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Claude Barzotti : ciao le Rital !
Après des années de lutte contre l’alcool et le cancer, le chanteur de 69 ans s’est éteint dans les bras de ses filles chéries.
L’Italie vient de perdre son meilleur ambassadeur. Claude Barzotti est décédé le 23 juin à l’âge de 69 ans, à son domicile de Court-Saint-Étienne, entre Bruxelles et Charleroi. « Il est mort dans son lit, entouré de ses deux filles », a révélé son manager Laurent Comtat. L’annonce de sa disparition surprise a suscité une vague d’émotion en Belgique, son pays de naissance, et en France, où son répertoire a rythmé les années quatre-vingt. Avec Le Rital, il était entré dans le cœur de millions d’anonymes et dans celui de Mathilde Seigner, dont il était la madeleine de Proust. « Claude a tant bercé ma jeunesse. Je l’aimais tant… Il m’avait même écrit une chanson : Mademoiselle S. », a réagi l’actrice avec beaucoup d’émotion.
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Comme tant d’autres, elle était sensible à la voix rocailleuse du chanteur et à ses textes ciselés. Dans un communiqué, le président Emmanuel Macron a salué « Le gamin du Borinage devenu un habitué du Top 50, une idole populaire… Ses paroles parlaient à chacun. » Claude Barzotti se savait condamné par le cancer du pancréas. Son ami d’enfance (et musicien des débuts), Dominique Fievez, l’avait eu au téléphone le mois dernier. Et le moral n’était pas au beau fixe. « Il était très faible et il m’a dit que c’était la fin. On a quand même réussi à rire une dernière fois », confesse ce dernier dans Le Parisien.
« Barzotti préférait qu’on le qualifie de chanteur d’émotion plutôt que romantique. C’était un écorché vif, un vrai sensible, qui a bu pour lutter contre son trac », précise son manager. L’alcool aura en effet bousillé le quotidien de celui qui s’appelait Francesco Barzotti à l’état civil. « J’ai bu jusqu’à sept bouteilles de whisky par jour », reconnaissait-il en 2020 dans le magazine France Dimanche. Toute sa vie, il aura alterné entre période de sevrage et rechutes… « L’alcool a quand même détruit ma carrière et m’a détruit tout court. C’est triste car j’ai tout abîmé. Car l’alcool rend con », lâchait-il trois ans plus tôt au journal belge DH. Son parcours était pourtant celui d’une fulgurante ascension.
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Né de parents immigrés italiens (son père était mineur), Claude grandit dans un milieu modeste et passe les huit premières années de son existence en Italie, avant de regagner la Belgique. Formé au solfège, à la guitare classique, à l’accordéon et au chant, il débute sa carrière dans les années soixante-dix et court un temps le cachet. Le succès arrive en 1981, avec la sortie de son premier disque, Madame, écoulé à 400 000 copies. Deux ans plus tard, il confirme avec Le Rital, titre évoquant le destin de milliers d’exilés, dont les ventes vont atteindre 1,5 million d’exemplaires. Suivront Je ne t’écrirai plus, slow de l’année 1983 (500 000 exemplaires) et Aime-moi, en 1990, dont les ventes sont plus modestes. Mais le succès populaire ne semblait pas pouvoir lui apporter la quiétude. « Sa fêlure, c’était les femmes », analyse son copain Hervé Vilard, dans Le Parisien.
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Sa traversée du désert, dans les années 2000, le fera plonger un peu plus dans son addiction à la bouteille. Fin 2008, c’est le retour en grâce avec la tournée Âge tendre et tête de bois, un spectacle nostalgique où il peut mesurer la popularité de ses chansons et voir que le public ne l’a pas oublié. Mais en 2011, Où est passé Paris, une chanson nauséabonde qu’il a enregistrée douze ans plus tôt, se retrouve sur Internet et provoque l’ire d’un député communiste du Tarn. Taxé de raciste, Claude Barzotti se défend dans France-Soir.
« Cette chanson est une maquette extraite d’une comédie musicale qui n’a jamais vu le jour et dont j’ai composé l’intégralité des titres, avance-t-il. Elle raconte la vie de banlieusards qui vivent ensemble avec des cultures et des religions différentes. C’est un peu l’histoire d’amour de mes parents. Quand ma mère est tombée enceinte, mon père, qui n’avait pas d’argent, a dû émigrer en Belgique pour travailler. Il n’a connu mon frère aîné que trois mois après sa naissance. » Soit. Le chanteur révélait au passage avoir fait une petite dépression… La maladie va malheureusement le rattraper. Et avec elle, son lot d’hospitalisations à répétition.
Barzotti, qui s’était fait retirer un rein en 1975, va subir une opération de l’estomac en 2000 puis du pancréas en 2016. En 2020, éprouvant des difficultés à chanter, il avait choisi de mettre un terme à sa carrière. « Je suis très fatigué. Je viens tout juste de sortir de l’hôpital, je ne tiens même plus debout, expliquait-il à France Dimanche. Je suis gravement malade. Je souffre actuellement d’une terrible pancréatite qui m’oblige à me rendre tous les jours à l’hôpital. Et parfois, à y séjourner plusieurs nuits de suite. En fait, ça fait plus d’un an que j’y passe tout mon temps pour des problèmes liés également au foie, à l’estomac et au cœur. Pour mes problèmes d’alcool aussi. Les médecins sont de moins en moins optimistes. » À raison.
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Jusqu’au bout, il s’est battu pour ses filles, Vanessa et Sarah, et ses deux petites-filles qu’il espérait tant voir grandir. Le cancer a mis fin à une vie bien remplie et une carrière jalonnée de chansons plus profondes qu’il n’y paraît. Claude restera à jamais le Rital. Arrivederci amico !
LOÏC TORINO-GILLES
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