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Emmanuel Carrère : "Je ne suis pas vraiment stressé, mais plutôt angoissé"
Son livre Yoga, paru à l’automne, est un phénomène d’édition. L’écrivain, dont la découverte de la bipolarité a suscité ce retour à l’écriture, se dévoile entre nos lignes.
Madame Figaro. – Si vous deviez décrire votre livre en deux phrases ?
Emmanuel Carrère. – Un récit autobiographique sur nos aspirations à la sagesse, à la paix, à devenir quelqu’un de mieux, et toute la folie, toute la misère sur lesquelles ces aspirations se fracassent. C’est un livre sur le mouvement de balancier entre les deux.
Le principal trait de votre caractère ?
Une forme de persévérance.
Celui dont vous êtes le moins fier ?
Une forme d’égocentrisme.
Celui que vous détestez chez les autres ?
L’absence d’empathie.
Votre truc antistress ?
La méditation. Même si je ne suis pas vraiment stressé, mais plutôt angoissé.
Votre geste écolo ?
Je n’ai pas de voiture et j’évite le gaspillage alimentaire…
Un adjectif qui vous convient ?
Vivant.
Pour écrire, il vous faut…
Trouver la bonne fenêtre, saisir le kaïros, comme disent les Grecs.
Sur une île déserte, qu’emporteriez-vous ?
Idéalement, quelqu’un.
Le casting d’un dîner idéal chez vous ?
Georges Perec, qui est l’une des raisons pour lesquelles j’ai voulu être publié chez P.O.L, et des amis – Olivier Rubinstein, Ruth Zylberman, Philippe Le Gay et Belinda Cannone (qui vient de publier chez Stock Le Nouveau Nom de l’amour, NDLR).
Le cadeau que vous offrez souvent ?
Le roman Épépé, de Ferenc Karinthy, qui est aussi lié à mon amitié avec Olivier Rubinstein. Chaque fois qu’il prenait la tête d’une maison d’édition, il s’empressait d’acheter les droits pour l’inscrire à son catalogue…
Une musique dans votre vie ?
Les Barricades mystérieuses, de François Couperin. J’aime à la fois le titre et ce morceau énigmatique – une sorte de mouvement perpétuel -, dont différentes versions existent, au piano, au clavecin, à la guitare, si bien que la durée peut varier du simple au double.
Le livre qui vous accompagne ?
Je lisais le très beau livre de Daniel Mendelsohn, Trois Anneaux (Éd. Flammarion), et cela m’a renvoyé à celui de W. G. Sebald, Les Anneaux de Saturne (Éd. Actes Sud), un auteur qui a beaucoup compté pour moi.
Une rencontre qui vous a marqué ?
Dans Yoga, je parle d’un maître de tai-chi exécutant la même série de mouvements à une lenteur insensée, puis à une vitesse insensée. Qu’un être humain soit capable d’une chose pareille m’a beaucoup marqué.
Un héros, une héroïne d’enfance ?
Selon les moments : le capitaine Nemo, Ned Land, le chasseur de baleines, et le professeur Aronnax, dans Vingt Mille Lieues sous les mers.
Une mode qui vous agace ?
Certains tics langagiers. Je suis surpris que personne ne relève l’usage perpétuel et délirant de «du coup».
Votre série télé préférée ?
Six Feet Under, la première que j’ai découverte.
Yoga, d’Emmanuel Carrère, Éditions P.O.L, 400 pages, 22 €.
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