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Interview 1h avec… Anaïs Delva : "en amour, je suis passionnée, parfois collante !”
On l’a parfois cantonnée au titre Libérée, délivrée, mais l’ex-Reine des neiges n’arrête pas. Rencontre avec une fille tout sauf glaçante !
Public : Vous êtes dans la comédie musicale Kid Manoir. Le pitch ?
Anaïs Delva : Ce spectacle retrace un jeu dont Malicia, que j’interprète, est la présentatrice. Quatre candidats viennent réaliser leur rêve en passant des épreuves : les perdants seront enfermés dans le manoir à tout jamais…
Votre personnage est extravagant. Elle vous ressemble ?
Elle est fantasque, haute en couleur, très drôle. Elle me ressemble dans le sens où elle ne réfléchit pas avant de parler. Elle dit ce qui lui vient et je suis comme ça dans la vie, sans filtre, très gaffeuse !
La scène, c’est dans votre ADN ?
Petite, j’étais très réservée, mais j’ai toujours chanté. J’ai fait ma première scène à 12 ans, puis j’ai pris des cours de théâtre au collège, ce qui m’a aidée à soigner ma timidité. Mais j’étais solitaire. Je suis d’ailleurs toujours assez sauvage, même si ce métier m’a rendue plus sociable.
Vous avez tout de suite su que ce serait votre voie ?
Je ne savais pas si ce serait accessible. Je viens de Bar-le-Duc, avec un entourage qui ne voyait pas la scène comme un métier. Du coup, j’ai fait des études, un BAC+4 en commerce et communication. En parallèle, je me produisais avec un orchestre dans des bals. C’est formateur : les gens ne viennent pas pour vous et c’est parfait pour quelqu’un de timide. Je n’étais pas au centre de l’attention.
“Ce milieu m’a poussée à la dépression”
Vous avez pourtant participé à N’oubliez pas les paroles, à 22 ans.
Oui. J’avais besoin d’argent et l’émission m’offrait cette chance en faisant ce que j’aime. Mais j’étais effrayée. C’est impressionnant de savoir que des millions de personnes vous regardent… Moi, je suis une nana de la scène. La télévision m’inhibe.
Pas de télécrochet alors !
J’y ai pensé, et j’ai même passé les castings de la Star Ac. Puis on m’a proposé de faire The Voice, juste avant la sortie de La Reine des neiges. Mais à la fin des castings, je me suis retirée.
C’était dur la médiatisation due à La Reine des neiges, en 2013 ?
Très, d’autant qu’il était inédit qu’une interprète de Disney se retrouve ainsi mise en avant. Je n’étais pas préparée ni accompagnée. On ne m’appelait plus Anaïs mais Elsa. Et j’avais peur d’être enfermée dans quelque chose qui ne me ressemblait pas : moi, j’avais déjà 27 ans, les cheveux orange, mes piercings, mes tatouages…
Certains parents vous en ont voulu de l’enfer que leur a fait vivre Libérée, délivrée ?
(Rires.) Ça m’a toujours éclatée ! Je leur disais : “Ah, vous n’en pouvez plus, hein ?” Maintenant, je leur demande pardon : étant devenue maman, je sais à quel point un enfant peut être en boucle. En même temps, le titre est génial.
Vous dites que, dans ce métier, être une femme est compliqué…
Ça l’est dans la vie ! On nous demande d’être douce, mielleuse, mignonne… De ne pas faire trop de bruit, d’être tirée à quatre épingles. Et dès qu’une femme a du tempérament, on la qualifie d’hystérique… J’y ai été confrontée. Et j’ai eu des moments compliqués dans ce milieu où beaucoup d’hommes utilisent encore leur pouvoir pour exprimer leur misogynie. Cela m’a même poussée à la dépression, car j’ai été traitée de manière ultra injuste. Aux États-Unis, on aurait parlé de harcèlement moral.
L’an dernier, vous avez raconté sur Instagram avoir perdu une petite Alma à plus de quatre mois de grossesse. Pourquoi en avoir parlé ?
C’était le jour de la fête des Mères, qui aurait dû être ma première en tant que maman. J’étais triste et je me suis dit que d’autres femmes se sentaient seules, toutes ces “mamanges” qui ont perdu des enfants. J’ai eu une interruption de grossesse asymptomatique et tardive. Je me suis retrouvée d’autant plus désemparée que souvent, on imagine une femme qui saigne, des maux de ventre… Moi, ça m’est tombé dessus sans prévenir.
Comment s’en remet-on ?
Comme dans tout deuil, le temps fait son affaire. J’ai voulu gérer seule, sauf que les choses vous rattrapent… Je suis une thérapie depuis six mois et ça va mieux.
Trois mois après cette perte, vous êtes retombée enceinte de Livio.
Quelle maman êtes-vous ?
J’essaie de le faire rire tous les jours, même si je suis aussi une maman inquiète.
Vous lui parlerez d’Alma ?
Il n’a qu’1 an, mais je lui ai déjà dit qu’une fée veille sur lui, au-dessus de sa tête.
Vous voulez d’autres enfants ?
Oui, la maternité m’a tant épanouie. J’en veux au moins un autre : à 37 ans, ce sera compliqué d’en faire plusieurs. Surtout qu’être parent est aussi épuisant !
Où avez-vous rencontré votre compagnon ?
Dans le milieu du doublage, il est ingénieur du son. En amour, je suis très investie, passionnée, trop collante parfois. Même si j’essaie d’être à l’écoute de l’autre.
Vous êtes libérée-délivrée de quoi ?
De mes démons, grâce à la thérapie. Je me suis libérée de choses et de gens qui m’ont abîmée. Et je suis en paix. Même vis-à-vis d’Alma, je suis plus apaisée. J’arrive à me réjouir d’avoir tenu ma fille dans les bras, même si elle n’était plus en vie, et d’avoir pu lui dire au revoir. J’ai la chance d’avoir un ange gardien.
Propos recueillis par Maëlle Brun
Dates clés
- 15 mai 1986
Naissance à Bar-le-Duc, dans la Meuse. Passionnée de chant dès l’enfance, elle fait ses premières scènes à l’âge de 12 ans.
- 2013
Disney la choisit pour incarner Elsa dans La Reine des neiges. Le film fait d’elle une star, grâce au tube Libérée, délivrée.
- 2022
Le 31 août, Anaïs et son compagnon ont accueilli Livio, un an après avoir perdu Alma, à quatre mois de grossesse.
- Octobre 2023
Elle est à l’affiche de Kid Manoir, une comédie musicale déjantée qui existe depuis quinze ans mais se réinvente à Paris au théâtre Hébertot. On y court !
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