Miranda Kerr : "Je crois en une beauté et une santé in & out"
Nous nous étions brièvement rencontrées en Allemagne, il y a une dizaine d’années. Miranda Kerr faisait la promotion de baskets conçues pour galber les jambes en marchant. Nous avions un peu parlé de skincare, elle avait déjà fondé Kora Organics et regrettait que l’on ne puisse pas essayer ses produits. Surtout, elle était intarissable sur les bienfaits d’une vie saine et sportive. Nous avions repris l’avion vers la France les super-chaussures aux pieds, galvanisée et pleine d’espoir d’atterrir les mollets soudains affinés.
Car Miranda Kerr est passionnée et son enthousiasme s’avère franchement communicatif. Même par écrans interposés dix ans plus tard, elle à Los Angeles (tôt le matin), nous à Paris (en début de soirée).
Elle nous avertit dès le début de la conversation qu’elle peut discuter bien-être pendant des heures. Quelque soixante minutes plus tard, elle a effectivement révélé ses multiples sources de bonheur, « essentielles à sa sérénité physique et mentale ». Elle cite le sport et l’alimentation (bio), mais aussi sa marque (sa passion), sa famille (son équilibre), sa grand-mère (son inspiration). Un call feel good, assurément.
Marie Claire : en 2009, bien avant la percée du clean dans la cosmétique, vous avez créé votre marque avec la volonté qu’elle soit certifiée bio. Pourquoi était-ce déjà si important pour vous ?
Miranda Kerr : j’ai commencé à m’intéresser aux cosmétiques « propres » à l’adolescence, quand ma mère a appris qu’elle avait un cancer. Nous avons alors regardé les produits que nous utilisions dans chaque pièce. Nous avons été choqué.es par leur composition et le nombre d’ingrédients chimiques qu’ils contenaient, potentiellement dangereux pour notre santé et pourtant omniprésents dans les magasins.
Nous avons vidé la maison de tout ce qui nous semblait toxique. J’ai parallèlement compris que la peau était notre organe le plus fin, et qu’il fallait prendre conscience que ce que l’on appliquait en surface pénétrait aussi dans le corps. D’où la mise en garde quand vous êtes enceinte, qui ne devrait pas s’arrêter à cette période.
Comment avez-vous réussi à monter une marque avec des formules bios pointues ? Les laboratoires spécialisées devaient être plus rares à l’époque.
Nous étions en 2006. Je parlais à une amie de ma prise de conscience, lui racontant que nous avions réussi à nettoyer la maison dans pas mal de domaines, notamment l’alimentation, mais qu’il restait compliqué de trouver de bons produits de beauté bio. Elle m’a mise en contact avec un pharmacien qui travaillait dans un laboratoire d’aromathérapie bio.
C’était un projet ambitieux et coûteux, dans lequel j’ai investi les économies gagnées pendant mes années de mannequinat. Mais dès le départ, je n’ai pas voulu faire de concession : ma marque devait être Ecocert, un label reconnu dans le monde entier, pas juste en Australie, et formulée scientifiquement pour être performante, pas seulement propre.
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Quelle est la philosophie de Kora Organics ?
Proposer une alternative cosmétique saine et efficace pour une peau en meilleure santé. Mon discours est le même que celui pratiqué dans l’agroalimentaire bio, mais il n’est pas encore assez audible dans l’industrie de la beauté. C’est pourtant prouvé : la nourriture bio contient jusqu’à + 60 % d’antioxydants. Un actif bio, qui provient de cultures non appauvries par les pesticides, est lui aussi plus puissant.
Le succès a-t-il été immédiat ?
J’ai d’abord lancé Kora Organics en Australie. Habituée très jeune à un mode de vie sain, j’ai cru, à tort, que tout le monde vivait comme moi. Ce n’était pas le cas, même si les Australiens sont plutôt sensibles aux questions de santé.
J’ai compris que c’était un domaine sur lequel il y avait peu d’informations, et que la régulation autour du bio était encore peu rigoureuse, permettant à certaines marques de se prétendre propres alors qu’elles ne l’étaient pas. Ce fut un travail de patience et de résilience pour détricoter une certaine forme de désinformation.
Mais je me suis embarquée dans ce projet par passion, pas dans l’idée de créer un gros business. À l’époque, je ne pensais qu’à ma famille qui testait les produits. Je me rappelle ma joie quand ma mère m’a dit que la Noni Glow Face Oil avait transformé sa peau en moins d’une semaine. Elle souffrait d’eczéma et sa crème classique aux stéroïdes ne venait pas à bout des plaques rouges qu’elle avait sur le visage. C’était déjà ma plus belle récompense.
