Axel Kahn : son héritage, une affaire déjà réglée

Depuis l’annonce de son cancer, et de l’approche du « bout du chemin » selon ses mots, Axel Kahn prépare ses proches à ce qu’il ne soit plus parmi eux. Prévoyant et prévenant, le médecin avait déjà préparé la question de son héritage, comme il s’en ouvrait à l’Express-Argent, en 2016.

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  1. Axel Kahn

Axel Kahn a toujours su qu’il ne serait pas éternel, et qu’il fallait préparer ses proches à sa disparition. Et notamment sur la question financière. Ainsi, en 2016, le médecin revenait pour le supplément Argent de l’Express sur son rapport à l’argent. Il y abordait son héritage, et le patrimoine qu’il transmettra à ses enfants. Comme pour l’annonce publique de son cancer le 17 mai dernier, le généticien était transparent et sans langue de bois sur ces questions délicates, parfois taboues.
Sa vision de l’argent, c’est aussi celle de l’un des personnages de son livre, Etre humain, pleinement (Stock, 2016) : « utiliser l’argent comme moyen, n’en faire jamais une fin« . Ne pas faire de l’argent le but de la vie, au point de refuser sa transmission? Le médecin, père de trois enfants, se montrait partagé sur la question de l’héritage : « Je ne suis effectivement pas sûr que ce soit une bonne chose, l’héritage financier. D’un côté, je suis satisfait que mes enfants puissent profiter d’un coup de pouce (…) Mais d’un autre côté, je sais à quel point il a été important pour mes frères et moi de ne jamais compter sur l’aide financière de nos parents.« 

Il semble avoir toutefois tranché : « Après, mes enfants ne vont pas hériter de millions, ils sont chacun déjà bien installés dans la vie et ce que je leur laisserai ne va pas bouleverser leur existence. Pour vous donner une idée, je vais faire en sorte qu’ils touchent chacun 150 000 euros via une assurance-vie.« 

« Leur léguer l’idée que l’argent n’est pas le moteur de la vie »

Ce qu’il veut également transmettre à ses enfants, c’est cette vision de l’argent, apprise de ses parents : « il n’existe pas de réussite qui vaille la peine d’être considérée si elle ne se situe pas au niveau de l’esprit. Il en va de même avec mes enfants, les choses sont claires : mon estime pour eux n’a rien à voir avec leur réussite économique. (…) J’ai tâché de leur léguer cette idée que l’argent n’est pas le moteur de la vie, mais je les sens quand même plus attachés que moi à la chose. Et je pense que ce sera encore plus vrai chez mes petits-enfants. »

Il était revenu sur les difficultés qu’il avait connu à la mort de son père. Celui-ci se suicide quand il a 26 ans, « laissant des dettes et des impôts. Je ne voudrais pas imposer à mes enfants une telle épreuve, en plus de la peine qu’ils auront. » Pas question pour lui de partager ainsi la « méconnaissance et un désintérêt pour l’argent qui finissaient par être ridicules tant ils étaient poussés » de ses parents, sans pour autant verser dans l’extrême inverse. Il proclamait ainsi sa gêne face à la Bourse : « L’idée que l’argent s’auto-entretient m’est désagréable. Je considère que le gain sans effort, par la spéculation, le boursicotage, c’est une mauvaise chose.« 

Avant de conclure, philosophe : « Je n’ai jamais estimé mon niveau de bonheur par rapport à ma situation financière. Aujourd’hui, j’ai bien plus d’argent que je ne peux en dépenser mais ça n’accentue en rien mon bonheur.« 

Crédits photos : CEDRIC PERRIN / BESTIMAGE

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