Sassy Grand Doris, star d’Instagram et Tik Tok à 94 ans, livre les secrets de son succès
TÉMOIGNAGE. A 94 ans, Sassy Grand Doris est devenue depuis le premier confinement l’influenceuse senior à suivre, aussi bien sur Instagram, Tiktok et même You Tube. Filmée par son petit-fils Giovanni, elle raconte dans ses vidéos les événements, anecdotes et autres souvenirs qui ont jalonnés son incroyable parcours de vie, toujours avec cette pointe d’humour qui la caractérise. Rencontre avec une grande dame.
Le compte de Doris (@sassy_gran_doris) fait partie de ces petits miracles des réseaux sociaux. Quand je l’ai découvert il y a quelques mois, je suis tombée sous le charme de cette femme à la beauté et l’énergie incroyables et surtout, au parcours de vie vraiment peu ordinaire. Depuis quelques années, son petit-fils Giovanni (@giovanni.agnelli) honore son parcours en lui faisant raconter des épisodes de sa vie, mais aussi en lui faisant découvrir le monde d’aujourd’hui à travers des sorties, des rencontres, des coups de coeur, des discussions, etc.
Quand on lui demande pourquoi il a décidé de faire des vidéos avec sa grand-mère, Giovanni répond : « Parce que tous nos souvenirs sont un jour partis en fumée dans un incendie » raconte t’il. Sous la forme de vidéos courtes, il fait donc parler sa grand-mère au quotidien. Une grand-mère comme on rêve toutes et tous d’en avoir une. Véritable gravure de mode, ambassadrice du chic, fan de la maison Chanel, dotée d’un super sens de l’humour, elle distille ses conseils et sa sagesse au monde entier jour après jour. La preuve : ses vidéos ont été vues plus de 300 000 000 de fois ! Rencontre.
Gala : Doris, racontez-nous votre histoire…
Doris : Je suis née dans le Colorado il y a près de 95 ans. J’ai grandi à la campagne et ma famille était principalement composée d’agriculteurs. Je ne connaissais pas grand-chose du monde extérieur et je vivais dans une toute petite ville. J’ai épousé mon premier mari quand j’avais 18 ans, chemin de vie classique pour l’époque. Il était très grand, beau, charmant. Il m’a séduite, littéralement ! Un jour, il m’a « soulevée » du sol pour que nos yeux se rencontrent et a dit «épouse-moi».
Nous avons eu 5 enfants avant qu’il ne parte soudainement pour la guerre. Je me suis retrouvée seule pour élever et nourrir mes enfants. Quand il est revenu, il avait changé. Il buvait tous les jours – sauf le dimanche ! Il était cruel, abusif. Il collectionnait les maîtresses publiquement. Quand je l’ai découvert, j’ai décidé de le quitter et d’emmener les enfants.
Mais cela ne s’est pas fait paisiblement. Nous nous sommes échappés par la fenêtre et nous nous sommes cachés dans un tuyau d’égout toute la nuit. Quand le soleil s’est levé et qu’il s’était finalement endormi, nous sommes montés dans la voiture et sommes partis. Nous avons dormi dans la voiture jusqu’à ce que je puisse trouver un endroit sûr. Les enfants allaient à l’école pendant la journée et moi je cumulais 3 emplois pour y arriver.
Quand j’ai rencontré mon deuxième mari, mes enfants étaient déjà grands. Lui, je l’ai rencontré parce que son fils était le petit ami de ma fille ! Nos enfants se sont mariés à peu près au même moment que nous. Mais il souffrait lui aussi d’alcoolisme et comme il ne voulait pas se soigner, je suis parti, je ne voulais pas revivre ce que j’avais déjà vécu. A ce moment là, j’ai décidé que je devais faire quelque chose pour moi ! J’ai ouvert une garderie. Elle était gratuite pour les mères bénéficiaires de l’aide sociale et pour les autres, j’avais fait des tarifs en fonction des revenus. Je connaissais bien l’urgence des femmes qui ont besoin de travailler, mais sont piégées par le coût élevé des services de garde. J’ai développé l’entreprise jusqu’à ce qu’elle devienne trop grande pour moi ; alors je l’ai confiée à quelqu’un d’autre.
