Harvey Weinstein, diversité et Scarlett Johansson : que se passe-t-il avec les Golden Globes ?

Pointée du doigt pour son manque de diversité, l’organisation en charge des Golden Globes a annoncé une série de réformes. Insuffisantes selon une partie de Hollywood et Scarlett Johansson, qui en a fermement dénoncé les travers.

Les Golden Globes sont-ils dans une impasse ? En février, la Hollywood Foreign Press Association (HFPA), l’académie en charge des votes et de la cérémonie, se voyait pointée du doigt après les révélations du Los Angeles Times, pour des questions de corruption et de conflit d’intêrets, ainsi que pour son entre-soi et son manque de diversité, ne comptant aucune personne noire parmi les 80 membres qui la composent. Le 6 mai , elle annonçait alors une série de mesures, parmi lesquelles la nomination prochaine d’un responsable de l’équité, de la diversité et de l’inclusion, et l’ouverture à de nouveaux membres.

Des décisions insuffisantes selon Scarlett Johansson, qui s’est exprimée avec vigueur dans un communiqué paru dans le Hollywood Reporter publié le 8 mai : «En tant qu’actrice faisant la promotion d’un film, on se devait de participer à la saison des prix en assistant à des conférences de presse, ainsi qu’à des shows. Par le passé, cela consistait à faire face à des questions sexistes et à des remarques de la part de certains membres de la HFPA, qui étaient à la limite du harcèlement sexuel. C’est exactement la raison pour laquelle, ces dernières années, j’ai refusé d’y participer.»

L’actrice a ensuite spécifiquement associé l’organisation à Harvey Weinstein, le producteur condamné l’année dernière pour viol et agressions sexuelles : «La HFPA est une organisation qui a été légitimée par des gens comme Harvey Weinstein pour créer un élan favorisant la reconnaissance de l’académie, et l’industrie lui a emboité le pas. Tant qu’il n’y a pas de réforme fondamentale au sein de l’organisation, il est mieux de prendre nos distances avec la HFPA et de nous concentrer sur l’importance et la force de l’unité dans nos organisations, et dans l’industrie en général.»

En vidéo, le plaidoyer de Jane Fonda aux Golden Globes

Une organisation problématique

Fondée en 1943 dans le but de promouvoir les films de Hollywood dans le reste du monde, la HFPA se compose de journalistes travaillant pour des médias étrangers. Les Golden Globes sont aujourd’hui considérés comme l’antichambre des Oscars. Suite aux révélations de février, de nombreuses personnalités avaient raillé l’association lors de la 78e cérémonie, le 21 février, parmi lesquelles Sacha Baron Cohen ou les présentatrices Tina Fey et Amy Poehler. Jane Fonda, récompensée pour l’ensemble de sa carrière, avait également lancé un appel à ce «que l’histoire de chacun ait une chance d’être vue et entendue.»

Aujourd’hui, Scarlett Johansson n’est pas la seule à considérer que les mesures prises par la HFPA ne vont pas assez loin. Le 7 mai, Mark Ruffalo, récompensé cette année pour son rôle dans la minisérie I Know This Much is True, a déclaré sur Twitter qu’il «était temps de prendre position et pointer les défauts du passé. Honnêtement, en tant que récent gagnant d’un Golden Globe, je ne peux me sentir ni fier ni heureux d’avoir reçu cette récompense.»

Une centaine de firmes ont également fait part de leurs réserves, parmi lesquelles Netflix et Amazon, qui ont annoncé ne plus vouloir travailer avec les Golden Globes jusqu’à nouvel ordre. Ou l’organisation Time’s up, née au lendemain de l’affaire Weinstein afin de lutter contre le harcèlement sexuel et les discriminations dans les milieux de l’entertainment : «Ces mesures garantissent que la composition courante de la HFPA restera en majorité la même et que les prochains Golden Globes seront choisis avec les mêmes problèmes fondamentaux qui existent depuis des années» a déclaré Tina Tchen, sa présidente.

«Ce qui est encore plus frappant, c’est le silence complet concernant le processus profondément problématique des nominations et des prix. Cela comprend l’absence de tout engagement à s’assurer que les prix et les catégories soient exemptes de tout critères discriminatoires, que la pratique de conférences de presse exclusives et non-professionnelles s’achèvera, ou que les votants s’acquitteront de la tâche basique de regarder les projets nommés.» Le président de la HFPA , de son côté, a répondu à Scarlett Johansson dans un communiqué : «Nous entendons vos préoccupations concernant les changements que notre association doit apporter et nous voulons vous assurer que nous travaillons avec diligence sur tous ces points».

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