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« Cocue mondiale » : Benjamin Castaldi évoque « l’immense chagrin » de sa célèbre grand-mère Simone Signoret
Benjamin Castaldi nous reçoit dans sa cuisine. Dans ses veines coule, à ne pas s’y tromper, le sang bouillonnant de sa grand-mère Simone Signoret qu’il raconte en croisant son histoire avec Yves Montand dans Je vous ai tant aimés…, paru le 10 février aux Editions du Rocher.
A propos de
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Benjamin Castaldi
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Simone Signoret
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Yves Montand
GALA : Pourquoi ce livre sur vos grands-parents ?
BENJAMIN CASTALDI : A la fois parce que c’est le centenaire de la naissance de ma grand-mère Simone Signoret, que j’appelais Mémé, et de son grand amour Yves Montand – ils étaient nés en 1921. Mais aussi parce que j’ai un regret : je constate que la notoriété de Simone est restée bloquée au XXe siècle. Aujourd’hui, les jeunes savent qui est Louis de Funès, elle moins. J’ai eu envie de rappeler quelle merveilleuse femme et actrice elle a été, elle qui a eu le prix d’interprétation féminine à Cannes et un oscar pour Les chemins de la haute ville et le César de la meilleure actrice pour La vie devant soi.
GALA : Que vous a-t-elle légué ?
B. C. : Son regard aiguisé sur les gens. Je suis sans concession et sans pitié. Je vois tout de suite à qui j’ai affaire. J’évalue les personnalités, j’ai, comme elle, un sens de l’analyse.
« Plus on réussit, moins on a d’amis »
GALA : Cela veut dire que vous n’êtes pas dupe des flatteurs ?
B. C. : J’ai grandi entouré de célébrités, et si je sais une chose, c’est que plus on réussit, moins on a d’amis. Les gens font seulement semblant de vous apprécier.
GALA : Cela ne vous gêne pas, parfois, de n’être que chroniqueur dans TPMP alors que vous avez un savoir-faire audiovisuel étendu et que vous portez un héritage si prestigieux ?
B. C. : Pas du tout. TPMP n’est pas Le cercle de minuit, mais être dans la déconnade n’a jamais voulu dire qu’on n’était pas profond. Ce n’est pas parce qu’on montre ses fesses qu’on est stupide. « Il ne faut pas confondre la vulgarité et la grossièreté », comme disait Coluche. A la télévision, on a tous une date de péremption. Je resterai peut-être dans son histoire pour avoir présenté Loft Story parce que c’était le début de la téléréalité mais j’ai toujours su remettre les choses à leur place. Par exemple, j’ai eu un gros clash avec Arthur qui était à l’époque le patron d’Endemol quand il a voulu que je présente Loana comme une star. J’ai refusé. Il voyait en elle une nouvelle Marilyn Monroe. Alors que moi, je savais ce qu’était une star de sa trempe car Montand m’en avait parlé.
GALA : Et comment vous en parlait-il ?
B. C. : Comme d’une icône planétaire dans toute la complexité qu’elle incarnait. Une actrice magnétique mais difficile à vivre dans le travail. Et pourtant de son point de vue d’homme, elle n’a été dans sa vie qu’une femme désirée. Alors que Marilyn était raide dingue de lui. Elle a tout fait pour qu’il reste à ses côtés. Lui n’y a vu qu’une relation éphémère. En revanche, plus tard, il a eu un vrai coup de cœur pour Shirley MacLaine même si ça n’a pas marché avec elle.
« Montand était un séducteur »
GALA : Mais pourquoi ne s’est-il pas contenté de Simone Signoret ?
B. C. : Il s’en est contenté à sa façon : s’il lui a fait des infidélités, il ne l’a jamais quittée. Montand était un séducteur. Il vous aurait vue, il vous aurait fait son numéro. Quand il a rencontré ma grand-mère, il sortait d’un chagrin d’amour pour Piaf qui avait rompu avec lui. Il a dit à Simone qu’elle avait des attaches fines, elle l’a invitée à faire une sieste. C’est elle qui a fait le premier pas. Elle était si belle, il n’allait pas refuser… Ensuite, ils ont été liés par un dialogue constant. Ils existaient indépendamment. Il était Montand, elle était Signoret. A charisme égal. A intelligence égale aussi. Même si Simone avait grandi dans un milieu plus bourgeois que le sien et donc plus lettré, il lui a apporté son regard sur la société, la politique. Au-delà de l’amour, ils ont fonctionné au respect.
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GALA : Vous écrivez que votre grand-mère a fait le deuil de sa féminité après l’épisode entre Marilyn et Montand…
B. C. : Oui, une part de ma grand-mère est morte à cause de cette liaison. C’est ce qui a amorcé son déclin physique. Elle a eu un immense chagrin. Elle était une cocue mondiale. Elle avait trop d’orgueil et d’assurance peut-être pour imaginer que ça lui tombe dessus mais les photos où on les voit tous les trois sont parlantes. Simone est là, un peu collet monté et en face d’elle arrive une bombe ultradécolleté. Elle a vu son impuissance et ça lui est resté.
GALA : Vous la décrivez sombrant dans l’alcool…
B. C. : Oui, mais elle était tout sauf une ivrogne. C’était une alcoolique mondaine souvent un verre à la main avec une clope.
« Je me suis fait tirer à boulets rouges »
GALA : Vous n’abordez pas la relation inappropriée entre votre mère Catherine Allégret et son beau-père Yves Montand, pourquoi ?
B. C. : A l’époque, je me suis fait tirer à boulets rouges quand j’en ai parlé il y a quinze ans. Ce n’était pas alors la mode de libérer la parole. Je l’ai fait en mon âme et conscience une bonne fois pour toute. Je n’y reviendrai plus.
GALA : Pourquoi n’en voulez-vous plus à Montand alors qu’un jour il vous a interdit de dire que vous étiez son petit-fils ?
B. C. : Je ne sais pas, j’étais jeune, il a dit ça en me donnant de l’argent, je suppose que j’en manquais, j’ai été pragmatique [Il rit.]. Plus sérieusement, j’aurais dû lui jeter les billets à la figure mais après il s’est excusé à sa façon… Il m’a écrit : « A mon petit-fils d’amour mais ne le dis à personne ». C’est un homme auquel je dois, quoi qu’il ait fait ou été, d’avoir appris à aimer les belles choses, à rêver et à avoir de l’ambition.
Crédits photos : Jack Tribeca / Bestimage
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