Votre notoriété de top-modèle a dû vous aider à diffuser ce message…
Cela m’a aidée à me rapprocher des gens, expliquer ma démarche. Tout en faisant attention à ne pas tomber dans le prosélytisme excessif. Je ne dis jamais qu’il faut vivre dans un monde 100 % bio. J’avertis sur la nécessité de consommer en étant informé.e. Si vous savez ce que vous faites, tout va bien. Mais si vous utilisez quelque chose sans en connaître les dangers, pour moi, c’est problématique.
Kora Organics est arrivée en France, chez Sephora, il y a quelques mois. Est-ce un rêve devenu réalité d’exister sur un marché aussi exigeant ?
C’était effectivement l’un de mes plus grands rêves, retardé à cause du Covid. Mais nous voulions aussi faire les choses bien et au bon moment. L’idée que les Français.es puissent essayer mes produits est dingue !
Derrière le glamour de ce business, il y a sa gestion quotidienne. Quels sont vos défis principaux ?
Confronter mes rêves à la réalité, avec toutes les contraintes financières que cela implique. Concrètement, j’essaie de solidifier notre position sur les marchés des pays où nous sommes vendus. Cela veut dire se concentrer sur l’acheminement de la marchandise. Les rachats en ligne sont excellents, donc nos produits plaisent, mais encore faut-il qu’ils arrivent à bon port.
Comment voyez-vous la marque évoluer ?
Je souhaite qu’elle devienne une référence dans le domaine du bio. Nous vendons aujourd’hui dans 30 pays. C’est le résultat d’un sacré travail ! Mais je n’ai jamais eu l’objectif de revendre ma marque pour gagner beaucoup d’argent. J’y ai mis tout mon cœur et mon âme et j’espère la transmettre un jour à mes enfants.
Avant de devenir mannequin à plein temps, vous avez étudié la nutrition et la psychologie de la santé. Le bien-être vous a toujours attirée ?
Je crois en une beauté et une santé « in & out » depuis toujours. Mes parents m’ont eu très jeunes et travaillaient beaucoup. J’ai quasiment été élevée par ma grand-mère paternelle, qui était passionnée par la nature et toutes les bonnes choses qu’elle nous apporte. Grandir dans un village, cueillir des légumes dans le potager, passer du temps dans la cuisine de ma grand-mère, qui m’apprenait à préparer des plats sains, des gâteaux sans sucre raffiné…
Cela a marqué mon quotidien d’enfant et influencé ma vie d’adulte. Je suis diplômée en nutrition intégrative depuis 2010 mais je ne cesserai jamais de me former car les avancées dans ce domaine sont constantes. Et ces sujets me passionnent. Je suis convaincue que notre santé dépend autant de ce que l’on mange que de notre façon de penser, des personnes dont on s’entoure. La connexion corps et esprit est extrêmement puissante. Si chacun pouvait trouver ce qui fonctionne pour lui, tout le monde serait plus heureux et en meilleure santé.
On retrouve d’ailleurs certains fruits marquants de votre enfance dans vos soins
Le noni, présent dans quasiment tous mes produits, est un super-fruit gorgé de vitamines et de minéraux qui agit sur les cellules. Ma grand-mère m’en mettait sur les coups de soleil ou les boutons. Elle m’en faisait aussi des jus. Aujourd’hui, j’en bois toujours et j’en donne à mes enfants. Pareil pour la prune de Kakadu, très riche en vitamine C, que ma mère me faisait boire et qui est un ingrédient de mon sérum et de mon contour de l’œil.
Comment réussissez-vous à diriger calmement toutes vos activités ?
J’essaie de me coucher tôt, vers 21h30. C’est contraignant, mais aussi fun et gratifiant. J’ai un agenda millimétré, avec des plages horaires sans téléphone, matin et soir, pour profiter de mes enfants. Pareil le week-end.
Que faites-vous pour rester en forme ?
Je me lève à 5h30 pour prendre une heure pour moi avant le réveil des enfants. J’ai mis du temps à résister à l’envie de consulter mes e-mails. À la place, je fais un cours en ligne avec les coachs Tracy Anderson ou Megan Roup. Ensuite, je médite pendant une quinzaine de minutes stores ouverts pour profiter des premiers rayons de soleil.
Et je visualise une routine de yoga Kundalini, un rituel que j’ai depuis mes 17 ans. Cette connexion corps-esprit m’aide à rester ancrée. Puis, je dépose les enfants à l’école. Si j’ai le temps, je cours sur un tapis et me fais plaisir en regardant une série sur Netflix. Mon mari (Evan Spiegel, fondateur de Snapchat, ndlr) déteste, c’est mon truc à moi. The Crown m’a appris tellement de choses sur l’histoire de l’Angleterre.
Comment gérez-vous le stress ?
