Sels d’alu, parabens, triclosan… Ces composants qui posent problème dans nos déodorants
- Les sels d’aluminium
- La pierre d’alun, une fausse bonne idée ?
- Les antioxydants (BHA et BHT)
- Certains parabens comme le butylparaben et le propylparabène
- Certains silicones comme le cyclopentasiloxane et le cyclotetrasiloxane
- Certains agents antibactériens comme le triclosan
- Certains alcools dénaturés
- Et les huiles essentielles ?
- Attention aux gaz !
Sels d’aluminium, BHA, butylparaben, cyclopentasiloxane, triclosan … Au tribunal des déodorants, ces ingrédients aux noms barbares se retrouvent régulièrement sur le banc des accusés. Quels sont leurs rôles ? Quels effets peuvent-ils provoquer sur la santé ? Faut-il totalement les boycotter ?
On fait le point avec Maëla Le Breuil, Directrice R&D et Communication scientifique et médicale chez MÊME, une marque de dermo-cosmétique spécialement développée pour les personnes sous traitement anti-cancéreux.
Les sels d’aluminium
À quoi servent-ils ? Les sels d’aluminium sont des anti-transpirants. Ils resserrent les pores de la peau et bloquent ainsi une bonne partie de la transpiration et des mauvaises odeurs. « Or, transpirer est un phénomène 100% naturel, qui permet à l’organisme d’évacuer les toxines et de réguler sa température, rappelle Maëla Le Breuil. En bouchant les glandes sudoripares, les sels d’aluminium peuvent provoquer des irritations cutanées et des inflammations« .
Pourquoi faut-il s’en méfier ? « Lorsque leur utilisation est quotidienne, les sels d’aluminium sont suspectés de favoriser les cancers du sein en traversant la barrière cutanée, explique notre experte. Mais ce n’est pas totalement établi et le sujet fait encore débat au sein de la communauté scientifique ».
En l’état actuel des connaissances, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) recommande de restreindre la concentration d’aluminium dans les produits cosmétiques à 0,6 % et de ne pas utiliser les produits contenant de l’aluminium juste après le rasage ou sur une peau lésée. Problème : à moins d’être diplômé.e d’un doctorat en biologie, il est difficile – pour ne pas dire impossible – de connaître la teneur exacte en aluminium d’un déodorant.
Comme le rappelle Maëla Le Breuil, « sur une étiquette, les ingrédients sont notés par ordre décroissant de quantité utilisée, sauf pour ceux utilisés à moins de 1%. Ces derniers arrivent en fin de liste, dans le désordre. Un ingrédient dosé à 0,5 % peut donc très bien apparaître avant un ingrédient dosé à 0,8%, laissant alors le consommateur dans le flou total quant aux quantités utilisées pour chaque composant ». Par précaution, mieux vaut donc miser sur des déodorants sans sels d’aluminium.
Comment les reconnaître sur l’étiquette ? Les sels d’aluminium solubles sont potentiellement les plus dangereux car ils pénètrent plus facilement dans le corps. C’est donc eux qu’il faut tenter de repérer en priorité. Il s’agit notamment des chlorides et des sulfates, reconnaissables dans les listes INCI (la Nomenclature Internationale des Ingrédients Cosmétiques, ndlr) sous les appellations « aluminium chloride« , « aluminium chlorohydrate« , « aluminium sulfate« .
La pierre d’alun, une fausse bonne idée ?
Elle est souvent présentée comme une alternative sûre aux sels d’aluminium. Et pourtant, la pierre d’alun renferme elle aussi de l’aluminium…
Faut-il donc l’incriminer ? « Mieux vaut éviter les pierres d’alun synthétiques (‘ammonium alun’) si l’on ne veut pas prendre de risque, recommande Maëla Le Breuil. Mais la pierre d’alun naturelle (‘potassium alun’) est un gros minéral qui, a priori, n’aurait pas la capacité de pénétrer les cellules de la peau. »
Les antioxydants (BHA et BHT)
À quoi servent-ils ? Ce sont des conservateurs qui empêchent l’oxydation et le rancissement des produits.
Pourquoi faut-il s’en méfier ? « Tous les antioxydants ne sont pas dangereux. Les vitamines C et E sont par exemple très bien tolérées et ne posent pas de problème particulier d’un point de vue santé, rassure d’emblée notre experte. Mais effectivement, le BHA et le BHT sont décriés car ils ont été classés comme cancérigènes et sont suspectés d’être des perturbateurs endocriniens, capables d’interagir avec le système hormonal. Bien qu’ils soient devenus très rares dans les déodorants, ils ne sont pas encore totalement interdits. Ils sont en cours d’étude par les autorités européennes pour que leurs effets soient réévalués. »
Comment les reconnaître sur l’étiquette ? On le retrouve sous les appellations « BHT« , « butylhydroxytoluène« , « BHA« , « butylhydroxyanisole« .
Certains parabens comme le butylparaben et le propylparabène
À quoi servent-ils ? Ce sont également des conservateurs utilisés pour protéger les formules des proliférations bactériennes et microbiologiques.
Pourquoi faut-il s’en méfier ? Là encore, tous les parabens ne méritent pas d’être blacklistés. « C’est leur structure chimique et la longueur de leur chaîne alkyle qui déterminent leur toxicité : plus celle-ci est longue, plus le paraben est potentiellement nocif », explique Maëla Le Breuil.
