Connaissez-vous vraiment Elisabeth Moss, la reine de la série contemporaine ?

Quand on l’a découverte, seule femme ou presque parmi les hommes en complet sombre de Mad Men, on s’est écrié : « Tiens, c’est la fille du Président d’À la Maison-Blanche ! » Lorsqu’on l’a vue en détective opiniâtre dans Top of the lake, on s’est dit : « Mais c’est Peggy de Mad Men ! »

Alors qu’on la retrouve dans la série-phénomène La servante écarlate, adapté du roman de Margaret Atwood, dont les trois premiers épisodes de la saison 4 sont disponibles depuis le 28 avril sur OCS, on est bien forcé de l’admettre : Elisabeth Moss est l’actrice au CV le plus clairvoyant de l’histoire récente des séries télévisées.

Enserrée dans une cape rouge et coiffée d’une cornette blanche, elle y incarne l’esclave moderne d’une Amérique gangrenée par le spectre des dérives de l’administration Trump. Dans un futur proche, la déliquescence environnementale a dangereusement fait baisser la fertilité des femmes, et un régime totalitaire s’est mis en place, tentant de repeupler le pays en envoyant des « reproductrices », complètement asservies, chez des couples stériles de l’élite.

Pour cette quatrième saison, June part en guerre pour faire tomber Gilead et devient l’ennemi numéro 1.

Elisabeth Moss, une présence singulière

Elisabeth Moss incarne l’une d’entre elles. Véritable enfant de la série moderne, cette actrice surdouée, à la présence singulière, est de tous les plans, avec son visage à l’expressivité inouïe, seul écran qu’il nous reste pour tenter de déchiffrer le monde méconnaissable qu’elle arpente, hagarde.

Sa voix aussi est omniprésente, tandis qu’elle commente, en « off » et avec beaucoup d’ironie, sa vie surveillée de toutes parts. Il se dit que ces gros plans où l’actrice se récitait ainsi intérieurement sa voix off, laissant affleurer mille nuances sur son visage, ont été filmées directement par le directeur de la photo, ce qui ne se fait jamais sur un tournage américain, tant il était fasciné de voir de près, à l’œuvre, ce talent.

Alors qu’elle joue dans des séries depuis vingt-huit ans, ayant débuté à 6 ans dans une mini-série avec Sandra Bullock, Elisabeth Moss est peu à peu entrée dans notre imaginaire collectif : la scène de Mad Men où on la voit quitter les bureaux patriarcaux de l’agence SCDP, avec son carton d’affaires et une insolente clope au bec, est à présent un GIF iconique relayé lors de la Journée internationale des femmes. 

Le showrunner de La servante écarlate, Bruce Miller, dit adorer « Lizzie » à cause de « sa capacité remarquable à avoir l’air d’une personne normale à l’écran ». Avec ce rôle qui la veut tête rentrée dans les épaules, yeux cernés, on voit bien qu’Elisabeth Moss n’a pas passé son temps de tournage à vérifier son image dans le combo. Ça n’a l’air de rien comme ça, mais au royaume du simulacre qu’est Hollywood, c’est un geste d’une haute radicalité.

Scientologue et féministe revendiquée

Une jeune publiciste en avance sur son temps, une enquêtrice évoluant dans un milieu violent et sexiste, une femme aux prises d’une dictature misogyne : les rôles marquants la carrière d’Elisabeth Moss sont réunis par un féminisme résilient et combattif.

Mais quand on connaît la vie privée de l’actrice, on peut être surpris de ces choix. Elisabeth Moss a en effet grandi au sein de l’Église de Scientologie, dont elle fait toujours partie. Un aspect de sa vie qu’elle aborde très rarement en interview. Elle l’a fait en avril 2019 pour The Daily Beast, à l’occasion de la saison 3 de La Servante écarlate.

Interrogée sur les écrits anti-LGBT+ du fondateur de la Scientologie, L. Ron Hubbard, elle répond : « Ce n’est pas du tout mon point de vue […] Bien sûr, je suis une féministe convaincue et je soutiens la communauté LGBTQ, et je crois très fortement – je ne peux pas vous dire à quel point – que quiconque doit avoir le droit de faire ce qu’il veut, d’aimer qui il veut, d’être la personne qu’il veut être – peu importe ce qu’il en est. C’est une des principales raisons pour lesquelles j’adore tourner cette série. C’est tout ce que je peux dire. »

La vie privée d’Elisabeth Moss

Très discrète sur sa vie amoureuse, Elisabeth Moss a été mariée quelques mois au musicien et comédien américain Fred Armisen (Portlandia) en 2010. Elle a fréquenté Adam Arkapaw en 2012, rencontré sur le tournage de Top of the lake.

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