Il est inévitable quand on est mère de trois garçons. J’essaie d’avoir une certaine forme d’indulgence envers moi-même, en m’accordant des petits plaisirs qui nourrissent aussi l’esprit. Le sport, qui libère des endorphines, m’est essentiel. Enfin, la gratitude, penser régulièrement à trois choses pour lesquelles je suis reconnaissante, m’aide beaucoup.
Suivez-vous un régime particulier ?
Je pense en termes de nutriments, pas de calories. Si j’ai envie de quelque chose, je ne m’en prive pas, il est important de se faire plaisir. J’adore les frites, le chocolat, mais 80 % du temps, j’essaie de faire des choix sains. Je regarde toujours ce qu’il y a de bon pour la santé dans un aliment. C’est aussi ce que j’apprends à mes enfants : préférer ce qui va leur apporter tonus et bien-être.
Êtes-vous adepte des compléments alimentaires ?
Je prends juste des probiotiques et NanoVM, qui me donne de l’énergie et m’aide à rester focus.
Quels sont vos meilleurs souvenirs de mannequinat ?
Mon premier shooting avec Steven Meisel pour le Vogue Italia était assez fou. J’étais mannequin depuis un moment, mais j’étais une fille dite « commerciale ». Et il a cru en moi ! Je suis aussi reconnaissante envers Nicolas Ghesquière, qui m’a fait défiler enceinte de six mois pour Balenciaga.
Nous travaillons toujours ensemble pour Louis Vuitton. Enfin, devenir le premier « ange » australien de Victoria’s Secret était un rêve. Je me souviens d’un shooting au Venezuela, les filles étaient toutes magnifiques. J’ai rencontré Adriana Lima et me suis dit : « Waouh, elle est incroyablement belle, qu’est-ce que je fais là ? » J’ai toujours eu conscience de ma chance. D’ailleurs, je ne pensais pas avoir une carrière aussi longue.
Que souhaitez-vous transmettre à vos trois fils ?
La gentillesse et la générosité qui m’ont été transmises par ma grand-mère. Et l’importance d’avoir une solide éthique de travail, comme me l’ont enseigné mes parents.
Où vous voyez-vous dans dix ans ?
Ma famille restera ma priorité. Mes amies en pâtissent, même si j’ai réussi à garder celles de la crèche ! J’espère être un jour grand-mère et devenir celle qui saura rassembler les siens autour d’elle. Comme le faisait la mienne, tellement cool et équilibrée.
Ses trois essentiels beauté
Turmeric Brightening & Efoliating Mask 2-in-1 de Kora Organics : il élimine les impuretés. La peau est plus claire, plus douce. Mon mari et moi l’utilisons quotidiennement sous la douche.
Baume à lèvres Kosasport LipFuel de Kosas : super hydratant et clean !
Correcteur Un Cover-Up de RSM Beauty : génial car très facile à appliquer, il uniformise parfaitement le teint tout en masquant subtilement les imperfections.
Ses conseils bien-être
L’aromathérapie est géniale pour nettoyer la tête et revigorer l’esprit. Mes huiles essentielles préférées : le bois de santal qui ancre, le basilic qui calme, le géranium anti-inflammatoire, la rose régénérante, la menthe poivrée tonifiante.
Les cristaux ont une multitude de pouvoirs. Mon favori ? Le quartz rose, qui fortifie le cœur et apaise. J’en porte toujours un sur moi. Je le serre dans la main quand je médite, mais aussi quand je me sens un peu débordée par une situation. J’aime aussi l’aigue-marine, très relaxante, l’améthyste, qui favorise l’endormissement si on la garde près de son lit et le quartz blanc, qui amplifie les énergies des autres pierres.
La santé passe par la cuisine. Deux ingrédients aux multiples bienfaits : le curcuma, antioxydant et anti-inflammatoire et le céleri, très alcalinisant et idéal au réveil pour stimuler le système digestif et donner de l’énergie. Je le consomme à jeun, en jus, avec un citron pressé.
J’ai un rituel « de paix » qui me fait beaucoup de bien : quand je me brosse les dents ou me nettoie le visage, je pense à quelqu’un qui m’a fait de la peine, volontairement ou involontairement, et je lui pardonne. Cela peut paraître un peu ésotérique, mais ça fonctionne pour un petit reset du cerveau.
Ses astuces anti-stress
Être à l’envers, littéralement, la tête en bas, en faisant un poirier, une chandelle ou tout simplement les pieds au mur pendant deux minutes permet de relâcher beaucoup de pression.
Prendre une douche froide vide la tête et revigore.
Investir dans une couverture sauna infrarouge. Très pratique, elle permet de transpirer n’importe quand et n’importe où. Elle chasse les toxines et stimule la circulation sanguine et lymphatique.
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