Côté cours – Kate et William, décryptage d'un dixième anniversaire de mariage sous le signe de l'amour

Hasard du calendrier: le prince William et son épouse Kate célébraient cette semaine leur dixième anniversaire de mariage. L’occasion de s’affirmer un peu plus comme le point d’équilibre de la famille royale. Chaque semaine, Stéphane Bern décrypte l’actualité royale avec un nouveau rendez-vous: Côté Cours.

L’événement heureux de la semaine, c’est le dixième anniversaire de mariage du prince William et de son épouse Kate, duc et duchesse de Cambridge, unis sous les voûtes de l’abbaye de Westminster devant deux milliards de personnes à travers le monde – dont 24 millions au Royaume-Uni, qui méritait bien ce nom en ce 29 avril 2011, et 9 millions dans notre France républicaine. Pour ces noces d’étain, le palais de Kensington, résidence officielle du couple, a diffusé sur les réseaux sociaux et dans les médias deux photos prises par Chris Floyd et savamment agencées : les deux images montrent un couple amoureux comme au premier jour. La duchesse de Cambridge y apparaît radieuse dans une tenue bleue printanière, une robe de la marque Ghost, qui témoigne de son souci permanent de recycler ses tenues et de son sens de l’économie en cette période troublée, qui contraste singulièrement avec les vêtements de prix qu’arbore Meghan Markle, comme sa robe Giorgio Armani pour l’interview à scandale avec Oprah Winfrey. Autre symbole fort de cette communication corporelle, l’épouse du prince William montrait négligemment à l’objectif sa bague de fiançailles, héritée de la défunte princesse Diana…

William et Kate sont au cœur du nouveau dispositif

Ces deux clichés d’anniversaire ne doivent donc rien au hasard. Après la disparition du prince Philip, duc d’Edimbourg, la monarchie britannique incarnée par la reine Elizabeth II, certes toujours active à 95 ans, mais confinée en solitaire dans son château de Windsor, se cherche un nouveau souffle. Des réunions sont prévues dans les prochains jours entre la souveraine, son héritier le prince Charles, 72 ans, et William l’hériter en second pour redéfinir les tâches de chacun, redistribuer les rôles et redessiner les contours du champ d’action de chaque « membre actif » de la famille royale… surtout après la défection de Harry et Meghan et le décès du prince Philip. Si le prince de Galles est le moteur de la réflexion, William et Kate sont au cœur du nouveau dispositif pour faire entrer sans heurts la monarchie millénaire dans la modernité. William et Kate incarnent aux yeux des Britanniques l’avenir de l’institution. Et ils jouissent d’une popularité sans égale, à la fois parce qu’ils sont maintenant les parents de trois enfants, le prince George, 7 ans, la princesse Charlotte, 5 ans, et le prince Louis, 3 ans, mais aussi parce qu’ils sont en tous points exemplaires dans un clan Windsor qui ne cesse de connaître des turbulences entre les implications du prince Andrew, duc d’York dans l’affaire Epstein et la désertion des Sussex partis vivre en Californie.

Par vents et marées, sans jamais rechigner à la tâche, le duc et la duchesse de Cambridge, se prêtent sans ménagement aux obligations protocolaires et assument pleinement leurs rôles caritatifs comme ils l’ont montré pendant la crise sanitaire, tout en restant discrets sur leurs états d’âme personnels et privés, suivant en cela le sacro-saint principe du « never complain, never explain », ne jamais se plaindre ni s’expliquer. Parce qu’ils se sont parfaitement coulés dans le moule de la tradition, ils sont désormais unanimement considérés comme incarnant l’avenir serein de la monarchie. Ils offrent tout à la fois un visage moderne à cette famille, menée par une monarque âgée et un héritier qui n’a toujours pas exercé son office à l’âge d’une retraite méritée, et une image terriblement convenable à l’institution, que certains pourraient juger (et ils ne s’en privent pas !) terne et ennuyeuse. « Les Cambridge sont la famille la plus normale que l’on ait jamais vue au sein de la famille royale, ce qui est de bon augure pour l’avenir », relève l’experte de la monarchie, la biographe Penny Junor. Si Harry et Meghan ont gagné des suffrages outre Atlantique par leur grand déballage public, ils ont perdu toute leur assise populaire en Angleterre où la monarchie est plébiscitée. Particulièrement actifs cette année, les Cambridge jouissent désormais d’une grande popularité, selon les sondages. William est par exemple bien plus apprécié que son père le prince Charles, au point qu’un tiers des Britanniques souhaiteraient qu’il succède directement à sa grand-mère. Quant à Kate, elle est la troisième personne la plus populaire de la famille, deux tiers des Britanniques ayant une opinion positive d’elle, selon un sondage de l’institut YouGov publié mardi. Adulée par une grande partie de la presse, Kate s’est encore attiré de nombreux éloges pour son attitude digne et son style sobre lors des funérailles du prince Philip le 17 avril au château de Windsor. Une saisissante photo la montrant avec un voile et masque noirs, le regard dardé vers l’objectif, a fait le tour du monde, lui valant des comparaisons avec feue la princesse Diana, mère de William.

« Je pense qu’elle est absolument extraordinaire », s’extasie Penny Junor, la voyant comme le « modèle de ce que devrait être une future reine ». Sans doute parce que, contrairement à sa belle-sœur, Kate Middleton, la première épouse royale issue de la middle-class, s’est toujours projetée dans ce rôle, inscrivant ses pas dans ceux de la reine et des princesses nées dans le sérail, faisant parfois preuve d’un zèle de convertie pour offrir une image de perfection. Mais n’est-ce pas là, au fond, le rôle assigné à l’épouse du futur héritier, garant de la continuité, tandis que les autres membres du clan peuvent à loisir défrayer la chronique en ruant dans les brancards ou faisant scandale. Ceux-là ne font que renforcer encore davantage, par contraste, l’image rassurante de William et Kate. Honni soit qui mal y pense !

Source: Lire L’Article Complet