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Edouard Philippe : aux origines de sa rupture avec Emmanuel Macron
Edouard Philippe se positionne de plus en plus comme un candidat à prendre au sérieux en vue de l’élection présidentielle de 2022. Dans les colonnes du JDD, le journaliste Hervé Gattegno est ainsi revenu sur la rupture entre Emmanuel Macron et son ancien Premier ministre, ainsi que sur les velléités politiques de l’actuel maire du Havre.
Édouard Philippe
Emmanuel Macron
Le mercredi 7 avril sortait Impressions et lignes claires, le premier ouvrage post-gouvernement d’Edouard Philippe rédigé avec son ami et député européen Gilles Boyer. L’ancien Premier ministre y revient sur les 1145 journées passées à la tête du premier gouvernement d’Emmanuel Macron, avant que celui-ci ne prenne la décision de se séparer de lui. Au détour d’une page, le compagnon d’Edith Chabre écrit la phrase suivante : « Les raisons qui peuvent pousser un président à changer ou à garder son Premier ministre sont, à la vérité, un peu mystérieuses, et n’appartiennent qu’à lui. » Ce sont ses raisons qu’a tenté d’éclairer le journaliste Hervé Gattegno dans les colonnes du JDD ce dimanche 18 avril. Car les « anicroches » entre les deux hommes ont finalement eu raison de leur relation de confiance : « Macron-Philippe, c’est la rencontre du type le plus soupçonneux du monde avec le type le plus susceptible du monde; un parano et un orgueilleux, ça ne pouvait pas être simple », explique un haut dirigeant de la majorité.
Les premières tensions apparaissent à l’automne 2018, lorsque les Gilets Jaunes manifestent leur opposition à la taxe sur le gazole ainsi qu’à la limitation de la vitesse à 80km/h. Un ministre balance : « « La taxe sur le gazole, les 80 km/h, c’est lui. À ce moment-là, il s’est mis à personnifier la raideur technocratique. » À la fin de cette même année, Edouard Philippe suggère une première fois son remplacement au président : « J’ai dit au président que s’il a besoin d’un acte II, il vaut peut-être mieux changer d’incarnation. » Mais Emmanuel Macron refuse. Un proche témoigne : « La question du départ n’a jamais été taboue entre eux. Il ne voulait pas s’accrocher à son fauteuil mais, au contraire, montrer sa loyauté. » Mais il y a déjà de l’eau dans le gaz.
« Il faut qu’on se sépare »
Autre épisode particulièrement douloureux pour les deux hommes : la réforme des retraites. Emmanuel Macron souhaite une réforme « systémique », privilégiant la retraite par points et l’abolition des régimes spéciaux. Philippe préfère une réforme « paramétrique » afin de garantir l’équilibre financier du futur régime. C’est ainsi qu’est créée l’idée d’un « âge pivot ». Un conseiller se souvient : « Edouard nous disait que tout était raccord avec le président mais on se demandait si le président disait vraiment la même chose à tout le monde. » Le Premier ministre utilise finalement l’article 49.3 pour faire passer la réforme. C’était juste avant que la pandémie mondiale de coronavirus ne vienne rabattre les cartes. « Avant, quelque chose s’était déréglé mais ça tenait. Au Conseil des. Ministres, rien n’était perceptible. Pendant la crise sanitaire, tout a commencé à craquer », explique un ministre. Aux atermoiements du président, le grand public préfère les explications simples et efficaces de son Premier ministre. Les sondages le prouvent : en quelques mois, de janvier à juin 2020, Edouard Philippe gagne 14 points dans le baromètre Ifop-JDD pour finalement atteindre 50%. Macron, quant à lui, stagne puis chute à 38%. Edouard Philippe prépare déjà la suite. Après une ultime « anicroche » sur les modalités de déconfinement, le Premier ministre est finalement réélu maire du Havre et prépare sa lettre de démission : « de l’eau salée coule dans mes veines », aimait-il à répéter. Le 2 juillet, Emmanuel Macron prend les choses en main : « Il faut qu’on se sépare », lui dit-il en fin de journée.
La rupture est actée. « Je sais ce que je dois au président. Je mesure la chance qu’il m’a donnée – et le risque qu’il a pris. Si Juppé avait été élu, j’aurais peut-être été ministre du Budget; Macron m’a donné beaucoup plus. Je ne pourrai jamais l’oublier », expliquait Edouard Philippe. Mais qu’en est-il de son ambition présidentielle ? En privé, l’ex-Premier ministre se plaît à expliquer : « Jamais je ne ferai quoi que ce soit contre Macron. Ceux qui penses ça sont ceux qui n’y connaissent rien… ou ceux qui, à ma place, le feraient. » Quand bien même son dernier ouvrage fait grincer les dents de la macronie, il reste mystérieux sur ses intentions futures : « C’est ça façon à lui de guérir la blessure narcissique. Il est populaire, il en profite. Ça l’aide à cicatriser », théorise l’un de ses proches de Philippe. Le duo s’est vu le 9 mars à l’occasion d’un dîner durant lequel aurait été abordé la participation d’Edouard à la campagne d’Emmanuel. Un signe d’apaisement ?
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