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Côté Cours – Guerre de tranchées à Buckingham
Chaque semaine, Stéphane Bern décrypte l’actualité royale avec un nouveau rendez-vous: Côté Cours.
Tandis que la reine Elizabeth fête en toute discrétion ses 69 ans de règne, confinée au château de Windsor – la souveraine n’aime pas célébrer le 6 février la mort de son père George VI en 1952 – une guerre larvée se trame entre les fonctionnaires de la Maison royale à Buckingham Palace et le prince Harry, duc de Sussex, parti s’exiler avec éclat à Los Angeles. Certains des amis du prince ont affirmé que le frère cadet du prince William, duc de Cambridge, « allait se battre pour conserver ses titres militaires honorifiques ».
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Le sixième en ligne dans l’ordre de succession au trône britannique détient toujours trois titres dans les forces armées que la reine a accepté de lui conserver en attendant qu’il réexamine sa décision de quitter avec son épouse Meghan la famille royale, au terme d’un délai de réflexion de douze mois. Après le Megxit de l’année dernière, c’est la dernière pierre d’achoppement entre la Cour et les Sussex… ou, selon son point de vue, le dernier lien officiel avec l’institution monarchique. Cependant, cette semaine, des sources proches du duc de Sussex ont anticipé ces discussions, insistant sur le fait qu’il est « déterminé à conserver ses postes militaires » malgré sa démission de ses fonctions royales au profit d’une carrière commerciale lucrative aux États-Unis fin mars 2020. Un appel du pied qui a valeur de test. Mais la réponse de l’Establishment ne s’est pas fait attendre ! Aussitôt, les aides du palais ont laissé fuiter dans la presse le point de vue de Buckingham Palace – à savoir qu’il est impossible pour Harry et Meghan d’avoir un rôle royal « à la carte ».
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Un initié a déclaré : « C’est très clair, soit vous êtes dedans, soit vous êtes dehors, et toute forme de rôle « hybride » est incompatible avec celui de représentation du Chef de l’État ». Certes, lors de leur annonce surprise en janvier 2020 de se retirer en tant que membres de la famille royale, Harry et Meghan avaient déclaré leur intention de se tailler de nouveaux rôles « progressifs », c’est-à-dire de conclure des accords aux États-Unis tout en s’acquittant de tâches occasionnelles pour la reine. Celle-ci avait pourtant été claire avec son petit-fils adoré, elle lui a rappelé qu’il leur était impossible, tant sur le plan juridique qu’éthique, de se livrer à des activités commerciales tout en s’engageant officiellement en son nom. Cependant, eu égard aux états de service d’Harry, elle avait accepté de mettre en suspens pendant 12 mois les trois rôles militaires d’Harry : Capitaine général des Royal Marines, Commandant aérien honoraire de la RAF Honington à Bury St Edmunds et Commodore en chef des des Small Ships and Diving de la Royal Navy.
Harry est un vétéran de l’armée
Pour Harry, fier vétéran de l’armée avec dix ans de service et deux tournées en Afghanistan à son actif, ces titres sont plus que des titres honorifiques et pourraient constituer une pomme de discorde avec le Palais. Il a clairement indiqué que son engagement envers l’armée était intact – soulignant qui avait fondé les Invictus Games, jeux caritatifs pour le personnel militaire blessé – mais qu’il voulait du temps pour prouver qu’il trouvait un « modus operandi » dans sa nouvelle vie. Le prince Harry a sans aucun doute envoyé l’un de ses amis en éclaireur confier au Daily Telegraph qu’il était « déterminé à conserver ses titres militaires et à se battre pour le droit de représenter les forces armées… son travail militaire est l’une des choses les plus importantes pour lui. Bien sûr, il veut les garder ». Avant de lancer un pavé dans la mare, suggérant que Harry voulait passer « plus de temps au Royaume-Uni » afin de respecter ces engagements. Mais le prince, 36 ans, risque de se heurter à une forte opposition du palais, et de l’opinion publique qu’est détournée quelque peu de l’enfant terrible des Windsor. A Buckingham Palace, on insiste pour dire que ces douze mois de réflexion étaient plus un « filet de sécurité » (au cas où leur indépendance financière ne serait pas atteinte) qu’une renégociation d’une rupture conventionnelle.
Les aides du palais estiment qu’en achetant un manoir américain et en concluant des accords de plusieurs millions avec Netflix et Spotify, Harry et Meghan ne peuvent clairement pas laisser penser que leur nouvelle vie n’a pas fonctionné. Selon eux, Harry doit maintenant renoncer à ses titres militaires dans le cadre d’une « rupture nette ». Ils oublient un seul élément. La monarchie britannique n’est pas seulement une institution juridique, elle se fonde aussi sur une famille, qui a ses règles certes, mais aussi… des sentiments ! Et la reine a souvent prouvé qu’elle avait toutes les indulgences pour Harry… Le sachant, le célèbre éditorialiste de la télévision Piers Morgan a fourbi ses armes et lancé l’offensive avec de lourdes munitions : « La reine n’aimera pas dire à Harry qu’il ne peut pas récupérer ses titres militaires, car elle aime son petit-fils capricieux et est très fière de son bilan militaire, mais elle doit le faire ou sinon la réputation de la famille royale sera encore plus endommagée par la saga Megxit qu’elle ne l’a déjà été. Vous ne pouvez pas laisser le capitaine général des Royal Marines se lancer dans la politique ou faire des milliards de dollars grâce à une société de streaming qui a saccagé la famille royale avec The Crown.
Franchement, si j’étais la reine, j’irais plus loin et dirais à Harry dans la discussion au terme des douze mois de réflexion que lui et Meghan ne peuvent plus être duc et duchesse de Sussex non plus. Mais la reine n’appuiera probablement pas sur ce bouton nucléaire. Pas encore en tout cas. Au lieu de cela, je suis sûr qu’elle fera ce qu’elle a toujours fait tout au long de son magnifique règne, et c’est mettre le pays et la monarchie avant les sentiments personnels. Et cela signifie de dire à Harry qu’il ne peut pas récupérer ses titres militaires. Il ne peut pas être un général de fauteuil absent à 5000 miles de là à Santa Barbara – tout comme il n’aurait pas pu combattre la guerre en Afghanistan depuis ses quartiers de palais à Kensington ». C’est dire qu’à Buckingham Palace et dans les médias britanniques, l’artillerie lourde est opérationnelle pour saluer l’éventuel retour au bercail du prince Harry. Peut-être devrait-on traduire en anglais pour les fonctionnaires du palais la fière devise anglo-normande de l’Ordre de la Jarretière, « honni soit qui mal y pense ».
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