Accueil » Célébrités »
Injonctions à la performance sexuelle : il témoigne
Sainte Paluche est l’auteur d’un essai à propos de la masculinité d’aujourd’hui. Pour des raisons professionnelles, il dissèque les rapports des hommes à la séduction et les injonctions qu’ils subissent.
Restez informée
« On doit être fort, on doit être bon, on doit être puissant, on ne doit pas se laisser faire. Et on ne doit pas se laisser faire parce qu’on a une bite. »
Auteur de l’ouvrage Je bande donc je suis, introspection d’un mâle conditionné par le patriarcat, Sainte Paluche interroge le rapport des hommes cisgenres avec leur sexe.
Les conquêtes amoureuses
Pour lui, les hommes se caractérisent par une forme de confiance à travers leur pénis et leur érection : « Le fait de l’avoir entre les jambes, d’avoir cette érection du matin, de pouvoir bander, c’est une manière d’être fier, d’être fort et d’être puissant. Et ça nous donne confiance. »
Sainte Paluche met en lien les injonctions de domination que subissent les hommes avec la relation de « consommation » sexuelle des femmes : « Pour nous, le sexe, c’est une manière d’asseoir sa place par rapport aux autres.«
Il remarque comment, les conversations entre hommes, tournent continuellement autour de la sexualité. Et ceux, quel que soit le contexte : « Après une soirée, la première question qu’on va poser aux potes, c’est : est-ce que t’as pécho ? Comprenez : est-ce que t’as baisé ? » Selon lui, les hommes prouvent leur virilité à travers les conquêtes amoureuses féminines.
« L’homme est égoïste »
Pour ces raisons, l’auteur raconte détester les hommes, et, par la même occasion, lui-même : « L’homme est lâche et égoïste, même s’il est sympa, même s’il est cultivé, même s’il ne fait pas de faute d’orthographe… » Sainte Paluche explique que la société et le porno conditionnent les hommes à penser à eux et à leur plaisir avant tout. Il dénonce aussi les diktats que subit un homme aujourd’hui, notamment par rapport à la séduction : « Il doit avoir un sexe prédominant, il doit tenir 1 h 47. Chaque fois qu’il sort, qu’il va dans un bar ou au boulot, il doit pouvoir séduire. » Il mentionne également le rapport qu’entretiennent les hommes entre eux : « Si un autre homme le cherche, le teste, l’embrouille, il doit pouvoir lui répondre et lui tenir tête. »
Contrairement aux femmes qui arrivent à parler de leur intimité, les hommes ne peuvent pas vraiment se confier à propos de leurs faiblesses ou de leurs problématiques liées à leur sexualité. « Dans ma vie, j’ai pu parler naturellement de sexualité avec, roulement de tambour, personne« , confie Sainte Paluche. C’est pourquoi il se bat pour normaliser ces conversations.
Être un « vrai » mec
Pour lui, les hommes ne doivent pas dévier de la norme masculine dominante, ne doivent pas montrer leurs émotions sous peine d’être déclassé. Sainte Paluche met en lumière les questionnements qui peuvent tourmenter les hommes de notre époque : « Si on est différent des autres, différent des copains, si on n’agit pas comme les copains, on va se dire : Est-ce que je suis un vrai mec ?«
L’impossibilité à coller aux normes viriles conduirait une partie des hommes à déprimer, à se dévaloriser et à ne pas assurer dans les relations avec l’autre genre, analyse-t-il. C’est cela qui serait responsable des « viols, des agressions, de la domination, des femmes battues. » L’auteur tient pour responsable des inégalités et des violences, cette virilité toxique et ce culte de la performance qui incombe aux hommes.
« Le jour où les mecs pourront discuter de leurs faiblesses, et de leurs errances, on aura fait un énorme progrès« , conclue-t-il.
Source: Lire L’Article Complet