Vrai/Faux : 6 infos pour mieux vivre vos règles
Il est temps de briser le tabou des règles. A l’occasion ce vendredi 28 mai de la journée mondiale de l’hygiène menstruelle, voilà un vrai/faux pour tout savoir (et vivre au mieux) vos menstruations.
Avoir « ses ragnagnas » ou « les Anglais qui débarquent », être « indisposé.e »… Autant de termes pour désigner un phénomène naturel qui touche plus de la moitié de l’humanité. Il n’y a pas de honte à avoir ses règles, encore moins à les nommer. Mais les menstruations soulèvent encore aujourd’hui des questions voire des préjugés et tabous. Ce n’est pas normal – même Meghan Markle le dénonce, c’est dire. Et les chiffres sont sans appel : selon une récente étude Ifop*, 3 français.e sur 10 dit avoir déjà renoncé à se rendre à un rendez-vous galant et presque autant de sortir avec des ami.e.s. Pourtant, si l’on additionne tous les jours de menstruations d’une femme au cours de sa vie, on tombe sur une moyenne entre 2 555 et 3 000 jours, soit plus de 8 ans au total !
À l’occasion de la journée mondiale de l’hygiène menstruelle, ce vendredi 28 mai 2021, voilà six idées reçues et informations à comprendre, afin de passer le plus sereinement possible ces 8 ans de menstruations.
1.C’est normal de souffrir pendant ses règles
FAUX. Non, ce n’est pas normal d’avoir mal ! On nous a appris à souffrir en silence, mais cette banalisation de la douleur lors des menstruations peut se révéler très dangereuse. Cela peut notamment nous faire passer à côté d’un problème tel que l’endométriose. Cette maladie gynécologique, qui concerne une femme sur dix, est caractérisée par la présence de tissu semblable à la muqueuse utérine en dehors de l’utérus (différents organes peuvent être touchés). Son principal symptôme est la douleur (notamment au moment des règles) et elle peut être à l’origine de problèmes de fertilité. Pourtant, une étude Ifop* révèle que près d’1 femme sur 2 souffre de règles douloureuses. Ce qui démontre que les menstruations ont encore aujourd’hui un impact fort sur la santé des femmes, notamment en raison d’un manque de prise en charge médicale de ces symptômes. À noter, il existe aujourd’hui quelques solutions pour soulager ces douleurs (médicaments ciblés, médecine douce…) mais si ces symptômes persistent, il faut consulter son médecin traitant ou gynécologue afin de s’assurer que tout va bien.
2.Le sang menstruel est sale
FAUX. Il est constitué d’eau, de lymphe, de globules rouges et de cellules d’endomètre, issues de la muqueuse de l’utérus qui décompose à la fin de chaque cycle menstrule (lorsqu’il n’y a pas de grossesse). Sa couleur varie du rouge au brun, en fonction de son oxydation et son odeur est propre à chacun.e. Pour Elise Thiébaut, auteure de Ceci est mon sang (Ed. La Découverte, 2017), « le sang des règles a une odeur. Elle peut varier suivant les personnes, comme la sueur… On l’aime, car elle nous est propre. »
3. La masturbation soulage les douleurs menstruelles
VRAI. Pour la première fois, une étude clinique tout ce qu’il y a de plus sérieuse vient de le démontrer. Womanizer (marque du sex toy le plus vendu au monde) et Lunacopine (coupes menstruelles) ont mené l’Etude Menstrubation (compression de « menstruation » et de « masturbation ») en collaboration un psychologue clinicien et sexologue. Durant 6 mois, près de 500 personnes menstrué.es ont enregistré à chaque règles l’intensité et la fréquence de leurs douleurs, et ont comparé leurs techniques habituelles (médicaments, etc) à une autre méthode bien moins conventionnelle : la masturbation. Résultat : 90 % des interrogé.es recommandent la masturbation pour soulager la douleur et 85 % prévoient de maintenir cette nouvelle routine.
4. Il ne faut pas avoir de rapport sexuel durant nos règles
FAUX. Il n’y a aucune contre-indication médicale et physiologique. Mais c’est un tabou qui est bien installé. Nous pouvons en partie remonter son origine aux religions monothéistes, qui ont pendant très longtemps interdit l’acte sexuel à une période où la femme était considérée comme impure. Aujourd’hui évidemment, rien ne l’interdit. Mais, comme toujours lorsqu’il s’agit de sexualité, c’est une affaire de consentement mutuel et d’envie de chacun.e. Attention cependant, il faut penser à bien se protéger. Sans compter les MST, il arrive que l’ovulation survienne juste après ou pendant les saignements des règles. Bref, pendant les rapports sexuels on veille à se protéger, même quand on a ses règles !
5. Les règlent peuvent tuer
VRAI. Ce ne sont pas les règles, mais le tabou autour de ce phénomène naturel (et qui concerne la moitié de l’humanité !) qui peut tuer. Au Népal ou au Vanuatu, par exemple, les filles et les femmes sont exclues socialement voire exilées de leur maison. Isolées dans des abris de fortune, exposées aux éléments, aux agressions, des femmes meurent chaque année. L’ONG internationale Care rappelle sur son site la dangerosité de ce genre de pratique, avec un exemple terrifiant : le 9 janvier dernier, une femme et ses deux enfants ont été retrouvés morts dans une hutte au Népal alors que la mère se pliait à la coutume ancestrale du Chaupadi, cet exil menstruel. Et ce, malgré le fait que cette pratique a été interdite l’année dernière.
6. En France, 1,7 millions de menstrué.es ne peuvent s’acheter des protections périodiques
VRAI. C’est malheureusement un fait établi : en France, 1,7 million de femmes – soit 9% de la population – n’ont pas accès aux protections hygiéniques, faute de moyens financiers. Il faut savoir qu’en moyenne, on dépense 1750€ en protections périodiques au cours de notre vie. Chaque mois, ces femmes improvisent des protections de fortune avec du tissu, des mouchoirs, etc. Cette situation a un impact fort sur leur estime d’elles-mêmes et sur leur insertion sociale. Une autre étude (OpinonWay pour l’association Règles Élémentaire) révèle qu’1 femme sur 5 a déjà été victime de cette précarité menstruelle. Si l’on note quelques jolies actions (Vania et Nett qui font don au Secours Populaire d’une protection périodique à chaque paquet de serviettes ou tampons achetés en grande distribution – du 1ermai au 30 juin – ; ou encore Liddl qui s’engage pour septembre prochain a faire don d’un paquet de protection aux Restos du Cœur pour tout achat d’un paquet de protection de sa marque propre « Siempre ») beaucoup d’instances et d’associations réclament la gratuité pure et simple (via un système de remboursement par exemple) de ces protections hygiéniques.
*Étude Ifop pour iNTIMINA réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 17 au 28 avril 2021 auprès d’un échantillon de 1 010 femmes, représentatif de la population féminine française âgée de 15 à 49 ans résidant en France métropolitaine.
Crédits photos : Katarzyna Grabowska / Unsplash
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