François Mitterrand : ragots sentimentaux et blagues salaces au menu des déjeuners

25 ans après la mort de François Mitterrand, Le Monde lève le voile sur ses mystérieux déjeuners du mercredi du temps où il était président. Pendant 14 ans, autour de son conseiller Michel Charasse, les blagues salaces et les rumeurs étaient au menu de cet étonnant repas hebdomadaire.

A propos de


  1. François Mitterrand


  2. Michel Charasse

« C’est l’une des parts la plus secrète des deux septennats, la seule chose qui n’a pas été racontée. » Dans les colonnes du Monde, ce mercredi 5 mai, l’ancien secrétaire général de l’Élysée Hubert Védrine, évoque le « caractère original, voire baroque, du système Mitterrand », qui se manifestait particulièrement par le « déjeuner Charasse ». Ce repas du nom du conseiller du président socialiste, Michel Charasse, avait lieu toutes les semaines de 1981 à 1995 après chaque Conseil des ministres. Une dizaine de convives se retrouvaient dans le petit deux-pièces qu’il occupait au premier étage du palais, dans l’aile ouest : « une chambre, dotée d’une fenêtre demi-lune ouvrant sur l’avenue de Marigny, une minuscule cuisine, ainsi qu’un salon transformé en salle à manger le mercredi ». « Un lieu de défouloir absolu », se souvient l’ancien porte-parole du gouvernement, Hubert Védrine, qui décrit « une manière de gérer la pression et le stress », « à l’image des carabins qui disent des horreurs en salle de garde ». Rien ne sortait de ces déjeuners qui ne volaient pas toujours haut. L’hôte est décrit comme « friand d’humour vache, de blagues salaces ».

Tous les mercredis, les rumeurs politiques et les ragots sentimentaux étaient également au menu. « Faire la tronche était une manière de montrer que je ne voulais pas être complice de ces conneries, ces blagues entre mecs », se souvient, dans Le Monde, la conseillère culture, Sophie Bouchet-Petersen. « C’était aux antipodes du politiquement correct. Un film de Gabin, un autre monde, à l’ancienne », reconnaît Hubert Védrine. Pour François Mitterrand, qui, selon le journal, ne réunissait jamais ses collaborateurs par ailleurs, ces repas hebdomadaires n’étaient pas qu’un simple amusement.

Des déjeuners comiques, mais très politiques

Au milieu des blagues, d’importantes décisions politiques pouvaient être prises pendant ces rendez-vous renommés par certains « déjeuners des marquis ». « Vous faites toutes les nominations au déjeuner Charasse, j’ai l’air d’un con, moi ! », avait lancé un jour, selon Le Monde, un ministre à l’un des invités réguliers. Au-delà des nominations, François Mitterrand s’en servait aussi pour prendre le pouls et adapter ensuite son action. Il poursuivra cette tradition jusqu’à la fin de son second mandat en 1995. Une vraie bouffée d’air frais alors que sa maladie commençait déjà à gagner du terrain.

Article écrit en collaboration avec 6Medias

Crédits photos : BERTRAND RINDOFF PETROFF / BESTIMAGE

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