Affaire Duhamel : les « nuits blanches » de Frédéric Mion, ancien directeur de Sciences Po

Sous pression depuis l’éclatement de l’affaire Olivier Duhamel et la sortie du livre de Camille Kouchner, Frédéric Mion a démissionné de son poste de directeur de Sciences Po Paris. Avant de prendre cette décision, celui qui s’est « empêtré dans ses mensonges », selon Challenges, a « enchaîné les nuits blanches ».

A propos de

  1. Olivier Duhamel

Cela faisait plusieurs semaines qu’il était poussé vers la sortie. Dans le sillage de l’affaire Olivier Duhamel, accusé par sa belle-fille Camille Kouchner d’avoir commis des actes incestueux sur son beau-fils lorsque ce dernier était adolescent, Frédéric Mion, directeur de Sciences Po depuis 2013, a présenté sa démission. Ce proche d’Édouard Philippe a adressé une lettre à la communauté éducative et aux étudiants pour faire part de sa décision, ont rapporté BFMTV et l’AFP ce mardi 9 février. Depuis quelque temps déjà, l’intéressé, qui aurait été mis au courant des agissements du politologue par Aurélie Filippetti en 2019, tentait de résister à la pression. Entre ceux qui souhaitaient vivement sa démission et ses proches qui lui sommaient de rester, Frédéric Mion a été pris dans un tourbillon qui l’a dépassé.

Comme l’a rapporté Challenges dans un article paru ce mercredi 10 février, l’ancien directeur de Sciences Po s’est « refait cent fois le film dans sa tête » et a « enchaîné les nuits blanches ». Lorsque l’affaire Olivier Duhamel a commencé à le rattraper, son entourage lui a conseillé de rester à son poste malgré tout : « Tous sans exception me disent que je ne dois pas démissionner. Mon équipe me dit, vous ne pouvez pas partir ou vous laissez l’institution sans défense », a expliqué l’intéressé à nos confrères.

Louis Schweitzer, qui a pris la présidence de la Fondation Nationale des Sciences Politiques (FNSP) par intérim, lui aurait même soufflé : « Tu vas mettre Sciences Po en difficulté, ne démissionne pas. » C’est le même qui avait déjà pris sa défense, dans les colonnes du Parisien, au mois de janvier : « Rétrospectivement, c’est sûrement une maladresse. Mais, ce qui est important à mes yeux est le fait qu’il n’y a eu aucune complicité, aucune volonté de masquer quelque chose d’inacceptable« , avait-il affirmé, avant de conclure : « Frédéric Mion doit rester, c’est un directeur remarquable. »

Un rapport « accablant »

C’est un document qui l’a décidé à démissionner de ses fonctions. En rencontrant nos confrères de Challenges, le 5 février dernier, Frédéric Mion avait prévenu : « Si le rapport d’inspection du ministère d’Enseignement supérieur devait être accablant, je prendrai la poudre d’escampette, et ne remettrai plus jamais les pieds à Paris. » Face au contenu du dit rapport, il n’a eu d’autres choix que de capituler. Comme l’a fait savoir Le Monde, les 45 pages de ce document seraient « accablantes pour le directeur de l’école. » En plus d’avoir menti aux enseignants, aux étudiants et à la presse à propos de l’affaire concernant Olivier Duhamel, Frédéric Mion aurait également caché la vérité à l’inspection. Selon elle, celui qui se faisait autrefois appeler « le roi Mion » n’aurait pas souhaité « divulguer l’intégralité des informations dont il dispose et des décisions qu’il a prises. »

En démissionnant, Frédéric Mion espère « un retour à la sérénité » au sein de Sciences Po

Dans la lettre annonçant sa démission, relayée par franceinfo, Frédéric Mion a déclaré : « J’ai jugé en conscience que mon devoir était de ne pas quitter mon poste avant que soit menée à bien l’enquête. » Et d’ajouter qu’il « mesure le trouble qui en résulte et [qu’il] en assume l’entière responsabilité. » Il espère que sa décision « permettra le retour à la sérénité si nécessaire au travail de toutes et de tous ». Le fait que le président de l’établissement « savait » a provoqué un véritable cataclysme dans les couloirs de Sciences Po. Selon Le Monde, plusieurs personnes auditionnées dans le cadre du rapport d’inspection lancé par le ministère de l’Enseignement supérieur ont fait savoir qu’elles étaient « déçues » et « écoeurées », et pour certaines « trahies », par Frédéric Mion.

Crédits photos : Mousse/ABACA

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