Christophe, mort il y a un an : amoureux passionné, poète-chanteur et fou de vitesse [PHOTOS]

Il a longtemps vécu sa vie à 100 à l’heure. Voilà un an que le chanteur Christophe est décédé des suites d’une maladie pulmonaire. Retour en images sur son parcours, captivant, hypnotique, insolent.

Il avait d’abord été hospitalisé, intubé, sous sédation profonde, dans un établissement parisien, le 26 mars, en raison d’une « insuffisance pulmonaire« , avant d’être transféré à l’hôpital de Brest. Si certaines rumeurs indiquaient que le chanteur avait été contaminé au Covid-19, l’information a été démentie. C’est tout un pan de l’histoire de la chanson française qui s’étiole avec le départ du musicien qui construisait des marionnettes… et les personnalités ont été nombreuses à lui rendre hommage.

De Daniel, l’aficionado de Blues, à Christophe, le musicien en herbe

Ce fils d’un patron d’entreprise d’installation de chauffage central et d’une couturière pour Balmain, descendant d’immigrés italiens, commence à se passionner pour l’art avec un grand « A », la musique, dès ses 8 ans. C’est là qu’il découvre la voix puissante d’Edith Piaf et les textes lourds de sens de Gilbert Bécaud. Peu intéressé par les leçons que lui dispensent ses professeurs à l’école, il sent qu’un autre destin l’attend.

En grandissant, comme tant de jeunes de son époque, Daniel Bevilacqua (de son vrai nom) est fasciné par la culture américaine, son rock’n’roll endiablant, ses gros bolides aperçus dans les films hollywoodiens, véritables symboles de liberté. Ses modèles ? James Dean et Elvis Presley.

Bien inspiré par ses idoles françaises et américaines, il donne son premier concert à 15 ans dans un cinéma de banlieue, le Ciné Vogue. C’est la révélation. L’amoureux de Blues se met à apprendre la guitare, l’harmonica, et choisit d’ores et déjà un nom de scène : ce sera Christophe, en hommage à la croix de Saint Christophe que lui avait offert sa mère, étant plus jeune, et qu’il garde toujours à son cou.

Il a crié Aline… et le public a accouru

Après avoir fondé le groupe Danny Baby et les Hooligans, il se lance dans une carrière solo en revenant de son service militaire, mais son premier single, Reviens Sophie, est loin de galvaniser les foules. C’est deux ans plus tard, en 1965, qu’il parvient à conquérir le public avec le désormais célébrissime Aline.

Le single se hisse en première place des ventes de disques en France et dans plusieurs pays. Le public découvre avec fascination ce chanteur à la blondeur candide et à la voix si particulière.  Les paroles sont entêtantes, la mélodie enivrante, et pourtant, Christophe n’avait écrit la chanson qu’en une demi-heure, chez sa grand-mère, à l’heure du repas de midi.

Mais qui est donc cette mystérieuse Aline que le chanteur appelle désespérément ? « Autour de ce titre, il y a plein de paramètres. Il y a l’armée, mes débuts de joueur de blues à Saint-Germain-des-Prés… Aline Natanovitch était une Polonaise pas dégueu… Et sa copine non plus ! Elle s’occupait à l’époque du vestiaire de l’Orphéon Club et la journée elle était assistante dentaire boulevard du Montparnasse« , explique-t-il dans Lui.

Fort de ce succès, l’interprète d’Aline continue d’hypnotiser la France avec de nouveaux succès tels que Les Marionnettes, Je Chante Pour Un Ami, ou encore J’ai Entendu La Mer. D’abord catégorisé comme chanteur à midinettes, il surfe sur la vague yé-yé (malgré lui) et dépense son argent dans les voitures de collection (et collectionne d’ailleurs les excès de vitesse).

Au sommet de sa gloire, fou d’amour pour Véronique

Au début des années 1970, après un court passage à vide, la rencontre avec un musicien de talent, Jean-Michel Jarre, constitue un tournant dans sa carrière. Ensemble, ils donnent naissance à l’album Les Paradis Perdus. C’est à cette période que Christophe fait découvrir au public le morceau électrisant, Les Mots Bleus. Il se fait pousser une moustache emblématique, casse avec son image de « propre sur lui », explore de nouveaux horizons. L’acmé de la gloire.

Il rencontre aussi l’amour de sa vie, Véronique Kan, sœur d’Alain Kan, avec qui il se marie en 1971. La même année, ils deviennent parents d’une petite Lucie. « Je travaillais la nuit, et le matin elle poussait la porte du studio pour me dire : ‘Salut papa’. J’ai plus été un observateur que quelqu’un qui lui a appris la vie. Je l’ai regardée pour la comprendre, mais comment voulais-tu que je puisse être professeur de vie ? Est-ce que Lucie a eu de la chance de m’avoir comme père ? Je ne peux pas répondre. Je sais qu’on a une vraie complicité aujourd’hui« , détaille-t-il dans Paris Match.

Naissance d’un nouveau chanteur

Dans les années 1980, une période charnière s’amorce. « J’espère que la chanson aura un succès fou« , lâche Michel Drucker, lors d’une émission, avant de faire monter l’artiste au costume blanc immaculé sur scène pour qu’il interprète son titre Succès Fou. L’animateur ne croit pas si bien dire. Avec ce titre, Christophe triomphe et parvient à gommer son image de chanteur pour midinettes.

Enchaînant les passages sur les plateaux télé pour débattre de sujets autrement plus concernants, tels que la faim dans le monde, le chanteur tient à prouver qu’il est un homme de combats.

Les décennies suivantes, Christophe se fait relativement plus discret, même si le public garde une place de choix dans son cœur pour l’interprète d’Aline. Certains albums, tels que Comme Si La Terre Penchait (sorti en 2001) ou Paradis Retrouvé (2013) sont plutôt appréciés, mais ces nouveaux morceaux ne parviennent pas à éclipser les succès des singles passés.

Le chanteur a, par ailleurs, perdu le goût pendant un certain temps. « J’ai été très malade lorsque j’avais 42 ans, j’avais fait un choc à l’aspirine« , explique le chanteur au micro d’Europe 1. Et d’ajouter :  « J’ai pris beaucoup de cortisone à ce moment là. Pendant trois ou quatre ans, je n’avais plus de goût ou d’odorat. Je faisais une taille 34, je ne baisais plus… Et puis un jour, j’ai mangé un yaourt au chocolat. C’était…. incroyable. Et depuis ce jour, ça va, j’ai retrouvé le goût et l’odorat !« .

La fureur de vivre

Le deuxième millénaire marque aussi la fin des virées en bolide à pleine vitesse pour Christophe. En 2001, son permis lui est retiré après trois excès de vitesse (comme il l’avait confié au Journal des Femmes) avec sa Ferrari Daytona et… il ne le repasse jamais. Seule (maigre consolation) pour cette amoureux de sensations fortes : il conduit une petite Renault Twizy 45 sans permis les étés.

Mais le chanteur n’avait aucun regret. « La nostalgie, je ne connais pas ! Je suis un mec de l’instant« , confiait-il dans la dernière interview qu’il a donnée, en 2019, à Paris Match. Malgré tout, l’ombre d’un futur incertain planait sur lui : « Avant, je te disais que je me foutais du temps qui passe. Mais là, je ne vais plus te le dire. Je vais avoir 75 piges. L’inconscience que j’ai toujours eue est en train de me quitter doucement. Je sais que je n’ai plus 50 ans« . Christophe ne soufflera jamais ses 75 bougies…

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