Côté Cours – Des têtes couronnées complètement timbrées

Du Royaume-Uni à Monaco et de Belgique à la Suède, les timbres royaux connaissent un succès inespéré et sont vite épuisés. Chaque semaine, Stéphane Bern décrypte l’actualité royale avec un nouveau rendez-vous : Côté Cours.

Depuis leur création, dans les pays qui ont conservé leur monarchie, pièces de monnaie, billets de banques et timbres font circuler largement l’image des souverains et célèbrent par des éditions spéciales les anniversaires ou les événements heureux et malheureux. Cela procède du principe même de l’identification de tout un peuple à une famille qui incarne le pays et en porte les couleurs. A l’heure où les mails ont remplacé les lettres, et où la philatélie semble une passion désuète réservée aux retraités, les émissions de la poste tentent de raviver l’intérêt des collectionneurs, en ponctuant les grands événements de la vie nationale. D’ailleurs, du Royaume-Uni à Monaco et de Belgique à la Suède, les timbres royaux connaissent un succès inespéré et sont vite épuisés. Trois éditions spéciales retiennent cette semaine l’attention du philatéliste passionné que je suis.

D’abord aux Pays-Bas où le cinquantième anniversaire de la reine Máxima, le 17 mai, est marqué par une série de timbres produits par PostNL. Parmi les cinq vignettes qui composent ce bloc-feuillet orné de drapeaux néerlandais, un timbre, d’un format deux fois plus grand, attire particulièrement l’attention des médias. On y reproduit une photographie informelle en noir et blanc de la reine Máxima réalisée à New York en 1999, l’année de la rencontre avec le futur roi Willem-Alexander. La designer Maud van Rossum a immédiatement été séduite par cette photo qui se trouve dans le bureau du roi, montrant le profil d’une Máxima décontractée, l’abondante chevelure légèrement soufflée par le vent. Maud van Rossem a qualifié la photo de « belle image intime », ajoutant, « je ne pense pas qu’une reine ait jamais été représentée sur un timbre de cette façon ». Les quatre autres timbres sont des portraits en couleurs plus formels de Robin Utrecht.

Née le 17 mai 1971 à Buenos Aires, Máxima Zorreguieta a épousé le prince héritier des Pays-Bas Willem-Alexander, le 2 février 2002. Devenue reine lors de la prestation de serment du roi Willem-Alexander, le 30 avril 2013, la reine Máxima qui soutient le chef de l’État dans l’accomplissement de ses devoirs comme élément fédérateur et représentatif, est représentée en majesté le jour de l’investiture à la Nieuwe Kerke d’Amsterdam. Les trois autres timbres montrent différents visages de la reine dans ses activités sociales, caritatives et culturelles. A la Poste néerlandaise, on se félicite du design de ce bloc-feuillet royal qui célèbre l’anniversaire de la reine en cette année où les Pays-Bas fêtent aussi la naissance du premier timbre il y a 170 ans, à l’effigie du roi Willem III. Stephan van den Eijnden, directeur commercial à PostNL souligne que « les timbres touchant la Maison d’Orange connaissent toujours un franc succès auprès du public ».

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La vie du prince Philip en quatre timbres

L’année philatélique est également très royale au Grand-Duché de Luxembourg où, après un premier timbre pour les 20 ans de règne du Grand-Duc Henri et les 40 ans de mariage avec la Grande-Duchesse Maria Teresa, la Poste a décidé de frapper un grand coup pour le premier anniversaire du prince Charles, né le 10 mai 2020, premier enfant du grand-duc héritier Guillaume et de la grande-duchesse héritière Stéphanie. Ce bloc-feuillet vaut biographie à travers huit timbres qui retracent les douze premiers mois de l’héritier en second du trône grand-ducal. Des clichés de Sophie Margue et Céline Maia qui se regardent comme un album-photos de famille, partagé avec tout le public. Car rien de ce qui touche aux membres de la famille souveraine n’est vraiment privé, leur destin appartient à la nation toute entière.

C’est dans cet esprit que le Royal Mail, la poste britannique, rend un hommage solennel en noir et blanc au regretté prince Philip, duc d’Édimbourg, décédé le 9 avril dernier à l’âge de 99 ans, capturant en quatre vignettes sa vie de service au fil des décennies. Chaque timbre représente l’époux de la reine Elizabeth II avec un portrait en civil ou uniforme militaire à différentes étapes de sa vie. Le plus ancien date des années 1940 et montre Philip en costume et cravate, le suivant le représente en uniforme de la Royal Navy au collège naval du prince Andrew. Les images sur les deux autres timbres datent de 1992 et présentent le duc avec un chapeau melon so british au Royal Windsor Show et en tenue militaire à l’occasion du jubilé des quarante ans de règne de la souveraine, un portrait devenu célèbre du photographe Terry O’Neill. Selon Simon Thompson, directeur général de Royal Mail, « tout au long sa vie d’adulte, le duc d’Édimbourg s’est consacré au service de ce pays, du Commonwealth et des nombreuses causes dans lesquelles il était impliqué… Pendant plus de sept décennies, il a été au centre de notre vie nationale. Son décès est un moment clé de

notre histoire que nous marquons avec cette série de timbres commémoratifs ». En deuil, la reine Elizabeth II, 95 ans, a approuvé le bloc de timbres… car la souveraine, dont l’effigie figure en filigrane sur tous les timbres, valide tous les modèles avant leur émission postale. Les quatre timbres, en vente le 24 juin, sont présentés dans un bloc-feuillet à la valeur faciale de 6,65 £, soit 7,70€. Rois du marketing, les responsables de Royal Mail multiplient les produits philatéliques autour de cette émission spéciale, persuadés qu’ils feront là leur meilleure vente de l’année. Le célèbre chroniqueur de la monarchie britannique sous l’ère victorienne écrivait déjà au XIXème siècle : « la monarchie est la seule institution qui vaut ce qu’elle coûte ».

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