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Gérald Darmanin : les secrets d’un ambitieux
L’actuel ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, voit les turbulences comme un passage obligé dans sa quête des sommets. Enquête sur un affectif, qui préserve à tout crin sa vie privée et n’aime rien tant que les rapports de force.
A propos de
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Gérald Darmanin
« On n’est pas dans la croisière s’amuse », répète à l’envi le ministre de l’Intérieur à ses collaborateurs. Le dirigeant politique de 38 ans a des références très années 70-80. Capable de refaire des dialogues entiers de Louis de Funès dans La folie des grandeurs ou L’aile ou la cuisse, ou d’oser en réunion de cabinet, voire dans l’hémicycle, les paroles de la comédie musicale Starmania et des extraits du répertoire de France Gall. Contre le stress, Gérald Darmanin chantonne ou fait des blagues. Il déménage, un jour, le bureau de son chef de cabinet, s’empare, une autre fois, de l’ordinateur d’un conseiller ministériel pour envoyer à sa place des mails potaches, taquine ses collaborateurs à propos de leur look.
La tension est pourtant forte place Beauvau. En décembre, des dizaines de milliers de personnes ont défilé contre sa politique sécuritaire et le président lui a reproché de l’avoir mis dans une situation « intenable ». Gérald Darmanin a fait le dos rond. « Il considère que les secousses font partie du parcours initiatique lorsque l’on a de grandes ambitions », décrypte Ludovic Vigogne auteur de Tout restera en famille (Pluriel) « Il adore les rapports de force, se souvient un ex conseiller d’Edouard Philippe. Lorsqu’il passait à Matignon mécontent d’un arbitrage, Il était capable de grandes colères. Puis ça se finissait autour d’une bonne bière. » Un comportement qui n’est pas sans rappeler un certain… Nicolas Sarkozy. « Avec l’ancien président, ils ont un peu une relation père-fils, constate Ludovic Vigogne. Il y a un certain mimétisme de la part de Gérald Darmanin.»
Un carnet d’adresses bien garni
Comme son modèle lorsqu’il occupait la Place Beauvau, l’actuel ministre profite de son passage à l’Intérieur pour étoffer son carnet d’adresses. Avant le confinement, il a organisé quelques cocktails ou dîners avec des personnalités de tous horizons. En bon Chti et fan de la série Baron noir, il a ainsi convié, en début d’été, Kad Merad. Mais aussi Fabrice Luchini, ou d’anciens sportifs comme Tony Estanguet, des directeurs de musées nationaux et des grands patrons. « D’origine modeste, il sait d’où il vient et réussit à parler à l’ensemble de la population », remarque sa collègue du gouvernement Marlène Schiappa. Descendant d’un tirailleur algérien du côté de sa mère, et d’une famille maltaise du côté de son père – disparu l’année dernière des suites d’un cancer – Gérald Darmanin a grandi jusqu’à l’âge de deux ans à deux pas du bar Le Bonus que tenaient ses parents à Valenciennes. Après leur divorce, il a ensuite passé son adolescence à Paris avec sa maman. « Rien ne me prédestinait à cette vie », rappelle souvent celui qui voyait sa mère, Annie, faire le repassage pour leurs voisins afin d’arrondir les fins de mois. Lorsqu’il a été nommé à Bercy, le ministre a exprimé une pensée pour cette battante qui avait travaillé à la banque de France… comme femme de ménage. « Il surjoue ce passé de petit chose. C’est indécent», s’agace un hiérarque de LR. Cet élu n’a pas digéré de voir Darmanin mener sans scrupule la campagne législative pour son parti d’origine un jour pour entrer au gouvernement d’Emmanuel Macron le lendemain. Sa relation fusionnelle avec sa maman est bien réelle. La légende veut que cette mère poule ait continué à apporter à son fils chéri – même à Bercy – une petite enveloppe de temps en temps pour qu’il s’offre quelque chose ou un tupperware contenant ses mets préférés.
Une épouse » pas impressionnée par les ors de la République »
Après des années de vie de noceur, ce bon vivant, par le passé très dragueur, semble s’être assagi. Il a acheté une maison à Tourcoing, il y a deux ans. Puis a épousé, fin août, Rose-Marie Devillers, une fille du Nord comme lui, ancienne consultante chez Havas, qu’il connaît depuis plus de dix ans. « Douce, posée. Elle n’est pas impressionnée par les ors de la République, ni par le monde politique qu’elle connaît bien », confie un proche. « Dès 19 h, lors de la petite fête organisée pour leur mariage, elle troquait ses escarpins pour sa paire de Stan Smith », s’amuse une participante. « Gérald mène, hors confinement, une vie simple lorsqu’il rentre le week-end à Tourcoing, raconte pour sa part la maire de la ville, Doriane Bécue. Petit café sur la place du marché, footing ou longue marche le long du canal. Il prépare lui-même d’excellents risottos au poulet pour ses amis, fume un petit cigare de temps en temps et continue à se faire couper les cheveux par Gilles, son coiffeur de toujours ».
Des accusations toujours présentes
Dans son fief, il oublie les tensions de la vie politique ou les panneaux de certains manifestants le qualifiant de « violeur ». Le ministre, qui croyait cette affaire derrière lui (un non lieu a été prononcé en août 2018), a récemment été désigné comme témoin assisté concernant une accusation de viol, harcèlement sexuel et abus de confiance datant de 2009. Il sait pouvoir compter pour ce dossier sur la confiance du chef de l’Etat, comme il subodore que ce dernier, en mal de figures politiques dans son entourage, va encore avoir besoin de lui. Et lorsqu’il se dit capable de tout plaquer pour ouvrir un bar en Italie, personne n’est obligé de le croire.
Crédits photos : Michael Baucher / Panoramic / Bestimage
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