Pendant ce temps, j’ai rencontré mon troisième mari. A cause de graves problèmes médicaux, il a dû être amputé d’une jambe, ce qui a provoqué chez lui une grave dépression. Il a commencé à boire pour oublier la réalité de sa nouvelle vie. J’ai essayé de l’aider à arrêter, mais sa détresse était plus grande que tout ce que je pouvais réparer. Nous avons donc divorcé et depuis, je suis célibataire ! Et cela dure depuis 40 ans !
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Gala : Parlez-nous de l’arrivée des réseaux sociaux dans votre vie et de votre petit-fils Giovanni.
Doris : Mon petit-fils nous a toujours filmés du plus loin que je me souvienne ! Il y a environ 5 ans, j’ai déménagé en Californie à sa demande. Il pensait que le climat chaud me ferait du bien. Il avait raison! Je l’aime ! Il a commencé à publier des vidéos sur ma page Facebook pour que mes enfants et mes petits-enfants puissent rester en contact. Puis, il les a postées sur sa propre page. Les gens les ont adorées et il a reçu des demandes pour en faire plus.
Il a donc créé un compte TikTok où il pouvait toutes les publier. C’était lors du premier confinement, en avril 2020, en pleine épidémie et les gens étaient coincés chez eux. Je suppose qu’ils s’ennuyaient et ont commencé à regarder nos vidéos. Plusieurs d’entre elles sont devenus virales et différentes personnes ont commencé à demander s’ils pouvaient les partager. Buzzfeed, NY Post, Daily Mail, Steve Harvey Show, MTV, la folie ! Aujourd’hui, j’ai près d’un million d’abonnés sur mes différentes chaînes (760 000 sur TikTok (@sassygran), 76 300 sur Instagram, 70 000 sur YouTube, etc.) et plus de 300 000 000 vues pour mes vidéos. Dans la rue, on me reconnait tous les jours et j’adore ça !
Gala : Une de vos vidéos a été vue plus de 57 millions de fois ! Vous attendiez-vous à un tel succès?
Doris : Jamais je n’ai pensé qu’à 94 ans j’ouvrirais un nouveau chapitre aussi passionnant dans mon livre de vie. Dans cette vidéo, je racontais comment je m’étais vengée de mon mari ! Un jour je découvre qu’il a une maitresse. J’ai alors invitée celle-ci au restaurant et je l’ai fait boire, boire et elle était tellement saoule qu’elle s’est endormie la tête… dans son assiette ! Ensuite, j’ai appelé mon mari et je lui ai dit : viens chercher ta copine, elle a la tête dans la nourriture ! Cette vidéo a battu des records ! Aujourd’hui, je reçois des centaines de lettres chaque semaine et cela me procure une joie incroyable. Ces followers, je les ai tous adoptés comme mes petits-enfants et je garde chaque lettre et carte en souvenir. Je crée une salle où ils seront tous exposés. Je réponds également à chacun d’entre eux. Je ne peux pas décrire le bonheur que ces lettres m’apportent.
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Gala : Vous avez une relation exceptionnelle avec votre petit-fils, pouvez-vous nous en parler?
Doris : Nous sommes proches depuis qu’il est bébé. Je n’ai pas de favoris, mais c’est mon quand même mon préféré ! Il a toujours voulu passer du temps avec moi et cela fait vraiment une différence dans la vie de quelqu’un. Il dépensait son argent pour m’inviter au restaurant, il me rendait visite pendant ses pauses déjeuner au lycée. Quand il a déménagé en Californie après le lycée, je ne l’ai vu qu’une ou deux fois par an pendant les 20 années suivantes. C’était triste. Quand il m’a demandé de déménager en Californie pour être plus proche de lui, je n’ai pas hésité. Ce n’est pas seulement mon petit-fils, c’est l’un de mes meilleurs amis. Son frère Pete, est aussi mon meilleur ami. Ces deux hommes sont les plus gentils et les plus aimants que j’aie jamais connus.
