Accueil » Célébrités »
Écriture, musique, cuisine… Masterclass, la nouvelle clé du savoir
De nombreuses personnalités partagent leur expérience et leurs secrets lors de cours destinés au grand public. Et ça marche !
Restez informée
Anne-Marie en rêvait depuis toujours. « Grâce aux masterclass des auteurs de The Artist Academy, je l’ai fait ! À aujourd’hui 72 ans, j’ai écrit mon premier roman, qui plus est publié », se réjouit-elle. Cette habitante de l’Ardèche a découvert via les réseaux sociaux l’existence, plutôt récente en France, de ces « classes de maîtres » interactives dans lesquelles « les meilleurs dans chaque discipline » dévoilent leurs techniques et sources d’inspiration. Le principe, proche de ce qui est devenu, depuis cinq ans, un véritable phénomène de société aux États-Unis, est simple. Des artistes de renom révèlent les secrets de leur art dans des vidéos de trois heures minimum, découpées en leçons d’une dizaine de minutes chacune. Coût de la formule standard à The Artist Academy : 120 euros. Et 500 euros pour l’abonnement premium, qui permettra à l’élève de rencontrer l’artiste au cours d’un événement conçu sur mesure.
Anne-Marie n’a pas hésité. Elle a signé illico pour les cours d’Éric-Emmanuel Schmitt, Bernard Werber et Douglas Kennedy : « J’ai adoré, mais surtout j’ai pris des choses différentes chez chacun d’entre eux. La discipline et la nécessité d’écrire un peu chaque jour, le fait de ne pas avoir peur des périodes de doute que tout auteur traverse, les petits trucs pour écrire “court” et ne pas faire des phrases à rallonge… Tout cela m’a été bien utile pour mon roman médiéval qui se déroule dans l’Aveyron du XIIe siècle. » Mais c’est certainement l’auteur des Fourmis qui l’a le plus influencée. « Avec Bernard Werber, j’ai découvert le lâcher-prise. Moi qui suis quelqu’un de plutôt rationnel, j’ai suivi ses conseils, et joué le destin de certains de mes personnages en tirant le tarot. C’est ainsi qu’un dragon vert a fait son apparition dans mon récit », sourit-elle.
Idoles et maestros
Pour autant, les enseignements dispensés ne concernent pas le seul domaine de la littérature. Il y en a pour tous les goûts : la musique classique avec le violoncelliste Gautier Capuçon, la mode avec la créatrice Chantal Thomass, le cinéma avec l’acteur François Berléand et même les musiques actuelles, avec la dernière prise de The Artist Academy, le rappeur Maître Gims, idole des ados. Les masterclass ont ainsi l’air d’être bien parties pour rester. Et nombreux sont ceux qui développent le concept : Majelan (axé sur le développement personnel, avec des personnalités telles que Yann Arthus-Bertrand, Anne-Sophie Pic, le publicitaire Maurice Lévy ou le créateur de mode Olivier Rousteing), La Villa des Chefs (dédié à la cuisine)… Jusqu’à un ancien champion du monde et champion olympique de ski, Edgar Grospiron, qui a intitulé la classe en ligne qui porte son nom : « Comment rebondir après une crise ». « J’ai été plusieurs fois blessé au cours de ma carrière, explique-t-il. Cela a généré du doute que j’ai dû surmonter. J’aborde dans mes cours différents aspects, comme ceux des mécanismes de motivation, et je propose des exercices divers, pratiques et concrets. » Edgar Grospiron songe également à élargir ses leçons à un public davantage senior. Pas pour leur apprendre à dévaler un champ de bosses, bien sûr, mais pour les aider à gérer au mieux ce qu’il appelle les « moments de transition de vie et de reconversion, qui obéissent à des processus bien définis ». Comme le passage à la retraite.
Pascal, lui, se souvient encore avec émerveillement de ses cours de photographie avec le légendaire studio Harcourt, célèbre pour ses portraits de stars du cinéma. L’objectif de ce Robert Doisneau en herbe ? Maîtriser l’art du portrait en noir et blanc : « Le noir et blanc, c’est particulier. J’ai énormément appris sur la façon de composer avec la lumière en studio et sur les différentes manières de mettre le modèle en valeur. Un portrait Harcourt est l’aboutissement de tout un travail d’équipe : coiffeuse, maquilleuse, assistant photo, responsable production tirage. Avec, en point d’orgue, l’accrochage dans les murs du studio pour celui ou celle qui aura réalisé le meilleur cliché. C’est encore plus motivant. »
Hamburgers gastronomiques
Après l’ère des coachs, il y a une petite dizaine d’années, la décennie naissante marquera-t-elle l’essor des masterclass ? Karine Lauthier, directrice de La Villa des Chefs, dans les environs d’Aix-en-Provence, veut le croire : « Ce qui est certain c’est que, pour nous, après un temps d’arrêt, la première période de confinement a accéléré le nombre d’inscriptions à nos cours de cuisine que nous proposons aussi en ligne. » Il faut reconnaître que le fait d’avoir potentiellement, le temps d’une journée, trente-huit chefs étoilés à disposition, mettrait l’eau à la bouche de n’importe quel apprenti cuisinier. Œnologie, pâtisserie, gastronomie, les terrains de la gastronomie à explorer offrent une belle diversité. À distance, façon Cyril Lignac sur M6 : « Dans ce cas de figure, nous envoyons le panier avec les ingrédients nécessaires au repas à préparer, la veille, par Chronopost », explique Karine Lauthier qui, le jour du cours de cuisine, joue le rôle de modérateur devant son écran, pour s’assurer qu’aucun participant ne soit laissé de côté.
Mais aussi selon la bonne vieille formule du cours traditionnel face au maître. C’est l’option retenue par Dominique et Marie-France, 63 ans toutes les deux. Marie-France a jeté son dévolu sur un cours de pâtisserie : « Je cuisine au jour le jour et j’ai de bonnes notions, mais je ne maîtrise pas toutes les techniques. En deux heures, j’ai pu découvrir le travail de la pâte et la comparaison des goûts en réalisant un petit sablé aux fruits compotés avec un dôme de crème. Cela m’a rendue plus efficace. » Autre atout, la convivialité des leçons, que le coronavirus n’a pas altéré : « Toutes les précautions de protection sont prises et nous sommes à chaque fois un petit groupe réduit. »
De son côté, Dominique voit les cours à La Villa des Chefs comme « une journée privilégiée ». Cette jeune grand-mère qui passe une bonne partie de son temps derrière les fourneaux est en quête de tours de main : comment (bien) éplucher les légumes, tailler des oignons ou préparer son propre foie gras. Pour ses petits-enfants, elle s’est même mise à la préparation de hamburgers gastronomiques. Une approche pédagogique que résume la jeune cheffe Julia Bucaille. « Nous leur apprenons les meilleures façons de travailler les produits, mais l’idée n’est pas d’en mettre plein la vue. D’ailleurs, le conseil que je donne toujours lorsqu’ils mettront les techniques en pratique chez eux c’est : “N’hésitez pas à vous faire aider dans les préparations.” » Il faut qu’ils puissent profiter de leurs invités. Bien organisé, le repas doit être l’aboutissement d’un moment partagé entre cuisinier et convives ». Oui, Cheffe !
A lire aussi :
⋙ Témoignage : elles ont testé la masterclasse en ligne d’Éric-Émmanuel Schmitt
⋙ C’est pas sorcier, cours de cuisine et d’oenologie : le meilleur des réseaux sociaux pour bien vivre le confinement
⋙ Informatique, bricolage, cuisine… 3 sites pour trouver un cours
Source: Lire L’Article Complet