La flemme, nouveau code de la beauté

  • Être imparfaite, c’est bien aussi
  • Entre flemme et quête d’authenticité
  • Un retour à l’essentiel

« Bonjour, on s’appelle Camille et Clémentine, on a créé le baume Les Petits Prödiges qui peut remplacer 10 produits de votre salle de bain. Soin du corps, visage, cheveux, démaquillant et on en passe. On aurait pu faire 10 affiches pour chaque usage mais on n’a pas encore assez d’argent alors on a préféré faire comme notre baume : on a tout fait avec une seule affiche ».

Cette publicité, placardée en 4×3 sur les murs du métro parisien, montre plusieurs choses. D’abord, que ce duo d’entrepreneuses ne manque pas de créativité en termes de communication. Ensuite, que les nouvelles marques du secteur de la beauté ont parfaitement saisi nos envies d’essentiel.

Pourquoi cumuler les produits en tout genre quand un seul peut suffire pour assurer sur tous les fronts ? Pratiques et malins, les soins multiusages nous séduisent parce qu’ils répondent à nos attentes actuelles : ils diminuent notre impact sur la planète, allègent notre budget, désencombrent notre peau… et nous simplifient la vie à l’heure où avoir la flemme n’a plus rien d’inavouable.

Être imparfaite, c’est bien aussi 

Nettoyer, lotionner, hydrater, repulper, raffermir, maquiller, brushinguer… La simple lecture de cette liste vous fait soupirer d’avance ? C’est normal, la flemme s’est emparée de nos routines beauté.

« L’épidémie de Covid-19 a laissé des traces, explique Clarissa Scalisi, consultante beauté pour l’agence de conseil en tendance Peclers Paris. Le temps est passé, mais certains comportements sont restés, à commencer par une certaine forme de paresse à s’apprêter ». Avec la démocratisation du télétravail, assister à une réunion sans maquillage et coiffée d’un messy bun ne choque plus personne (fallait-il vraiment s’en offusquer avant, rien n’est moins sûr).

Récemment, le cheveu ébouriffé esprit « saut du lit » est même devenu une tendance à adopter. Plus besoin de sèche-cheveux, de lisseur ou de fer à boucler, il suffit de travailler quelques mèches du bout des doigts avec le premier produit venu (un baume multi usage, par exemple) pour arborer une chevelure froissée, façon Jenna Ortega et son chopped bob. Et plus il y a de mèches rebelles, mieux c’est, « comme si l’imperfection était devenue le nouveau code de la beauté », ajoute Clarissa Scalisi. 

Entre flemme et quête d’authenticité 

La flemme de la perfection ? « La perfection n’intéresse plus parce que plus personne n’est dupe, assure notre experte. Aujourd’hui, les consommateurs.trices sont averti.e.s. On sait comment le système fonctionne : on est lassé des influenceurs, des placements de produits, des milliers de tendances qui abondent sur les réseaux sociaux. Faire croire à une vie idéale, glorifier l’apparence… Ce n’est plus à l’ordre du jour parce que cela génère plus de mal-être que de bien-être. »

Et d’ajouter : « c’est une autre conséquence de la pandémie du Covid-19 : notre besoin de lenteur et de (ré)confort au quotidien s’est accentué. On a du mal à se remettre dans le rythme de la vie d’avant, parce qu’on a beaucoup réfléchi à toute cette frénésie et qu’il y a eu une vraie prise de conscience. »

Face à un monde qui tourne trop vite, assumer et revendiquer sa flemme peut aider à retrouver du sens. Cultiver sa flemme de faire comme tout le monde, de se ruer sur les derniers produits à la mode… dans un seul et unique but : consommer moins et mieux.

« On n’a plus la même énergie mais celle qui nous reste doit être utilisée à bon escient. On voit de plus en plus de consommateurs.trices se renseigner sérieusement sur la liste et la provenance des ingrédients de leurs produits de beauté, mais aussi sur les politiques sociales, environnementales et financières (notamment sur les coûts et les marges) des marques », indique Clarissa Scalisi.

Un retour à l’essentiel

Concrètement, cela se traduit au rayon beauté par des produits qui se recentrent sur l’essentiel. L’idée est de prendre soin de soi avec une routine beauté courte, qui ne laisse aucune place au superflu. Cela se joue au niveau des formules, avec des compositions transparentes et épurées, mais aussi au niveau des bénéfices. 

Les baumes multiusages sont un bel exemple de ce type de routine beauté allégée. Riches en cire et en huiles végétales, leurs vertus nourrissantes et protectrices sont aussi bénéfiques en soin visage nuit, qu’en soin SOS pour réconforter une peau de croco, requinquer des lèvres gercées, nourrir des pointes sèches ou assouplir les cuticules des ongles.

Chauffée au creux des mains, leur texture fondante se transforme aussi facilement en démaquillant. Et comme leur objectif est de nous faciliter la vie de A à Z, ils se glissent pour la plupart dans des petites boîtes en acier pratiques à transporter.

« En parallèle des produits multifonctions, cette quête de simplicité a aussi donné naissance à des produits universels, adaptés à toute la famille », ajoute Clarissa Scalisi. Des crèmes qui répondent aux besoins quotidiens de toutes les peaux, quel que soit l’âge ou les problématiques cutanées. Avec ce type de soins, l’approche cosmétique gagne en bienveillance : il ne s’agit plus de corriger tel ou tel défaut mais plutôt de prendre soin de sa peau avec respect et plaisir, grâce à des formules basiques et des textures agréables à utiliser. 

L’essentiel est là, mais rien n’empêche d’en faire un peu plus en utilisant des soins spécifiques selon les besoins de son épiderme à l’instant T et, bien sûr…  de son niveau de flemme.

Source: Lire L’Article Complet