Côté Cours – Le Prince Philip est hospitalisé mais la Couronne garde son flegme britannique

Chaque semaine, Stéphane Bern décrypte l’actualité royale avec un nouveau rendez-vous: Côté Cours.

«Keep calm and carry on» (en français, restez calmes et continuez) est un slogan désormais bien connu des publicitaires qui fut lancé en 1939 par le ministère britannique de l’information alors que le royaume entrait dans la Seconde guerre mondiale. Face à la pandémie du coronavirus, l’injonction est plus que jamais d’actualité, mais elle est aujourd’hui utilisée pour mettre en avant l’attitude exemplaire du clan Windsor, multipliant les sorties officielles sur le terrain, tandis que le prince Philip, duc d’Édimbourg, 99 ans, a été admis en observation à l’hôpital King Edward VII « par précaution » sur les conseils de son médecin, après s’être senti mal depuis quelques jours. Il n’en fallait pas plus pour le pays tout entier se presse au chevet de l’époux de la reine dont chacun espère qu’il pourra fêter ses cent ans le 10 juin prochain, même s’il a décliné toute proposition de célébration nationale.

L’émotion collective des Britanniques dit beaucoup de l’état d’esprit d’une nation qui se divise sur les questions politiques mais retrouve son unité dès qu’il s’agit de sa Couronne et des membres de la famille royale. Les Windsor semblent être les derniers remparts contre les visées sécessionnistes post-Brexit des Ecossais ou des Irlandais du Nord, l’ultime ciment d’un peuple que le Premier Ministre Boris Johnson a contribué à diviser. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le locataire du 10 Downing Street a été le premier, au nom du pays, à adresser ses vœux de prompt rétablissement au prince Philip…

Debout dans l’adversité

L’autre morale de l’Histoire et qui a valeur d’exemple pour tous, c’est que la famille royale reste debout dans l’adversité. On rapporte que le duc d’Édimbourg, un homme réputé jovial, connu pour ses blagues à l’emporte-pièce et ses blagues sans filtre, « était de bonne humeur » et a refusé d’être aidé pour entrer seul à l’hôpital où il a été conduit en voiture. Dans le même temps, la reine, symbole de la nation a immuablement continué à jouer son rôle et, depuis le château de Windsor où la souveraine de 94 ans est confinée, elle s’est entretenue par téléphone avec l’Amiral Tony Radakin, le premier Lord de l’Amirauté sur les opérations en cours de la Marine Royale. A la fois pour montrer à tous que l’Etat demeure et que rien ne pourrait détourner le monarque de sa mission sacrée, que pour apaiser les craintes des plus pessimistes. « L’hospitalisation du prince Philip n’est pas traitée comme une urgence » a expliqué un aide du palais de Buckingham.

De leur côté, les autres membres de la Famille royale ont vaqué paisiblement à leurs activités. Le prince Charles et son épouse Camilla rencontraient des volontaires prenant part à la vaccination dans les centres de Birmingham. Le duc et la duchesse de Cambridge étaient dans leur résidence d’Anmer Hall dans le Norfolk, laissant la Une des médias au prince Harry et à son épouse Meghan, qui annonçait en robe blanche de la styliste Caroline Herrera qu’elle attendait un deuxième enfant. Tout est fait autour de la reine pour maintenir cette apparente sérénité, car la souveraine reste le seul vrai symbole de stabilité nationale, un rôle renforcé malgré son âge depuis le début de la pandémie. Le duc d’Édimbourg, retiré de la vie publique depuis 2017, avait déjà été hospitalisé en décembre 2019 mais il avait pu rentrer au château de Sandringham la veille de Noël. A peine l’hospitalisation du prince Philip était-elle connue que les fans de la famille royale se massaient déjà sur le trottoir devant le King Edward’s, où quelques bobbies débonnaires ont été envoyés pour monter la garde. Les messages de soutien abondaient immédiatement sur les réseaux sociaux où le compte « The Royal Family » est très actif… et très suivi. Aussitôt, les responsables politiques ont donné de la voix.

Le Secrétaire d’Etat à la santé, Matt Hancock, très sollicité par le Covid-19, a déclaré qu’il était « réellement désolé d’apprendre que Son Altesse Royale le duc d’Édimbourg avait été hospitalisé » et lui envoyait « ses meilleurs vœux de prompt rétablissement ». Les députés ont suivi le pas, bientôt rejoints par tous les porte-paroles des fondations caritatives dont l’époux de la reine avait été le président ou le parrain. Sans doute une fausse alerte de santé, qui laisse entrevoir autant la ferveur populaire qui entourera les 70 ans de règne d’Elizabeth II en 2022, que l’émotion collective que pourrait susciter une disparition d’un des deux époux royaux. Une éventualité étudiée en haut lieu dans le plus grand secret… mais dont il est tabou de parler publiquement. Et le seul domaine interdit aux célèbres bookmakers londoniens !

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