n’était pas le cas lorsque j’étais 100 % acteur. Je revois mes enfants passer des heures et des heures dans ma caravane à faire leurs devoirs et à me demander : « Hey Dad, quand penses-tu tourner une scène avec plein d’explosifs ? » Le contexte avait changé. C’étaient les dossiers que je traitais qui pouvaient être… explosifs ! [Rires.]
FD : Que voulez-vous que les gens retiennent de vous ?
AS : Ce n’est pas à moi de le dire… Certains se souviendront de mes actions pour l’environnement quand j’étais gouverneur. Je pense avoir réalisé de grandes choses dans ce domaine et avoir poussé la Californie à donner l’exemple. D’autres personnes se souviendront que j’étais ce grand balaise qui a su démocratiser le fitness en Amérique et a prôné une certaine hygiène de vie.
D’autres, que j’étais le mec qui donnait du fil à retordre à Sylvester Stallone à Hollywood. Sly est mon ami. Il m’a toujours soutenu dans mes actions. Et même durant la période où nous étions en compétition frontale. C’était l’époque où nos ego s’affrontaient. C’était à qui montrait les plus gros biceps, le moins de graisse aux abdominaux et à qui flinguerait le plus de vilains en une minute chrono ! On s’est bien amusés !
FD : Qui sont les vrais méchants aujourd’hui ?
AS : Les pollueurs qui contribuent au réchauffement climatique. Je suis consterné en voyant l’état dans lequel se trouvent les océans. C’est un univers à part entière qui joue un rôle essentiel, pour ne pas dire majeur. Nous savons tous que la mer est une source pourvoyeuse de denrées alimentaires, d’énergie, de mobilité et l’essentiel de ce qu’elle nous apporte n’est pas visible : la régulation du climat, la moitié de l’oxygène que nous respirons et l’absorption d’une part importante du dioxyde de carbone que nous émettons.
Les scientifiques sont unanimes : le réchauffement climatique détruit plus rapidement le milieu marin que les écosystèmes terrestres. Alors qu’ils représentent 70 % de la surface de la planète, seuls 4 % des océans sont actuellement protégés ! Un chiffre dérisoire face aux nombreux dommages que subissent les écosystèmes marins. Pêche illégale ou en eau profonde, pollutions par les plastiques ou les déchets nucléaires, tourisme… toutes ces activités ont un point commun : l’homme.
Propos recueillis par Frank ROUSSEAU, notre correspondant aux États-Unis.
Source: Lire L’Article Complet