Covid-19 : une "prolongation" du 3e confinement est-elle envisageable ?

Dans une interview accordée au Télégramme mardi 20 avril 2021, le ministre de la Santé Olivier Véran se déclare favorable à un déconfinement territorialisé et affirme que le gouvernement travaille déjà à un allègement des mesures. Un réveil trop tôt… et trop optimiste ?

  • Olivier Véran
  • Emmanuel Macron

13 avril 2020. “Nous aurons des jours meilleurs et nous retrouverons les jours heureux”, assure Emmanuel Macron. C’était sans compter la deuxième vague liée à la crise sanitaire du coronavirus. Puis la troisième… Un an plus tard, alors que les Français sont engouffrés dans la troisième semaine d’un troisième confinement – qui ne dit pas vraiment son nom -, le gouvernement promet un retour des jours heureux à la mi-mai. Dans une interview accordée au Télégramme mardi 20 avril 2021, le ministre de la Santé Olivier Véran se déclare favorable à un déconfinement territorialisé. Quid d’un allègement des mesures au mois où l’on espère toutes et tous faire “ce qu’il nous plaît” ? Olivier Véran jure que le gouvernement “est en train d’y travailler”, et précise : “Depuis cinq jours, nous amorçons une décroissance de l’épidémie. Il y a moins de nouveaux cas au quotidien : on était monté à 40.000, on est aujourd’hui aux alentours de 33.000 cas chaque jour en moyenne.” Il nuance toutefois :Cette diminution reste fragile : nous sommes toujours à un niveau très élevé de l’épidémie et la descente n’est pas encore suffisamment rapide et tranchée. Il nous faut continuer nos efforts.” Comme le rappelle Le Monde mardi 20 avril, Emmanuel Macron a fixé pour la mi-mai la réouverture des premières terrasses de bar et de restaurant et de lieux culturels, en promettant un protocole sanitaire strict, mais sans fixer de condition sanitaire, ni de chiffre maximal de contaminations comme il l’avait fait à l’automne.” Un optimisme qui étonne.

« Il risque d’y avoir une prolongation aux quatre semaines imposées par le Président », alerte le professeur Philippe Amouyel

Invitée lundi 19 avril 2021 au micro de France Inter, l’épidémiologiste et directrice de recherches à l’INSERM Dominique Costagliola a fait part de son scepticisme quant à la levée des mesures de restriction d’ici mai. “On n’a pas vu une baisse nette du nombre de cas. On a même vu un plateau haut, alors que l’on teste moins…”, rappelle-t-elle. “D’autant que les écoles primaires vont recommencer à partir du 26 [avril], et les collèges et lycées la semaine suivante. Donc je ne vois pas comment on peut espérer une réelle baisse massive d’ici fin mai compte tenu de ce que l’on a vu jusque-là de l’effet des mesures.” De son côté, Philippe Amouyel, professeur de Santé publique à l’université de Lille, avertissait, dans un entretien accordé à La Voix du Nord publié dimanche 18 avril : “L’impact des mesures prises risque d’être long […] le problème est que le niveau de contamination reste trop élevé et que si on libère trop vite, l’épidémie va reprendre rapidement.” Selon lui, il risque même “d’y avoir une prolongation aux quatre semaines imposées par le Président.” Et si les Français étaient prêts à l’accepter… en pensant aux vacances d’été ? Pour ce qui est de la pause estivale, Olivier Véran, conscient qu’“avec la Covid-19 et ses variants, nous ne sommes jamais à l’abri de mauvaises nouvelles”, attend un été serein, mais vigilant, comme celui de l’année dernière.” Vivre avec le virus, en somme, pour reprendre les termes employés par le Président… un an auparavant.

Source: Lire L’Article Complet