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INTERVIEW – Adeline Toniutti : « La rage de vivre »
Adulée du public de la Star Academy, la professeure de chant est un modèle de résilience, qui puise sa force dans une histoire personnelle jalonnée d’épreuves. Rencontre.
La Star Academy, c’est fini. Si les élèves sont arrivés au château avec le rêve de changer de vie, Adeline Toniutti, elle, ne savait pas réellement à quoi s’attendre. Avec cette aventure, l’ancienne chanteuse lyrique devenue enseignante s’est peut-être livrée plus qu’elle ne l’imaginait.
GALA : Vous êtes devenue aussi populaire que les académiciens. Comment avez-vous vécu cette médiatisation ?
ADELINE TONIUTTI : C’était très nouveau et très inattendu. Je suis reconnaissante au public de cette vague d’amour, et je mesure la grande responsabilité qui découle d’une telle exposition. Je me suis rendue compte que mes paroles et la musique pouvaient atteindre des gens qui vont bien comme des gens qui vont mal, des jeunes en pleine construction, comme des personnes en fin de vie, des gamins harcelés à l’école, des femmes battues. Je n’imaginais pas pouvoir, ainsi, donner de l’espoir et l’envie de se battre.
GALA : Peut-on dire que votre vie est elle-même une succession d’actes de résilience ?
A. T. : Je le crois. Cela a commencé à l’enfance. J’ai vu à la maison, jusqu’à mes 12 ans, la santé de ma grand-mère se dégrader avec la maladie de Charcot, mon arrière-grand-mère déclarer la maladie d’Alzheimer, et mes parents en baver pour s’occuper de tout le monde, jusqu’à la fin. Mon père, facteur, s’était lui-même blessé à une jambe en faisant du bûcheronnage pour ramener un peu d’argent, et il en est sorti handicapé. Nous étions seuls, nous ne partions jamais en vacances, tout paraissait insurmontable. Je n’aurais jamais eu le courage de mes parents. Pour mes deux soeurs et moi, la musique était le seul refuge. Mon père me disait tout le temps qu’elle devait servir à aider les gens. Je chantais dans les baptêmes, les mariages, les maisons de retraite. Cela donnait un sens à ma vie. C’est pour ça que, lorsque j’ai perdu ma voix, je me suis brutalement sentie inutile.
GALA : Chanteuse lyrique à 26 ans, un accident endommage gravement vos cordes vocales et met fin à votre carrière. Vous avez alors voulu mourir ?
A. T. : Je ne pouvais plus chanter, plus parler, plus travailler, je n’avais plus ma place dans la société. Après quelques mois de déni, la dépression s’est installée, puis l’anorexie, j’étais en train de m’éteindre complètement. Et puis il y avait la maltraitance et les coups de mon mari. Ma copine Jenny m’a fait comprendre que ça ne pouvait plus durer. J’ai pris le téléphone, j’ai appelé SOS Femmes battues, et je suis partie.
GALA : On imagine rarement ce qui se passe derrière les portes closes ?
A. T. : Et on le cache, parce qu’on a honte, parce qu’on finit par croire que c’est notre faute si on est battue, on perd la main sur soi-même parce que c’est quelqu’un que vous aime, profondément, qui vous frappe. On se sent coupable de ne pas réagir, mais on vit avec la peur de le faire.
GALA : Cela vous en coûte-t-il de témoigner aujourd’hui ?
A. T. : Si mes mots servent à décider ne fut-ce qu’une seule femme concernée à appeler à l’aide, mes larmes sont bien peu de chose.
GALA : Est-ce que l’on retrouvera dès le mois de février toute votre histoire dans votre spectacle seule en scène, Tel est mon destin, qui mêlera chansons et théâtre ?
A. T. : Toute mon histoire, oui. Je serai au piano, mon passé sera illustré par des covers, parce qu’on a tous des chansons qui ont marqué des moments importants de nos vies, et mes propres compositions porteront le présent et le futur. L’important est, encore une fois, de délivrer un message d’espoir.
Au théâtre de la Gaîté-Montparnasse, à Paris, tous les mercredis, du 15 février au 5 avril 2023.
Propos recueillis par Marc Teynier
Cet entretien est à retrouver dans Gala N°1538, disponible ce jeudi 1er décembre.
Crédits photos : Laurent Vu/SIPA
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