Ainsi, les parabens à chaîne longue (« isobutyl », « isopropyl », « benzyl », « pentyl », « phenylparaben ») sont interdits alors que les parabens à chaîne courte (« methylparaben », « ethylparaben ») sont jugés sans danger pour la santé. Et entre les deux ? Des parabens de taille moyenne comme le « butylparaben » ou le « propylparaben » qui restent autorisés, mais sont tout de même soupçonnés d’être des perturbateurs endocriniens.
Comment reconnaître les parabens sur l’étiquette ? C’est facile, ils finissent tous par « paraben » !
Pour remplacer les parabens dans le collimateur des consommateurs, les industriels se sont mis à utiliser d’autres ingrédients comme la « méthylisothiazolinone » (« MIT ») et la « méthylchloroisothiazolinone » (« MCIT »). Mais ces derniers ont finalement été interdits par l’Union Européenne dans les produits non rincés à cause de leur fort potentiel allergisant.
« Aujourd’hui, quelques conservateurs de synthèse sont autorisés en cosmétique bio, comme l’alcool benzylique, l’acide salicylique ou encore l’acide benzoïque. Le hic, c’est que tout le monde utilise désormais ces conservateurs ‘inoffensifs’. À force d’être confronté chaque jour aux mêmes substances, la peau développe des sensibilités alors même que ces conservateurs sont ‘sûrs' », souligne notre experte.
Certains silicones comme le cyclopentasiloxane et le cyclotetrasiloxane
À quoi servent-ils ? Ils jouent un rôle dans la sensorialité des produits. C’est à eux que l’on doit l’effet « velouté » des déodorants.
Pourquoi faut-il s’en méfier ? Le « cyclopentasiloxane » et le « cyclotetrasiloxane » sont suspectés d’être des perturbateurs endocriniens et d’être toxiques pour la reproduction. Ils ne sont pas interdits, mais ils sont eux aussi dans le viseur des autorités européennes. « Mise à part ces deux molécules, la plupart des silicones ne sont pas dangereux pour la santé, nuance toutefois Maëla Le Breuil. Il posent principalement problème d’un point de vue environnemental, car ils ne sont pas biodégradables et polluent le milieu aquatique. »
Comment les reconnaître sur l’étiquette ? Ils terminent par « cone » ou « xane ».
Certains agents antibactériens comme le triclosan
À quoi servent-ils ? Ils permettent de lutter contre les mauvaises bactéries pour limiter la production d’odeurs désagréables.
Pourquoi faut-il s’en méfier ? Il existe toutes sortes d’agents antibactériens. « Le triclosan est sur la sellette depuis plusieurs années car il est très puissant et donc très irritant pour la flore bactérienne des aisselles », informe notre experte. Il a également été reconnu comme un perturbateur endocrinien pouvant affecter les hormones oestrogènes et thyroïdiennes. L’Union Européenne autorise toujours la présence de triclosan dans les cosmétiques, à l’exception des produits de rasage, avec une concentration maximale de 0,3%. »
Comment le reconnaître sur l’étiquette ? Il apparaît tout simplement sous le nom « triclosan ».
Certains alcools dénaturés
À quoi servent-ils ? Ils procurent l’effet fraîcheur à l’application, notamment dans les déodorants en spray.
Pourquoi faut-il s’en méfier ? « Ce sont des irritants qui assèchent la peau et altèrent son film hydrolipidique. Ils favorisent également la pénétration des autres ingrédients potentiellement mauvais pour la santé », explique Maëla Le Breuil. Au soleil, les déodorants à base d’alcools dénaturés peuvent aussi provoquer des taches sur la peau.
Comment les reconnaître sur l’étiquette ? « Il y a alcool et alcool, précise notre experte. Il faut se méfier des alcools figurant sous les appellations ‘alcool’ tout court ou ‘alcool denat’.. Mais ce n’est pas parce que le terme ‘alcool’ apparaît dans un produit qu’il est mauvais. Les alcools gras sont très intéressants et ne sont ni irritants ni toxiques ».
Sur l’étiquette, ils sont souvent précédés d’un mot finissant par « yl ».
Et les huiles essentielles ?
Arbre à thé purifiant, romarin équilibrant, citron assainissant, menthe poivrée rafraîchissante … Si les huiles essentielles (HE) sont des alternatives naturelles qui peuvent parfois remplacer les produits chimiques dans les déodorants, il est important de les utiliser avec prudence.
En effet, même malgré les labels sécurisants, certaines huiles essentielles peuvent causer des irritations, des réactions allergiques ou même être photosensibilisantes. « Avant d’utiliser un déodorant contenant des huiles essentielles, mieux vaut prendre le temps de faire un test cutané sur un petit coin de peau pour éviter les mauvaises surprises », recommande Maëla Le Breuil.
De plus, les HE ne sont pas adaptées à tout le monde, notamment les femmes enceintes, les peaux allergiques et très sensibles, ou encore, les personnes sous traitement.
Attention aux gaz !
Les gaz propulseurs contenus dans la grande majorité des déodorants en spray sont des hydrocarbures (butane, propane, isobutane…). Ces substances volatiles polluent l’air que l’on respire chaque matin et peuvent provoquer diverses réactions allergiques ou respiratoires. Pas idéal donc.
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