Gala : À 94 ans, vous êtes dans une forme incroyable. Quels sont vos secrets?
Doris : Je n’ai aucun secret ! Je travaille toujours tous les jours mais surtout, mon alimentation est loin d’être un modèle ! Je mange beaucoup d’aliments transformés, de fast-foods, pas de légumes, beaucoup de chocolat et je fume une cigarette par jour. Je pense que ma détermination et mon entêtement sont le secret de ma longue vie. Je n’ai tout simplement pas encore fini ce que je dois accomplir dans ce monde !
Gala : Dans vos vidéos, vous êtes toujours très chic, parfaitement maquillée, coiffée. La beauté a-t-elle toujours fait partie de votre vie quotidienne?
Doris : J’ai toujours voulu être « chic ». Ma fille était elle aussi toujours aussi bien habillée. Même pour aller faire ses courses, elle soignait sa coiffure et son maquillage. Mais je n’ai pas toujours pu m’habiller comme je le souhaitais ! J’avais l’habitude de regarder des magazines et d’entourer les tenus, les bijoux que j’aimais et je rêvais du jour où je pourrais ressembler à ça. Quand je suis arrivée en Californie, j’ai montré à mon petit-fils les magazines que j’avais conservés au fil des ans. Il m’a dit : « si tu pouvais avoir toutes ces choses, est que cela t’amuserait » ? Depuis ce jour, il me gâte. Et comme nous sortons beaucoup, et que ma vie est bien remplie, je peux m’habiller comme je l’ai toujours rêvé tous les jours. Avant la pandémie, nous allions à des fêtes, des films, au théâtre, au restaurant, nous faisions des voyages et toutes sortes de choses amusantes. J’ai un grand cercle d’amis maintenant et bien sûr ma belle famille Internet. C’est donc un plaisir d’être glamour tous les jours.
Gala : Parlez-nous de votre routine beauté?
Doris : La plupart des gens sont toujours surpris d’apprendre que je me lave le visage avec du savon solide et que j’applique ensuite la crème Nivea. Une fois par semaine, je fais un masque avec du saindoux de cuisine Crisco avant de me coucher et c’est tout ! Mais le rouge est ma couleur signature, lèvres rouges et ongles rouges, toujours !
Gala : Plus jeune, quel est le meilleur conseil que votre maman vous ait donné?
Doris : Peu importe votre niveau de vie, il n’y a jamais d’excuse pour être sale et il y a toujours un moyen de trouver du savon et de l’eau.
Gala : Quels sont les parfums qui ont marqué votre vie?
Doris : J’ai reçu en cadeau le numéro 5 de Chanel il y a 50 ans et je le porte toujours. Récemment, je suis passé à Coco Mademoiselle et Gabrielle. Et vous voyez, je reste fidèle à Chanel.
Gala : Certains parfums vous rappellent-ils des souvenirs d’enfance?
Doris : Oui, bien sûr. L’herbe fraîche coupée, l’air avant la première neige, les gaz d’échappement d’une voiture, la nourriture, tout cela peut déclencher des émotions et des souvenirs pour moi. En ce qui concerne le parfum, pas vraiment. Je n’ai pas grandi dans une maison où les femmes portaient vraiment du parfum lorsqu’elles étaient jeunes.
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Gala : Pour vous, qu’est-ce qui a changé dans la beauté des femmes au cours des cinquante dernières années?
