Ahmed Sylla : une jeunesse en enfer

Derrière son sourire ravageur et ses yeux taquins, l’humoriste cache de profondes blessures… Dont il n’avait jusqu’à présent jamais parlé.

C’est bien la première fois qu’il ne nous fait pas pleurer “pour de rire”. Dans un entretien avec la bande de Roman Frayssinet, qui anime l’émission Amuse bouche sur YouTube, c’est un Ahmed Sylla soudainement grave qui a levé le voile sur un passé jusque-là soigneusement cadenassé.

Ne pouvant retenir ses larmes, celui qui avait fait les belles heures de On n’demande qu’à en rire a ainsi raconté la violence terrible subie dans son quartier quand il était plus jeune. Notamment la mort brutale de son meilleur ami, alors qu’il n’avait que 18 ans. “Je suis en train de faire mes courses, on m’appelle et on me dit : ‘Ouais, gros, il s’est passé une dinguerie : Toko, il est mort.”

Le jeune homme s’est fait cribler de balles par des gens avec qui Ahmed a grandi. Le choc est démentiel pour ce fils d’immigrés sénégalais, qui “fréquente alors des personnes qui peuvent te mettre dans la merde” et “commence à faire des bêtises”.

Pris dans un engrenage, il se retrouve ainsi un soir poursuivi par une voiture, alors qu’il transporte deux de ses amis. Il décide de s’arrêter et de sortir de son véhicule pour calmer le jeu. Mais il va en réalité passer à deux doigts de la mort… “Le gars sort un fusil à pompe, le passager à l’arrière sort un calibre, et j’entends un coup qui part. Il tire sur notre voiture et je suis tétanisé, raconte-t-il la voix blanche. Mon pote a la main explosée, c’est plein de plombs. J’ai son sang sur mon T-shirt”, poursuit-il, confiant pour finir qu’il “s’était vu mourir à ce moment-là.”

L’événement va avoir pour conséquence de provoquer chez l’acteur une énorme prise de conscience. Pour lui, l’objectif devient très clair : fuir la violence. Grâce à son talent inné pour l’humour, il se fraye ainsi un beau petit bout de chemin dans la forêt pourtant dense de la scène stand-up.

Concédant malgré tout, avec une grande amertume, que le succès et l’argent l’avaient malheureusement éloigné de bien des amis… “Les gens que je connaissais le plus m’ont tourné le dos pour de l’oseille”, “ils m’ont jugé”, a ainsi lâché celui qui n’a pas manqué également de revendiquer à nouveau que, lui, il aurait accepté les 200 000 euros d’Amazon pour LOL : qui rit, sort ! On ne pourra pas lui reprocher de ne pas être cash…

Aurélie Descoing

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