Contre les injections illégales, 200 médecins demandent l’interdiction de la vente en accès libre d’acide hyaluronique
Alors que les pratiques illégales de la médecine esthétique prolifèrent avec leur lot de complications, les médecins décident de tirer la sonnette d’alarme. Pour faire face à ce phénomène inquiétant, 200 médecins publient une tribune ce mercredi 29 mars 2023, dans Le Parisien sous la signature du Syndicat national de chirurgie plastique reconstructrice et esthétique (SNCPRE).
L’objectif ? Faire stopper la vente libre d’acide hyaluronique, un produit de comblement utilisé notamment pour donner du volume aux lèvres.
Un barrage aux « faux injecteurs »
« Depuis trois ans, nous constatons la croissance alarmante d’injections illégales au travers de complications, parfois gravissimes, que nous prenons en charge dans nos cabinets de chirurgie plastique et aux urgences des services hospitaliers », déplorent les médecins. « Actuellement, des centaines d’injecteurs, non-médecins, pratiquent des actes illégaux sur la population, en particulier la plus jeune et la plus vulnérable, à grand renfort de publicité sur les réseaux sociaux. »
Le problème principal selon eux : la vente en accès libre d’acide hyaluronique. Ils dénoncent la facilité pour les injecteurs non habilités à se procurer ce produit en pharmacie ou chez des distributeurs en ligne.
Un accès qui permet la pratique d’injections illégales sur eux-mêmes ou sur d’autres patient.e.s. « Devant la gravité de cette pratique illégale, nous, chirurgiens plasticiens, demandons que la vente d’acide hyaluronique et des autres produits de comblement injectables soit contrôlée, et que leur délivrance ne soit faite qu’aux médecins habilités à la pratique de ces actes », ajoutent-ils.
Un constat préoccupant que dénonçait en février dernier l’émission Envoyée spécial sur France 2. Grâce à une caméra embarquée, on découvre des pratiques douteuses menées par des « esthéticiennes » proposant des injections sauvages à des prix réduits. Pourtant, elles n’ont ni formation ni compétences, et encore moins le droit de pratiquer ces injections.
Une pratique illégale qui engendre des complications délétères
Ces pratiques mettent la santé des client.e.s en danger. « Ces injections illégales sont pourvoyeuses de complications souvent irréversibles. Dans certains cas, elles ont pu conduire à des septicémies, des gangrènes et des hospitalisations en réanimation, engageant le pronostic vital de jeunes patients. Jamais de telles complications n’avaient été recensées en France en quarante ans de pratique », dénonce le syndicat.
Depuis le début de l’année 2022, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) fait état « d’une quarantaine de déclarations d’effets indésirables suite à des injections (…) réalisées par des personnes non autorisées ».
L’ANSM indique également que « ces effets indésirables, pouvant aller jusqu’à des infections graves ou des nécroses de la peau, sont majoritairement liés à des pratiques non conformes, telles qu’un non-respect des conditions d’hygiène ou une injection mal réalisée ».
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