Doris : Tout. Les tendances beauté ne cessent de changer. Je ne comprends pas comment un type de corps être un jour à la mode puis du jour au lendemain ne plus l’être, mais c’est certainement le cas. En regardant les vieilles peintures de femmes « rubenesques », les femmes « sablières » des années 1959, les femmes minces des années 1960, les femmes amazoniennes des années 1980 aux femmes maigres des années 1990, on voit que tout est un éternel recommencement, les tendances viennent et disparaissent sans cesse. Je ne comprendrai jamais cette tendance du contouring où il faut des tonnes de maquillage ou ce désir que peuvent avoir certaines femmes d’avoir un « cul » aussi grotesquement disproportionné par rapport au reste du corps. Avoir des formes c’est beau mais ces sortes de créations caricaturales exagérées ne sont pas à mon goût. Après, chacun est libre de faire les choix qui lui apportent bonheur.
Gala : Pensez-vous que les femmes doivent changer sa routine beauté en veillissant ?
Doris : Je pense qu’une femme est avant tout une femme et cela, indépendamment de sa beauté ou de sa féminité. Il y a des femmes masculines qui travaillent dur et qui survivent pour améliorer leur vie et celle de leur famille. Et elles ne sont pas moins belles qu’une femme qui se fait dorloter et suit des régimes de beauté toute sa vie.
Gala : Quelle est votre opinion sur la chirurgie esthétique?
Doris : Je pense que tout ce qui fait du bien à quelqu’un me convient. Personnellement, j’aime mes rides. Je trouve que j’ai un gros nez et un gros menton, mais c’est moi, je suis comme ça. Certaines de nos vidéos sont plus lumineuses et certaines semblent filtrées et je suis sûrement plus à mon avantage sur ces dernières, mais en aucun cas je ne voudrais subir une intervention chirurgicale pour avoir ce résultat. Je suis vraiment heureuse d’avoir mon mes rides, j’ai vécu chacune d’entre elles.
Gala : Quels sont vos créateurs préférés?
Doris : Chanel! Dès mon plus jeune âge, je rêvais de ressembler à ces femmes habillées en Chanel. Une marque si élégante, si intemporelle. J’ai parfois tendance à peut-être exagérer et à oublier que le «less more » est toujours plus classe, mais que voulez-vous, je suis attirée par les belles choses scintillantes qui ne sont pas toujours « raccord » avec le look intemporel de Chanel. Mes pièces préférées sont d’ailleurs deux très très vieux colliers de cette marque.
Gala : Au cours de votre vie, quelles femmes vous ont inspirée ?
Doris : Ma tante Doris m’a énormément inspirée. C’était la femme la plus glamour que j’aie jamais connue dans la vraie vie. Parfois, je me regarde maintenant dans le miroir et la vois me regarder.
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Gala : Aujourd’hui, quelles sont les causes qui vous tiennent à cœur ?
Doris : La cruauté envers les animaux et les causes des enfants sont très importantes pour moi. Mon petit-fils m’a beaucoup aidé à pourvoir apporter mon aide à différentes causes dans ces deux domaines. Je prépare une collection de livres que je souhaite totalement inclusifs pour tout le monde (Sassy Gran Presents). Cette collection racontera des histoires d’enfants handicapés. Vous savez, mon arrière-petit-fils est aveugle et autiste. Quand ils le voient, les autres enfants sont curieux, mais à chaque fois, leurs parents, par respect, ne leur permettent pas de poser des questions, de peur d’offenser. Je voudrais briser cette barrière et leur permettre d’en apprendre davantage sur les différences et les similitudes entre eux et Pete. Il y a quelques jours, j’ai demandé à Giovanni de poster une photo de Pete sur mon compte Instagram. Je lui ai dit : « Laissons tout le monde voir que même s’il ne peut pas voir et qu’il ne peut pas parler, il réussit à trouver la paix et le bonheur tous les jours avec des choses simples que nous oublions comme une douce brise, se balançer sur une balançoire avec le soleil chaud sur notre visage en écoutant aux enfants jouent et chantent les oiseaux ».
Crédits photos : Douglas Kirkland
Autour de
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